$uicideboy$ : gris éternel, phonk & bayou

Les habitués au son crado et satanique de la Nouvelle-Orléans se ruent à chaque sortie $uicideboy$, pour les autres, ces gars bizarres aux cheveux gras, plus métalleux que rappeurs, apparaissent comme des curiosités du macrocosme rap. Et ça tombe bien, c’est totalement le cas. Une passion lugubre pour le Memphis des nineties, la Three Six Mafia, les diablotins, les drogues et ses descentes compliquées, une imagerie trap-métal-aliens-théories du complot, choisissez l’ordre, des beats cloud, gothiques, et fleur bleue à la fois, les mecs sont quasi-inclassables.

Avec pas moins d’une trentaine de projets sur leur bandcamp, Oddy Nuff et $crim produisent, créent à tout va, comme pour tenter de faire sortir les démons bien trop nombreux pour leurs enveloppes charnelles. Le dernier projet en date, sorti début septembre, s’intitule Eternal Grey. Véritable autoroute menant à l’enfer, cet album 14 titres navigue entre ambiances fantomatiques et percussions trap, ténèbres et sang qui coule, opiacés, culture geek et codéine. Un savant mélange qui inspire toute une scène floridienne, et qui se répand peu à peu, comme une mauvaise grippe. Un disque ultraviolet, à siroter dans un bon Sprite au crépuscule.