Reta : un dur, un vrai, un tatoué

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Né avec une hermine au coin de l’œil, enfanté par une rock star une nuit de 1991, baptisé dans une flaque rue St Michel, Reta est le fruit des entrailles du 3.5, le jeune python des rues du vieux Rennes.

De la paire de ski à la paire de sneakers, de la montagne au macadam, de la neige à la scène, Reta possède l’acrobatique dans le sang. Le père était skieur, le fils sera danseur. De ses premiers pas à 6 ans aux RedBull Beat It de Paris, le breaker a battlé par monts et par vaux. Une histoire qui s’écrit sur des rythmes de breakdance et qui recouvre son corps. Charbon sous la peau, le taré développe son imagerie propre et assume ce côté rock qui le rend si hip-hop. Petit à petit, les planches de la scène de danse laissent place à celles des open-mics, le studio prend la place de la piste et les acrobaties deviennent lyricales lorsqu’il se fait rattraper par le rap.

Usant de son imagerie singulière, il se créé un univers futuriste et endosse le costume de Korben Dallas pour fumer un 5ème élément. Le premier missile se veut prophétique, Reta active l’Ouverture des Vannes, sort des Bas-Fonds rennais, délivre ses Prédictions pour 2050. Arpentant les rues sombres, hantant l’hiver, n’espérant plus l’été, il ride la feu capitale du rock au volant de sa Cracks Mobile, à bord ses Stoners le guident vers FlowStone Paradise pendant que sur le trottoir, ça regarde d’un œil vitreux. L’enfer rattrape ses acolytes, alcooliques dévorés par la rue de la soif. Dans son taxi volé, il roule vers l’aube, Opère Solo et tend vers les Hautes Sphères perdues dans un nuage de fumée vert. Au détour d’une place, sous les pans de bois des maisons penchantes il croise Leeloo, embrasse le 5ème élément, donne un coup de volant et se repend de sa vie de Psyko.

Un premier projet qui dresse l’univers particulier de Reta, un succès en demi-teinte qui a le mérite de poser une base solide. Les prédictions ne deviennent prophétiques que si l’on les écoute, restent les paroles d’un homme aviné si l’on n’y accorde aucun crédit. Le rennais est intrusif, parfois dérangeant, son imagerie rétinienne impose le souvenir. Désabusé, il se pose en grand rêveur, taffe un rap prometteur. Tiraillé entre auto-tune planant et rap de boucher, track saignant, la rockstar distille ses clips et fait de son corps sa marque de fabrique Jusqu’à l’Extrême, quitte à en chopper des Souffles Au Cœur.

La légende de la capitale des saoûlards bretons n’est plus à refaire, alors Reta vient la chanter. Avec « 35 », il offre à Rennes son hymne hip-hop, prouve qu’il peut rapper même quand il a bu 30 pintes. Un morceau aux relents d’urine de la rue St Michel, à la couleur d’une gerbe fleurissant sur le Parlement de Bretagne, aussi poétique qu’une capote sur les quais de la Vilaine qui ferait jumper la Place des Lices un jeudi soir. Reta RockStar frôle l’overdose, effleure le Nirvana, met Rennes sur la carte du rap, c’est le 3.5 triple zéro, le va-t’en guerre s’envole, gros bédo au bout des lèvres.

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Théo

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