Virgule de plénitude violette avec Jorrdee

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Quelques mois après sa collaboration avec DJ Weedim, et la réédition de BJOVR$^LOP€!, Jorrdee dévoile un WAVERS EP dont les suggestions et faux semblants de pudeur laissent entrevoir un peu de son intime, et beaucoup de sa finesse d’écriture, soulignée par un flow fluide, ambiance purple drank. Hors du temps, la réverb dévoile la profondeur d’un univers dont il est à la fois boss et orchestre. Une onde de plénitude, qui, arrivant sur nos rivages, déferle avec la puissance nonchalante caractéristique du 667.

« Dans l’vécu, pas d’marche arrière », Jorrdee est dans l’jeu pendant qu’ils sont dans le rouge. Il trace dans la neige, « brasse un tas d’billets, tu brasses un tas d’air ». L’homicide est presque involontaire, ces putes sensibles et leurs codes n’ont pas eu raison de lui ; ils n’ont pas eu la peau du roi puisque c’est lui qui les a éliminés. Noire est La Scène Du Crime, ces rappeurs « justes gentils » continueront de se mentir et bicraver ses produits dérivés, pendant que lui voit haut, plus Haut.

Évidente donc, la nécessité de rester hors du temps, et l’absurdité de prévoir, de A jusqu’à D, une vie insoumise. Insoumise, comme celle qui, même sortie en laisse, a déjà fait son choix. Il est l’offre, car elle le demande, et parmi ses 4000 femmes, c’est dans ces yeux qu’il veut lire. « She’s a hard woman to please », chantait Mick Jagger… Et si Sur les lèvres il n’avait que la sincérité, il s’était prêté au jeu pour mieux le reprendre, car de toutes façons le sexe les perdra. Finalement, Jorrdee n’est bon qu’à « remplir et faire déborder », s’auto défoncer et se laisser aller, « fuck une prise de tête », la tête dans des nuages poudreux, on peut le suivre à la trace.

Poétique malgré tout, la plainte sort du fond du hangar. Cette fois l’innocence ne le relèvera pas, il faut passer du Bon Temps avant l’inéluctable fin. « A la vie, à la mort, à jamais », le moment est éternel, son visage comme dernière attache à quand tout s’effondrera, quand le radeau chavirera. Mais déjà tout est bleu, bleu ciel, « une vision du futur quand (il) lève les yeux » ; l’instant est une virgule de plénitude. Il ne reste que faire l’amour et le bon temps sur des instrus inspirées, se libérer.

Puis sur l’innocence s’abat le déluge, le bon temps est entrecoupé de catastrophes, l’Interlude n’est jamais très long. C’est l’histoire de nos vies, contée avec Lil Ja. Une supplication de ne jamais perdre de vue que, si les moments sont éternels, l’avenir est cruel, et à la quiétude succède le drame. Alors l’angoisse monte et grandit pour finir par se dissimuler derrière un mur de fumée, ce mur dont les oreilles cachent le soleil et bluffent les esprits. « Mes sacrifices, pas d’regrets » : la vie est un pari, « le karma est une pute » et pour vivre platement, fallait pas baiser avec…

Waver, agitateur de ce game qu’il fait vaciller avec la puissance d’une lame de fond, Jorrdee est omniscient, il « les voit tous » depuis son entre-monde dont il entrouvre l’écoutille. Il se livre sans le faire absolument, et puisqu’un Reflet n’est jamais qu’une représentation, il n’en dira pas plus. Peu à peu, il s’enfonce dans la poudreuse, la prose se fait plus suggérée, une dernière envolée qui se perd dans les limbes. Inspiration tirée des sens, indécence magnifiée, la vague expire, on inspire fort.

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Maëlle

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