Homeboy Sandman – interview

In Interviews by Julien LVRFLeave a Comment

De passage à New York, lors d’une mémorable soirée américano-frenchie au SOB’s qui a vu passer sur scène aussi bien Sean PriceTragedy KhadafiKeith Murray ou Royal Flush, que les jeunes nordistes de So Street, nous retrouvons la grosse barbe de l’excellent Homeboy Sandman dans le public, soutenant à fond son homie déversant sur scène son flow découpeur, le non moins excellent I Am Many. Les présentations se font rapidement (New York New York), et nous entraînons le MC signé chez Stones Throw Records devant le café légendaire, afin de lui poser quelques rapides questions…auxquelles il répondra rapidement. Tout va trop vite dans cette ville.

ReapHit : Salut Mr Sandman, pourrais-tu rapidement te présenter, pour les lecteurs français qui ne te connaîtraient pas ?

Homeboy Sandman : Whuddup whuddup, je suis Homeboy Sandman, je viens du Queens, New York, je suis rappeur et musicien, et j’ai sorti quelques disques depuis 2007.

R : Quand en es-tu venu au rap ?

HS : Oula, c’est venu vraiment très tôt, quand j’étais gamin. Et j’ai sérieusement commencé à m’y mettre il y a sept ans, avec mon premier album, Nourishment. J’ai vraiment l’impression que c’était hier.

R : Avant ce premier album, tu étais à l’université, en droit. Et tu as arrêté pour faire de la musique, c’est bien ça ?

HS : En effet, j’ai tout arrêté quasiment du jour au lendemain.

R : Faire de la musique et des études longues, ce n’est pas vraiment compatible pour toi ?

HS : Je ne sais pas, je pense que tout dépend du caractère de la personne, et de l’investissement qu’elle mettra dans l’une ou l’autre de ses activités. Pour ma part, je sais que je suis meilleur quand je fais une chose sérieusement à la fois, donc j’ai préféré quitter l’université pour me consacrer entièrement à la musique. Ce qu’il faut dire aussi, c’est que ma musique commençait vraiment à prendre de l’ampleur par ici. Donc j’ai saisi ma chance, au détriment de mes études.

R : L’université, les études supérieures, ça t’as quand même apporté ?

HS : Bien sûr, les études en général d’ailleurs, pas forcément le supérieur ! Le vocabulaire, le goût de la lecture, l’apprentissage des structures, la construction d’un argumentaire, toutes ces choses-là, c’est l’Ecole qui me l’a apporté. L’Ecole structure ta vie, et c’est grâce à elle que tu t’intéresses aux choses, que tu te socialises, que tu peux avoir le goût d’apprendre.

R : Tu as même enseigné pendant quelques temps. Professeur et MC, ça n’est pas un peu le même métier, finalement ?

HS : C’est vrai, pendant deux ans, des élèves de 9th et 10th grade [pour comparer, les premières classes de lycée, ndlr]. Ta comparaison est intéressante, un prof comme un MC doit capter l’attention de son public par ses paroles et ses gestes. Et c’est encore mieux si le public retient ou apprend quelques chose ! Se faire entendre sans utiliser de mégaphone est une quasi-performance aujourd’hui, c’est le charisme, l’intelligence et la pertinence qui fera d’un MC quelqu’un que l’on écoute. Pareil pour les profs ! (rires).

R : On te sent comme quelqu’un de très spirituel, cela transparaît dans ta musique. Est-ce cette spiritualité qui t’inspire pour l’écriture et la composition ?

HS : Complètement, c’est là d’où je viens, c’est là d’où tout le monde vient. Et c’est là que se puise l’inspiration. L’esprit ! C’est ça qui fait toute la différence, et qui peut tout changer.

R : Tu es reconnu pour distribuer un rap très musical, tant dans le flow que dans les choix instrumentaux, et tu es toi-même musicien. Quelle est l’importance de la musicalité dans le rap ?

HS : Le rap est une musique comme une autre, donc la musicalité, c’est la chose la plus importante ! Un texte peut être le mieux écrit du monde, s’il n’est pas dit de façon musicale, de façon à faire remuer, de façon à transmettre quelque chose, ça ne restera que quelques mots sur une feuille de papier pour moi. Au contraire, un truc moins bien écrit mais dit avec style, personnalité et musicalité me touchera beaucoup plus ! Aux Etats-Unis, on ne se pose même pas la question de la musicalité dans le rap, puisqu’il est considéré par tous comme un style de musique à part entière. En fait, je ne me dit même pas que je fais de la musique rap. Je fais de la musique, je suis musicien, point.

R : La créativité est également un mot qui vient à l’esprit quand on pense à Homeboy Sandman. Ca ressemble à quoi ton processus créatif ?

HS : Tu sais, j’écris tout le temps. Sur le chemin pour venir ici, dans le métro, j’étais encore en train d’écrire. J’ai mes instrumentales dans le casque, et je suis vraiment toujours en train de penser à mes prochaines rimes, aux prochains thèmes, toujours dans la recherche de détails à rajouter…c’est maladif, un peu. Je ne fais que ça ! (rires).

R : Tu es depuis peu signé chez Stones Throw Records, qu’est ce qui a changé pour toi depuis ?

HS : Ce label, c’est énorme, c’est une machine. Ce qui a changé ? Ma fan-base s’est agrandie de façon conséquente, déjà. Les mecs savent ce qu’ils font à tous les niveaux, tant au niveau de la distribution que de la diffusion. Je fais également beaucoup plus de concerts, et de concerts dans de plus grosses salles. Une tournée en Europe aussi…bref, que du bon ! Et je reste absolument libre de tous mes choix artistiques, ce qui était le plus important pour moi.

R : Tu nous parles des 3 EP’s que tu as récemment sorti ?

HS : En fait, ce sont 3 EP’s produits par un beatmaker différent à chaque fois. Le premier, produit par El RTNC (aka Rthentic), est un hommage au hip-hop old school, par les thèmes, les beats, la cover, mais aussi le nom du projet, Kool Herc : Fertile Crescent, en hommage à l’un des pionniers. Le deuxième, All That I Hold Dear, est produit par un talentueux beatmaker de Dallas, M Slago. Et le troisième, sorti en ce début d’année, est produit par Paul White et s’appelle White Sands. Paul White, je l’appelle Medicine Man, tellement ses instrumentales me font du bien.

Les trois sont différents, au niveau des thèmes, de la musique et bien sûr des producteurs, mais ils sont cohérents chacun dans leur coin, la patte du producteur ramenant certaiment une certaine continuité entre les morceaux. Les EP’s sont un format intéressant car court, c’est sur ce genre de format que l’on peut vraiment s’amuser. Et être productif !

R : Un dernier mot pour nos lecteurs ?

HS : D’abord merci pour tes questions, répandez la musique, répandez le savoir, répandez l’amour et la paix.

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Julien LVRF
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