Avec « Big Fish Theory », Vince Staples livre une véritable expérimentation à la croisée du rap, de l’electro et de la bass music, laquelle se dérobe à toute catégorisation définitive. Une grosse prise de risque donc, et un pari clairement réussi. Ce deuxième album solo du rappeur de Long Beach est pétri d’un ping-pong d’influences, à travers les productions de Sekoff et Sophie (principaux producteurs de l’album) et les interventions de Flume ou Justin Vernon de Bon Iver (sur l’intro). Dans ce palais des glaces sonore, Vince Staples a également invité Juicy J (sur l’entraînant « Big Fish »), Kendrick Lamar et Kucka (sur « Yeah Right » signé Flume, peut-être le meilleur morceau de l’opus) et ASAP Rocky sur « Samo ». Les instrus sont variées, le plus souvent efficaces et énergiques (« Bagbak » et « 745 »), et le thème de la condition des Noirs aux Etats-Unis toujours très présent. L’intro « Crabs In A Bucket » sur les dessous peu glorieux de l’industrie de la musique évoque d’ailleurs celle de la série The Corner, qui avait été réalisée dans le sillage de The Wire. Toutes proportions gardées, Vince Staples vient peut-être de livrer le « Yeezus » de sa jeune carrière, tant l’ensemble du projet est innovant et maîtrisé de bout en bout.
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