KT Gorique

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Rencontre avec KT Gorique ; nous avions découvert celle que l’on surnomme Le Couteau Suisse à l’occasion de son passage en première partie du concert d’Hugo TSRau Divan du Monde en novembre dernier.

Charismatique sur scène, c’est dans une écriture introspective qu’elle se dévoile dans son projet Qui sème le vent. Par ailleurs, nous la retrouverons également dans le rôle principal du film de Pascal Tessaud, « Brooklyn ». La jeune MC suisse, qui a remporté en 2012 le titre de championne du monde du concours d’improvisation hip-hop End Of the Weak, est actuellement en pleine préparation d’un album pour l’année prochaine, nous prenons donc le temps dès aujourd’hui de la découvrir au début de son parcours artistique plutôt prometteur.

ReapHit : En 2012, tu as remporté le titre de Championne du monde du concours d’improvisation hip-hop End Of the Weak, qu’est que ça représente pour toi ?

KT Gorique : En fait, je ne me rends pas vraiment compte de ce que le titre de champion du monde veut dire. Par contre, avoir été la représentante officielle d’End Of the Weak en 2012 a été un honneur pour moi. EOW est plus qu’un concours. C’est un état d’esprit, une atmosphère, et même une famille. EOW défend les valeurs du partage de la culture hip-hop et les liens qu’elle peut créer. C’est surtout ça qui a été fort. Mon année a été riche en émotions.

Est-ce que ça t’a permis de faire des rencontres artistiques avec des gens que tu n’aurais peut-être pas pu rencontrer ailleurs ?

Bien sûr ! J’ai beaucoup voyagé ! Montréal, Paris, Londres, plein de villes de Suisse, et j’ai surtout fait de nombreuses scènes un peu partout, ce qui m’a permis de me retrouver sur des plateaux avec le TSR Crew, Disiz, Assassin, Les Sages Po, Dany Dan, Busta Flex, Demi Portion, Youssoupha et même des stars américaines comme Redman, Method Man ou Cypress Hill. Que des choses dont je n’osais même pas rêver ! Et j’en passe…

Tu es la première fille à remporter ce titre, et la plus jeune également, est-ce que tu y attaches une importance au moins symbolique?

Oui, c’est vrai que c’est quelque chose d’important pour moi. Ce titre est une victoire pour tous les jeunes et toutes les femmes qui n’osent pas se lancer dans cet univers en majorité dominé par les hommes. En fait c’est une victoire d’équipe. (Sourire)

En effet, c’est un milieu essentiellement masculin, penses-tu qu’il est plus difficile pour une femme de se frayer un chemin sur la scène hip-hop ?

Honnêtement, oui. Dans mon crew Frères Incendie, j’étais la seule fille, donc j’étais quand même « protégée » des préjugés que les gens ont sur les filles qui rappent, mais avant d’être championne du monde, on m’a plusieurs fois dis : « Franchement c’est pas mal K.T mais j’avoue qu’en général, si c’est une fille, j’prends même pas la peine d’écouter ».

Est-ce que ce genre de réflexions t’ont d’autant plus incitée à écrire et à vouloir faire ta place dans ce milieu ?

Non, j’ai toujours écrit parce que mon cœur en avait besoin. Même en période de doute, j’ai toujours écrit. Et je n’ai jamais cessé de douter, d’ailleurs.

Quel a été l’élément déclencheur pour que tu écrives ?

Euh… Je ne sais pas. Ça été très naturel. J’me souviens d’écrire depuis toujours. Bien avant ma découverte du hip-hop.

Et donc avant le rap, vers quel type d’écriture étais-tu tournée ?

J’ai toujours écrit, tout et n’importe quoi. Des journaux intimes, des récits fictifs, des poèmes, des articles sur des sujets qui m’intéressent et c’est toujours le cas aujourd’hui. Mais je le fais beaucoup moins.

Comment s’est faite ta découverte du hip-hop? Par le rap, la danse…?

La danse. J’ai commencé à danser toute petite, mais je faisais seulement de la danse africaine. C’est en déménageant en Suisse (à l’âge de 11 ans) que j’ai découvert le hip-hop. J’ai commencé par le break, puis le new style.

Et tu as donc commencé le rap plus tard avec ton crew Frères Incendie, c’est ça? Peux-tu m’en dire un peu plus ?

À cette période-là de ma vie, j’ai voulu faire un lien entre mes deux grandes passions. C’est donc naturellement que mes écrits se sont posés sur des instrumentales hip-hop, mais c’était quelque chose de très personnel. Avant de rencontrer les membres de Frères Incendie (vers 15 ans) je rappais dans ma chambre en chuchotant. Personne ne savait que je le faisais. J’avais comme peur de ce que ça pouvait bien donner.

Aujourd’hui, tu es bien loin du chuchotement dans ta chambre, en ce qui me concerne je t’ai découverte lors de ton passage en première partie du concert d’Hugo TSR au Divan du Monde. Tu as l’air de prendre énormément de plaisir à être sur scène et à interagir avec le public. Comment vis-tu ces moments-là ?

C’est simple, la scène est le seul endroit où j’me sens moi-même et où j’ai l’impression de respirer. C’est vraiment une passion.

Pour en revenir à l’écriture, comment travailles-tu l’impro ?

Au départ, j’ai essayé de trouver des rimes avec tout ce que j’avais devant moi, parce que c’est de là qu’on trouve de l’inspiration dans une impro. En parlant des choses qui nous entourent. Ensuite j’ai utilisé d’autres techniques comme apprendre le dictionnaire des synonymes par cœur, j’ai oublié plus de la moitié des mots (rires). J’ai travaillé les champs lexicaux aussi, etc.

Mais je pense que tout le monde peut adapter son entraînement. L’impro est un sport cérébral. Ça fonctionne comme tout. Plus on s’entraîne, plus les choses viennent naturellement. Un joueur de basket qui s’entraîne sans cesse au lancer franc finira par presque tous les rentrer au bout d’un moment.

C’est un exercice dans lequel tu excelles avec beaucoup d’humour d’ailleurs … et, ton projet Qui sème le vent est dans l’ensemble empreint d’une écriture plutôt introspective. Quelles sont tes sources d’inspiration ?

C’est vrai que mon écriture est très introspective, et ça a toujours été comme ça. Comme je l’ai dit tout à l’heure, j’ai toujours écrit parce que mon cœur en avait besoin. Mon inspiration se trouve dans mon vécu, ce que je ressens, les choses que je vois, que j’entends, et j’essaye de les décrire pour m’en libérer. C’est à peu près ça.

Par ailleurs, tu incarnes le personnage principal du film de Pascal Tessaud, Brooklyn, actuellement en cours de montage, peux-tu nous présenter le film ?

Oui ! Le film parle d’une jeune fille passionnée par le rap qui se retrouve seule à Paris et qui doit faire face à des nombreuses épreuves pour réaliser son rêve… En gros.

A quelle occasion as-tu rencontré Pascal Tessaud ?

Il a découvert mes vidéos sur Youtube et m’a contacté sur Facebook.

Que retires-tu de cette expérience ?

Euh… Je ne ferais plus jamais de cinéma. Non pas parce que je n’aime pas jouer la comédie, mais parce qu’un tournage demande énormément de force physique et mentale. Étant donné que c’était une vraie découverte pour moi, et que j’ai eu le rôle principal, c’était vraiment beaucoup de travail, et c’était très difficile au niveau physique mais surtout émotionnel. J’étais loin de ma famille, ne connaissait pas du tout Paris…

Qu’est ce qui t’a tant marqué émotionnellement, est-ce une si mauvaise expérience ?

Je suis quelqu’un de très sensible. Il faut savoir que pour donner une certaine émotion à un personnage, il faut aller les chercher dans nos propres blessures. C’est quelque chose qui a été très difficile à vivre pour moi, et je ne m’y attendais pas, puisque je ne connaissais pas du tout le cinéma. Je salue quand même Pascal Tessaud pour son travail. C’est un passionné, bosseur et mon ressenti ne concerne en aucun cas sa personne.

Quels sont tes projets pour l’année prochaine ?

Nous travaillons actuellement sur mon premier album solo avec l’équipe d’Art Mistys (l’association hip-hop dont je fais partie) tandis que Giz Prod, qui gère mon management depuis ma victoire mondiale, se consacre sur les dates de concerts importants en 2014, et tout ce qui concerne l’aspect administratif de mon album. C’est d’ailleurs grâce à elle que j’ai pu faire toutes ces dates.

Tu prépares donc un album. Sera-t-il dans la lignée de ton premier projet ?

Surprise… Je reste toujours fidèle à moi et à ce que la vie m’inspire.

Comme tu le disais tout à l’heure, tu as eu l’opportunité de faire de belles rencontres artistiques, est ce qu’il peut en découler des projets de featurings sur ton album ?

Oui il y en aura… (Sourire)

Tu laisses planer le mystère…Pour conclure, qu’est-ce que tu écoutes comme musique ?

J’écoute beaucoup de musique mais surtout tous les styles. En général je fonctionne par période. En ce moment je n’écoute que du reggae et de la musique ivoirienne. Mais tout dépend de mon humeur.

Un album de chevet qui t’accompagne ou un livre, un film ?

En ce moment j’ai le numéro 32 du magazine Reggae Vibe et mon journal.

Est-ce que tu souhaites ajouter quelque chose? Le petit mot de la fin…

Oui, je tiens à remercier la famille EOW suisse et celle du monde entier, Frères Incendie, Art Mistys, Giz Prod, toutes les personnes qui m’ont soutenu et me soutiennent au quotidien. Merci à toi également de m’avoir proposé cette interview.

Toutes les actualités sont visibles sur ma page artiste Facebook. Il y a également la chaîne YouTube et la mixtape téléchargeable gratuitement.

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