Le retour d’Orelsan : faire du neuf avec du vieux ?

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Vous l’aurez surement remarqué, Orelsan le rappeur que même mère-grand connait – grâce ou à cause des procès que les défenseurs des droits des femmes et les récupérateurs politiques et médiatiques lui ont intentés – est de retour avec un clip surprise. « Basique » annonce l’arrivée le 20 octobre prochain de l’album que l’artiste a longuement couvé entre deux long-métrages. Alors faut-il écouter du Orelsan en 2017 ? Quelques éléments de réponse ici.

Pas de communication pour ce clip fraîchement dévoilé – et c’est normal car le clip en lui-même communique à propos de la date de sortie du nouvel album de l’artiste – mais beaucoup de mise en scène. On y voit, du haut d’un pont (lequel ?), un Orelsan revanchard, sûr de lui et provoquant, traversant une haie d’honneur muette et passive, le tout en un seul plan travelling superbement filmé par drone. L’envie du rappeur de faire un retour fracassant tel le messie de retour au pays, toisant la foule, crève l’écran : « j’vais faire une vidéo simple ou j’vais dire des trucs simples, parce que vous êtes trop cons« . S’en suit une série de remarques sur les torts et les injustices de la société balancées avec ce flow si caractéristique.

Un Orelsan remonté a block pour son retour, mais aussi un personnage caricatural qui reprend le dédain de certaines élites pour dénoncer l’aveuglement du peuple « les français sont des veaux / vous êtes trop cons ». Ceux qui suivent Orelsan d’un peu plus proche que Laurent Ruquier ou Yann Moix le savent, derrière le flegme et la nonchalance apparente de l’artiste se cache un personnage travaillé et singulier. Les scandales médiatiques et les sons provocants ne sont qu’une partie du répertoire du rappeur, tout comme les chansons faciles et accessibles. A coté d’un « Sale Pute » peut se cacher un « Suicide Social ». Un « La terre est ronde » masque un « Jimmy Punchline ». De quoi raviver l’éternelle animosité entre les puristes du rap et les auditeurs occasionnels.

Pour son retour, Orelsan a visiblement choisi un morceau forgé dans le même moule que « Plus rien ne m’étonne » ou « Perdu d’avance ». De quoi rendre nostalgique l’auditoire de ce rap accessible et désabusé. Une pincette de trash avec beaucoup de sucre et de crème pour un son pas franchement alertant, mais pas non plus dénué de sens. Un éternel adolescent incapable de comprendre le monde qui l’entoure mais qui ne s’en détache pas. Orelsan fait dans la description, dans la critique légère et naïve du système sans chercher à s’en défaire. Orelsan fait du Orelsan, un brin plus insolent, le bougre. Ceux qui trouvent que dans ce genre de morceaux l’artiste enfonce des portes ouvertes resteront surement sur le palier. Ceux qui s’attendaient à une instru plus moderne, originale, rythmée ou sérieuse sont prévenus, Skread a encore balancé cette merde rétro-futuriste. Le son reprend les ingrédients qui ont fait qu’Orelsan est devenu un rappeur mainstream. Basiquement.

Faire du neuf avec du vieux, la recette infaible ? Rien n’est moins sur. Le titre « Basique » ne reflète surement pas la totalité du projet annoncé. Mais une chose est certaine : Orelsan est de retour, inchangé, pour le meilleur et pour le pire.

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Antoine
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