En 2016 et 2017, les rapports entre rap français et cinéma se sont multipliés. D’abord, il y a eu ce tandem inattendu entre Sadek et Gérard Depardieu avec « Tour de France », qui a mené à cette séquence un peu gênante dans laquelle notre Gérard national se met au rap. Nekfeu a également fait ses premiers pas pour jouer avec une autre légende du cinéma français, Catherine Deneuve, dans un rôle quelque peu dissonant par rapport à sa réelle image publique. Enfin, Gringe a de nouveau donné la réplique, hors de l’univers Casseurs Flowteurs cette fois, puisque Olivier Marchal, le réalisateur de polars le plus en vue de France l’a choisi pour évoluer aux côtés de Benoît Magimel et de Michael Youn dans le film « Carbone ». Au programme de la BO : le Suicide Social de Orelsan, et même On pense tous Monnaie Monnaie de la Scred Connexion, qui vient rythmer une longue séquence musicale. Plus surprenant encore, Plus que toutes les putes de Orties dans l’excellent « Grave », sorti en salles cette année.
Il faut reconnaître que l’on voit beaucoup plus de rappeurs français au cinéma, et que quelques réalisateurs se permettent maintenant d’user de morceaux de rap français pour leur bande-son. Seulement, si l’on se penche sur le cinéma underground français de la décennie 2010, on remarque que certains cinéastes mettaient aussi en avant cette culture dans des films moins exposés. On pense notamment au « FLA » de Djinn Carrénard qui offrait un très gros rôle à Despo Rutti, ou encore au « Brooklyn » de Pascal Tessaud, qui mettait en avant la rappeuse suisse KT Gorique. Enfin, même si le mouvement est inverse, puisqu’ils vont du rap vers le cinéma, Hamé et Ekoué de La Rumeur ont également mis en avant le milieu rap dans « De l’encre », et on même sorti un nouveau film, « Les derniers parisiens », cette année. Cette marche vers la culture hip-hop avait donc déjà logiquement été lancée par des cinéastes plus underground, dont Rachid Djaïdani, réalisateur de « Tour de France » fait aussi partie. Le cinéma français grand-public fait certes un pas vers la culture hip-hop, mais il est aujourd’hui quasiment inévitable pour lui tant le rap en France apparaît comme une musique incontournable. On peut donc se poser la question de l’honnêteté de ce soudain intérêt. Reste que, même si cela se fait de manière maladroite et discutable, les rapports entre les deux milieux semblent évoluer. Nous sommes encore loin des Etats-Unis ou de l’Angleterre dans le domaine, mais le goût prononcé de certains réalisateurs ascendants pour le rap, ainsi que la grande place qu’occupe désormais cette musique dans l’esprit des français devraient peu à peu changer les choses.
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