L’année continue de défiler à toute vitesse, et sans même l’avoir vu passer, il est presque déjà l’heure de faire le bilan des 12 mois écoulés. Avant de devoir trancher en décembre prochain, sur les albums, les personnages qui nous ont le plus marqué en 2017, ReapHit s’accorde comme tous les mois un rapide retour sur les trente derniers jours. Albums et clips en pagaille, retours attendus dans tous les styles, anniversaires, voici votre désormais rendez-vous obligatoire de fin de mois, avec le meilleur de ce que l’on n’a pas ou peu traité dans nos colonnes.
LES NEWS
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JUL Saint Jean (et) les médias Un excès de vitesse, de la fumette, une barrette et un passager calibré, le rappeur passe la nuit au poste. Rien de dramatique, une connerie qui aurait pu rester anecdotique. Mais les chiens de garde n’ont que peu de dignité, il n’a pas même eu le temps de remettre ses lacets. Pas le temps d’attendre qu’il finisse ses 24h de GAV, l’information doit être rapide. Il faut parler, même de ce que l’on ne connait pas.
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Aketo écrit sa biographie
Aketo ouvre un blog et y écrit, post par post, sa biographie. De la découverte du tag à la lecture de l’Affiche ou Get Busy, en passant par les traditionnelles descentes sur Chatelet et Tikaret, avec une écriture parlée, Aketo réussit à extraire des souvenirs et des images dans lesquels toute une génération est susceptible de se reconnaître. Lire le blog.
Soprano remplit le Vélodrome
Tranquille et détendu, Soprano s’offre un concert au Vélodrome et devient derrière Johnny Halliday le deuxième artiste à réussir à le remplir. Pour rajouter un peu de WTF à tout ça, le tout est retranscrit à la télé. Qu’on ait arrêté de l’écouter depuis plus d’une décennie ne doit pas rentrer en ligne de compte, bravo. Voir les photos
Eminem et son freestyle anti Trump Incompréhensible. Eminem a lâché un freestyle aux doux relents de slam lors des BET HipHop Awards. Quelques rimes contre Donals Trump sans réelle subversion et le voila désigné par la presse comme le nouveau chef de file d’une Amérique anti Trump, encensé par une armée de fanatiques entièrement dédiée au rappeur de Detroit. Voir le freestyle.
LES PROJETS
LIL PUMP – Lil Pump
« J’ai percé plus vite que l’hymen d’une 2000 » chantait Lord Esperanza dans Freestyle Fluck. Au delà de l’extrême vulgarité de la punchline du jeune rappeur, c’est tout un tas de préjugés autour d’une génération qu’il véhicule. Les jeunes nés au 21ème siècle seraient versatiles, volages et tournés vers l’artifice, et ce n’est pas Lil Pump qui nous démontrera l’absurdité de ce stéréotype. Le jeune 2000 a grandi en même temps que la trap et la musique « prête a consommer » que les sites de streaming véhiculent. Il en maîtrise d’autant mieux les codes. Or on le sait tous, la musique est le reflet d’une société et d’une époque. Flow saccadé, rimes percutantes et paroles au format Twitter, le rappeur défraie la chronique autant sur Soundclound où il fait sensation, que sur les réseaux. A peine âgé de 17 ans, il évoque sans détours la prise de drogue dure ou sa bisexualité qu’il illustre au travers d’une vidéo particulièrement explicite. Violent dans sa musique comme dans son usage des réseaux sociaux, Lil Pump se presse d’ajouter toutes sortes de lignes sur son CV alors que sa carrière vient de débuter. Mais au delà de la controverse, l’artiste frappe fort, classé numéro 2 au top Billboard hip-hop dès la sortie de son premier projet le 6 octobre dernier, et prouve qu’on peut transformer un éphémère succès Soundcloud en véritable coup d’éclat commercial. Antoine
VII – Les Matins sous la Lune
Après avoir fait l’éloge de l’ombre, VII ôte le masque de Nô, s’offre le luxe de voir la lumière des Matins Sous La Lune percer depuis les hauteurs du temple de Chichen Itza. Un album qui contemple le passé avec un brin de nostalgie scratchée, avant de trouver l’illumination dans l’espace stellaire et son immensité. La verve politique du basque ne l’a pas quitté et le temps d’un track, il prend les armes aux côtés des Kurdes pour affronter Daesh. Le point d’orgue de cet album est la tant attendue éclipse qui se produit lorsque VII et Fayçal, la lune et le soleil, se rencontrent pour invoquer ce phénomène salutaire, Né De La Dernière Pluie. Théo
WU-TANG – The Saga Continues
Qui écoute encore le Wu en 2017 ? Et bien nous ! Par curiosité malsaine ? Sans doute un peu. Par nostalgie déplacée ? Assurément. Toujours est-il que nous nous sommes, dans un élan de joyeux masochiste, imposés de plonger une nouvelle fois dans les méandres du Clan. Et si nous n’osons l’avouer qu’à demi mot, pour une fois, grand bien nous en a pris. En guise de huitième album, le Wu et ses affiliés nous livrent une compilation d’ores et déjà qualifié de « chef d’oeuvre » par RZA. Si la tendance à l’exagération du beatmaker n’est plus à prouver, il faut reconnaître que The Saga Continues nous offre de belles collaboration et une foule de bons moments. Un retour vraiment pas si dégueu. Utilisant la même recette depuis des décennies, le groupe continue de surfer sur son héritage sans chercher aucunement l’originalité. Ce que veulent les fans. Florian
KALASH – Mwaka Moon
Depuis sa signature sur 92i, aidé si besoin est par la machine de guerre médiatique Booba, la réputation du rappeur martiniquais ne cesse de prendre de l’ampleur au point de devoir répondre avec Mwaka Moon, son quatrième solo, à l’une des plus grosses attentes de l’année. Et clairement, c’est un succès. Toute la réussite de l’album tient en la capacité qu’a Kalash à jouer sur plusieurs tableaux. Reprenant la recette du succès de Kaos, son précédent opus, ne boudant pas ses appétences dancehall et l’esprit de ses premiers faits d’armes, le martiniquais n’en oublie pas de kicker salement quelques titres trap. Tout en contraste, sombre et lumineux, comme le sous-entend la pochette du projet. Le mélange se fait également ressortir dans les langues choisies, allant du français à l’anglais en passant par le créole. Un album polyglotte et polymorphe, qui a le mérite et l’intelligence de réunir et satisfaire ses deux fanbases distinctes. Florian
BELLY – Mumble Rap
Plus de 10 ans après ses premiers émois musicaux, Belly, le rappeur canadien d’origine palestinienne a sorti Mumble Rap. Un projet au titre volontairement réducteur et déroutant dont le but avoué n’est autre que décourager les auditeurs bornés. D’emblée, Belly rime avec ouverture d’esprit, et l’artiste, encore confidentiel, se mérite. Pourtant Belly impressionne. Par sa maîtrise et par ses prises de risques. Surtout pas mumble, pas vraiment trap, l’album produit par Boi-1da se veut sombre et déclame un ton sinistre sur des beats énergiques. Une ambivalence qui fait toute la différence, et permet au canadien de livrer un projet de onze titres cohérents sur lesquels on ne peut s’empêcher de revenir souvent. Ne reste à Belly qu’à obtenir la consécration qu’il mérite. Florian
FOCUS SUR :
KLUB DES LOOSERS – Le Chat et Autres Histoires
C’est avant tout le Fuzati musicien que l’on retrouve. Au fil des années, ce qui n’était pour Romain qu’une conséquence de sa qualité de MC, est devenu prédominant. Le fin digger qui ne faisait des beats que pour mieux poser dessus s’est peu à peu mué en compositeur reconnu, développant une musicalité unique et une patte reconnaissable entre mille.
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ORELSAN – La Fête est Finie
Ces récents succès en tant que réalisateur et acteur ont prouvé que derrière l’éternel adolescent inadapté au monde qui l’entoure, il y a un véritable artiste, à la palette de talents complète. Orelsan glisse ici lentement vers de plus hautes aspirations que simple rappeur trash. Quitte à perdre un peu de lui-même, pour le meilleur et pour le pire.
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DJANGO – Anthracite
Le talent de Django est indéniable, et les bons sentiments et la passion qui l’animent ne sauraient être remis en cause. Cependant, entre le kiffeur de rap et l’artiste médiatique, toutes les étapes chez Django n’ont pas été franchies. Et comme l’évoquait Deen Burbigo, ses influences, aussi bonnes soient-elles, n’ont pas encore été totalement digérées.
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LORD ESPERANZA – Polaroïd
On vous en avait déjà un peu parlé, le jeune Esperanza a baigné dès le plus jeune âge dans une culture musicale et littéraire assez dense, donnant à sa plume toute sa technique, et son insolence. Déjà ambitieux sur son précédent projet et fort de son succès aux travers de ses clips et de ses apparitions en featuring toujours très remarquées, Oh Lord défait ses liens et enfile l’armure. /span>
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JOORDEED€€-A-VELLI
Jorrdee est une énigme, le plus joli des points d’interrogation de cette rap musique française. La drogue doit beaucoup compter dans sa vie et influe donc très certainement ses comportements, mais ne ménage finalement en rien sa productivité. Dyjor distribue avec perte et fracas les morceaux de son esprit embrumé
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SNEAZZY – DBSS III
DBSSIII sort un plus d’un an après le tout premier épisode « Amaru » et une fois de plus, l’artiste montre qu’il sait s’entourer, avec 6 featurings et un solo de Hankock. Cette troisième saison reprend les mêmes ingrédients que les deux premières, des instrus innovantes, des flow travaillés et des punchlines en grande quantité.
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WELSH RECORDZ – Polaroïd #3
Retour en 2014, les Welsh Recordz annonce une série d’EP Polaroïd avec un objectif assumé : sortir un projet par mois. Retranscrire une collaboration, créer un son, et figer au gré des rencontres un instantané dans un deux titres. Mais dans le Welsh Lab tout ne s’est pas passé comme prévu, et trois ans plus tard, c’est seulement le troisième opus.
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ZUUKOU MAYZIE – Finder
Après le clip très aérien de « Autour de moi », Zuukou Mayzie nous lâche le projet qui réchauffe ce début de semaine. Le farceur de la secte, le plus loustic de tous, est de retour après Disneyland et dans la suite logique de ses pérégrinations passées. D’abord douceur, « Tinder » et Kinder, il est désormais Finder, et toujours bourreau de(s) cœur(s).
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HAMZA – 1994
Si 1994 n’est pas un album mais une mixtape, c’est qu’Hamza a souhaité en finir avec le passé, l’écrire et le chanter pour mieux en tirer un trait. Celui qui ouvre son projet en avouant « J’faisais partie d’ces gens affamés juste avant qu’je graille », construit sur 14 titres l’évidence, si il est Just Woke Up (comme son nouveau label) c’est pour instaurer sa Vibe. Une atmosphère très r&b qui nous transporte sur les plages de Malibu, short rouge taillé serré et pectoraux gonflés. Mais au détour d’une ligne de basse puissante, on se retrouve dans l’effervescence du club, entre drogue dure et douce compagnie. Il a fallu attendre le dernier morceau, celui de la naissance, pour qu’Hamza se livre, 1994 c’est la fin d’un petit homme, le début d’un grand dieu. Sauce God Caliente, ton coach personnel.
Théo
GUCCI MANE – Mr. Davis
Depuis sa libération, Gucci est partout et enchaîne les projets : ligne de vêtements, collaboration avec Reebok, autobiographie et même scénario de film. Musicalement aussi, il marche sur l’eau et n’a cessé depuis quelques mois de nous ensevelir sous une avalanche de hits et de bangers avec une redoutable efficacité. Sur Mr Davis, son 11ème album studio sorti le 13 octobre dernier sur GUWOP Enterprises, le rappeur continue de multiplier les collaborations jusqu’à créer un véritable « who’s who ? » du rap game à la guestlist incroyable. Plus introspectif que ses prédécesseurs, Mr. Davis nous fait pour la première fois entrevoir Radric Davis derrière le Gucci Mane et comme une litanie, ses proches disparus et ses fils spirituels partis trop tôt reviennent sans cesse au fil des morceaux. Un Gucci au sommet de son art Hugo
MEYHEM LAUREN & DJ MUGGS – Gems from the equinox
Quand l’un des derniers représentants du rap grimey du Queens connecte avec le légendaire producteur de Cypress Hill, il fait peu dire que cela nous interpelle. Un projet prévu de longue date puisque les deux hommes se rencontrent lors d’une session studio enfumée dans laquelle ils se retrouvent être les deux derniers survivants… Au menu, 13 titres, avec la crème de la côte est en featurings, de Roc Marciano à Benny en passant par Bronson et Exquire ! DJ Muggs livre une partition enfumée, flirtant avec le rock psyché sur des beats ultra compressés. Mehyem, bien aidé par l’émulation qui enserre tout le projet, envoie lui, quelques couplets d’anthologie. On a pas trouvé mieux pour aborder l’hiver. Nadsat
NBA YOUNGBOY – Ain’t too Long
Troisième projet de l’année pour le jeune rappeur de Baton Rouge ! On y retrouve les mêmes tiraillements que chez ses voisins, Boosie et Kevin Gates, d’ailleurs présents sur sa précédente mixtape. Ceux qui apprécient cette vibe émo-thug propre à certains rappeurs du coin devraient apprécier. Ceux qui sont déjà familiers de la musique du gamin s’y retrouveront forcément, car à l’instar de Kodak Black, l’évolution de NBA Youngboy devient de plus en plus intéressante, les deux artistes partageant ce triste trait : celui d’être devenu adulte trop tôt. Il est maintenant temps pour eux de se servir du rap pour décanter tout cela… Nadsat
KELELA – Take Me Apart
Après plusieurs mixtapes au succès d’estime non négligeable, Kelela nous livre Take me Apart son premier album solo. Dans un univers typiquement anglo-saxon, la chanteuse y tisse un r&b alternatif où s’entremêlent des influences nineties très marquées et des productions enivrantes et arythmiques, plus complexes et aventureuses. Techniquement étonnant, Take Me Apart nous fait découvrir la nouvelle dimension d’une galaxie pop décomplexé et défriche un territoire futuriste et inexploité où r&b, electro, dance et pop partouzent au rythme d’un synthé dopé. Derrière la technique musicale et l’impressionnante maturité vocale de Kelela, Take Me Apart est un hymne à la sensualité et aux effleurements des corps. Dix titres, durant lesquels Kelela nous envoûtera jusqu’à nous laisser las, avant le nouveau para, avant le prochain amant. Florian
LES CLIPS DU MOIS
LES ANNIVERSAIRES
Il y a 20 ans
KHEOPS – Sad Hill (14 Novembre 1997)
Un album entier de rap français articulé autour d’un film ? En 1997, le concept est inédit. Grand fan de Sergio Leone et de sa trilogie du Dollar, Kheops se mue en grand orchestrateur de ce projet et réunit la fine fleur rapologique de l’époque. Deux volumes homogènes de 45 minutes sur lesquels cohabitent tubes radio et morceaux plus incisifs dont la plupart sont véritablement devenus mythiques. Facile d’accès, tout aussi léger que profond, Sad Hill fait partie des grandes compilations rap que seules les années 90 ont su nous offrir. Florian
Il y a 15 ans
DON CHOA – Vapeurs Toxiques. (25 Novembre 2002) Après le Rat et Sat, c’est en 2002 au tour de Don Choa de partir à la conquête des charts avec un premier album solo. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le Don ne s’est pas pris au sérieux à l’écriture de ce projet. Flows, textes, thèmes, ça part dans tous les sens, flow vif et titres tripants, c’est drôle, violent, et très bien orchestré par Pone qui signe la quasi intégralité des productions. Le petit gars sans gène réussit avec Vapeurs Toxiques à emmener les plus coincés amateurs de rap dans ses délires, et nous livre un album à ranger très près de nos classiques d’ado. Florian
Il y a 10 ans
LES ZAKARIENS – Avenir en Suspens (05 Novembre 2007) Qu’il fait bon, dix ans plus tard au gré d’une playlist aléatoire, retomber sur « Avenir en Suspens ». Après une série de quatre maxis sortis en 2005, Saké et Wira sortent enfin leur premier album. Le groupe n’y survivra pas, puisqu’il se séparera durant la même année. Pourtant, cet album est une véritable réussite. La puissance du duo, couplée à de très bons thèmes et la fine plume qu’on leur connait, fait mouche et marque une génération entière d’auditeurs. Florian
Il y a 5 ans
HUGO TSR – Fenêtre êsur Rue (5 Décembre 2012) Il y a cinq ans, après le plus que classique Flaque de Samples, le MC le plus scred du XVIIIème sortait son deuxième solo. Toujours sans strass ni paillettes, Hugo reste lui même et maintient le cap. Avec toujours la même recette, Hugo joue les guides touristiques et nous emmène sur les trottoirs crades de Max Dormoy. Comportant quelques prises de risques pas toujours maîtrisées, la plume d’Hugo s’affine sur des instrumentales d’une qualité rare. Florian
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