Polaroid, Lord Esperanza en mode panoramique

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Date de Sortie : 27 Octobre 2017

Modulor

Featurings : Jill Romy, Shaby, Roméo Elvis, Nelick, Ainaka

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« Tendre a plus grand que le rap », Lord Esperanza déclarait dans une interview accordée au Mouv, vouloir élargir son horizon musical. Lors de la sortie de son premier EP«  Drapeau Moir », en Mars 2017, l’objectif affiché était de « délaisser la technique pour parler de choses plus profondes ». Mais le Lord a faim, et sa jeunesse le pousse a de grandes ambitions. L’élève, à peine gratifié pour sa maîtrise de la rime, s’attaque désormais à la musicalité dans Polaroïd, son dernier projet. Entre trap déchainée et soul rap, le rappeur use de sa plume, celle d’un ex étudiant à la tradition familiale artistique affirmée, pour capturer sa vision de la musique.

On vous en avait déjà un peu parlé, le jeune Esperanza a baigné dès le plus jeune âge dans une culture musicale et littéraire assez dense, donnant à sa plume toute sa technique, et son insolence. Déjà ambitieux sur son précédent projet et fort de son succès aux travers de ses clips et de ses apparitions en featuring toujours très remarquées, Oh Lord défait ses liens et enfile l’armure. Son premier album est riche, fourni et sans concessions. Faire un 16 titre pour un premier album, s’amuser à réinventer le rap et ses sonorités ou tout simplement se laisser aller à cracher le feu a plein poumons, le rappeur s’autorise presque tout. Il laisse transparaître plus d’émotions tout en conservant du sens et de l’engagement dans ses paroles.

En cantonnant la pure expression de sa technique dans certains titres, il se libère de la performance pour en venir à l’art et l’expérience. C’est là qu’intervient son bagage culturel. Lord Esperanza s’essaye à de nouvelles sonorités le temps d’un album. Un peu comme un photographe qui voudrait saisir l’instant, Polaroid capture une scène sur laquelle Lord Esperanza, une danseuse de tango et un guitariste rock se joignent pour un unique cliché. L’artiste se balade d’ambiances en ambiances, aux sonorités latines, soul, et naturellement trap, voire parfois rock. C’est là où Lord innove, alliant multi-syllabiques et musiques dansantes, en particulier aux coté de Shaby sur le très surprenant  « Maria ».. Reste à savoir si un album aussi large pourra séduire le plus grand nombre.

Polaroïd, tout comme Drapeau Noir, est un projet éclectique et musical. Mais poussé sur 16 titres, le concept perd de son efficacité. A force d’étaler sa palette de couleurs, le risque est que seul un flou artistique subsiste. On retiendra plus facilement quelques sons que l’album dans sa globalité, bien que celui-ci soit particulièrement riche et inspiré. Un projet qui s’écoute morceau par morceau,  presque genre par genre aux grès des influences.

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Antoine
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