2017, c’est aussi l’éclosion de Hyacinthe. Le jeune rappeur parisien a enfin étalé son talent à la face d’un public plus important cette année avec « Sarah », son premier véritable album. La torture ne disparaît pas avec le temps, elle change juste d’époque, et la dépression post-adolescente des précédents opus se transforme en mélancolie d’adulte, moins en surface, plus profonde. Et cela se traduit dans son interprétation : les syllabes s’appuient et se rallongent, la voix sort de son coffre et se libère comme s’il avait retrouvé la clé, juste pendue à son cou. Les choix instrumentaux de ce disque renforcent ce constat, les mélodies synthétiques s’effaçant pour laisser place à l’interprétation, revenant de plus belle par nappes électroniques s’abattant sur un auditeur parfois surpris par ces envolées vocales et musicales, du chant lyrique aux passages « gabber ». Le contenu lyrical ne dénote pas avec le reste, difficile de trouver de la joie dans ce disque, même si l’hypersensibilité est difficile à traduire et à analyser. Toujours très personnel dans l’écriture, Hyacinthe aborde ces thèmes qui ne peuvent que toucher les jeunes adultes que nous sommes encore ou que l’on devient, comme l’amour et ses difficultés, la famille que l’on ne choisit jamais, la crainte des heures qui passent… Dans ce tourbillon musical, il n’y a qu’un seul signe écrit dans la buée générée par ce souffle chaud venant du plus profond, sur une fenêtre opaque, mais entrouverte en direction d’un océan dans lequel nous nous sommes tous noyés. Un océan qui prendra le prénom que vous voulez.
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