Les rappeurs et le Grunge

In 2017 : Focus 2 by Florian ReapHitLeave a Comment

15 novembre 2017, Tucson Arizona, Lil Peep succombe d’une overdose médicamenteuse. Fentanyl et Xanax étaient les seules échappatoires que le jeune Gustav avait trouvés pour planer au dessus de sa tristesse et de son état dépressif. Comme souvent, il aura fallu voir le pire pour se pencher sur un sujet dont la réalité et la généralité effraient : mariage entre rap et dépression n’a jamais été aussi fort. Il suffit de lire les mots d’XXXtentacion sur la cover de son album 17 pour s’en rendre compte : « Ma santé m’a quitté quand j’avais 17 ans. Mon cœur s’est brisé au-delà de la réparation quand j’avais 17 ans. J’ai réalisé que la douleur est et sera toujours un cycle quand j’avais 17 ans ». Frustration, désillusion, dépression marquent au fer rouge la philosophie de beaucoup de rappeurs aujourd’hui, comme l’était celle de la scène de Seattle au début des années 1990, avec des groupes comme Mudhoney, Nirvana et Pearl Jam.

L’influence du grunge est omniprésente et se ressent à plusieurs niveaux. D’abord, des types comme Ghostmane, Danny Brown, Pouya, Meechy Darko, $uicideBoy$, ou Peep expriment leur malaise, font part de leurs addictions, de leur pessimisme face à l’avenir et parlent régulièrement de leur volonté d’en finir. Si les thèmes abordés sont similaires, l’imagerie renvoyée présente, elle aussi, des ressemblances. Cheveux longs, gras, décoiffés, souvent colorés (Lil Peep, Lil Yachty, XXXtentacion, Lil Uzi Vert, Famous Dex pour ne citer qu’eux), comme Kurt Cobain à ses débuts. Le style est parfois négligé, voire crasseux, avec des sapes sales et déchirées comme Gnarles Manson, dont le mentor n’est autre que ce bon vieux GG Allin. Musicalement, on retrouve les mêmes sons bruts et saturés du punk et du heavy metal, avec des groupes comme Death Grips, Ho99o9, Kate Mo$$ ou Bones, qui aime alterner hurlements et susurrements dans ses tracks. Evidemment, avec un tel univers musical, les live sont démoniaques et les fans n’hésitent pas à se dégueulasser dans de violents moshpits et walls of death parfois proches de la baston générale bien nineties, bien grunge.

Florian ReapHit

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