Le mois de février est le plus court de l’année, mais cette cuvée 2017 n’aura pas été la moins productive, loin de là. Albums et clips en pagaille, retours attendus dans tous les styles, anniversaires, voici votre désormais rendez-vous obligatoire de fin de mois, avec le meilleur de ce que l’on n’a pas ou peu traité dans nos colonnes.

LES NEWS

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PNL clippe #QLF et tourne dans les Zéniths. Après un clip de « Béné » encore plus grand et encore mieux réalisé, le duo des Tarterêts donne une leçon de promo avec l’annonce de leur tournée française, pour laquelle les hardcore fans ont été les premiers prévenus. Jusqu’au dernier gramme, jusqu’à la dernière place : un épisode de plus à ajouter à leur Légende. Lire notre article.

Force et honneur selon Lacrim
Libérez Lacrim, c’est chose faite depuis novembre, et la médiatisation de sa sortie est réussie : des sons tous frais et une web-série, produite par Def Jam, dans laquelle il met en scène sa propre vie de rappeur bicraveur. 2 épisodes à 5 et 3 millions de vues, une preuve que le public rap français aime toujours autant les histoires de bibi. Voir la série.

Tout le monde déteste la Police
Février a commencé avec le concert #JusticePourAdama à la Cigale, et se termine avec le report du procès de Jo Le Phéno pour « Bavures ». Entre les deux, un appel des artistes par Quartiers XXI, et un certain Fianso, médiateur des manifestations en soutien à Théo. Police partout… affaires à suivre. Lire notre article.

Princess Nokia punch(line) en Europe. Après son passage à Paris fin janvier où elle a fait éclater son énergie au nez du public français, Princess Nokia a fait parler d’elle outre-Manche. En concert à Cambridge, la rappeuse de Harlem frappe un spectateur qui lui criait de montrer ses seins. Parce que son militantisme féministe ne s’écrit pas seulement, il se vit ; « Yeah Hoe ». Voir le docu.

LES PROJETS

KRISY – Paradis d’Amour
Beatmaker sous le blaze de DeLaFuentes, Krisy retourne sa double casquette pour un EP à la vibe très US. Du rap, un peu de r&b et un cœur de séducteur sur les lèvres, le tout à la sauce Toronto, une belle recette balancée depuis Bruxelles. « Ébloui par les lampadaires posés sur l’trottoir », le jeune Julio est érotiquement vôtre, de la séduction il est l’apôtre. Et c’est vers ce paradis d’amour, le sample jazzy en loop, que Julio entraine sa gogo danseuse aux hanches de Betty Boop. Maëlle


JOK’AIR – Big Daddy Jok
Big Daddy Jok, le hip-hop suave : depuis l’annonce de séparation faite par Dehmo début décembre 2016, les membres de la MZ jouent à qui sortira le plus vite des balbutiements solitaires. L’escalade de titres personnels a pourtant commencé avec Hash P mais c’est finalement Jok’air, de loin le plus productif, qui a bouclé son projet solo le plus rapidement, inondant au passage Youtube de ses titres. On l’attendait au tournant, le chanteur du groupe a su tout de même créé la surprise en proposant un EP très mélodique, bien plus qu’à son habitude au sein de la Mafia. Libéré de toute influence, Big Daddy Jok propose un rap chanté, un rap gospel, presque susurré à l’oreille de qui sait entendre la musique. Antoine


THUNDERCAT Drunk
Incontestablement l’un des plus beaux projets du mois, Thundercat nous livre enfin Drunk, son nouvel opus. 23 titres aux collaborations prestigieuses (Kendrick Lamar, Flying Lotus, Wiz Khalifa, Pharrell ou Kamasi Washington) pour un projet à l’éclectisme foisonnant, passant du groove funky diablement efficace au jazz fusion aux harmonies complexes, flirtant avec le soft-rock et la pop psychédélique. Avec Drunk, Thundercat affirme avec brio, au carrefour de du hip-hop, du jazz et de l’electro, sa position de musicien incontournable et bassiste de génie. Florian


ROC MARCIANO – Rosebud Revenge
Sans prévenir personne, le patron est revenu de vacances et ça tremble sévère des miches au niveau des tapineuses, les plus faibles partant en courant direction Buffalo. Le mac préféré de ton mac débarque par surprise et rappelle qu’en haut de la chaine alimentaire du rap il ne peut y avoir qu’un seul roi. Rosebud Revenge n’est pas un nouveau virage mais juste un rappel et une confirmation que dans le style Roc Marciano, l’original prévaudra toujours sur les copies. Sombre et minimaliste et se contentant de sa garde rapprochée niveau featuring, Ka et Knowledge The Pirate, ce Rosebudd’s Revenge nous emmène faire un virée nocturne en Cadillac Coupe Deville et contempler le parterre de putes bien alignées prêtes à ramasser l’argent des michetons pour leur pimp préféré. Thomas


NUSKY & VAATI – Bluh
Avec Bluh, Nusky & Vaati font ce qu’ils ont toujours fait : de la musique non-identifiée, loin des catégories. En explorateurs de la jungle musicale, ils suivent leur instinct, encore plus loin, encore plus variété, encore plus romantico-fêlé. « J’aurai du prier comme les autres au lieu d’me branler devant Bob l’éponge » : toujours maître dans l’art de manier le joli et le trash, le groovy et les mélodies-mirages, le duo est vrai. L’amour est dans le pré et dans les chansonnettes de Nusky, leur rap est mort, et vive la poésie. Maëlle


ALADIN 135 – Indigo
« Dans paris pour une danse macabre », les yeux fermés, Aladin 135 ride la ville, une babygirl à ses cotés. Comme une longue plainte, belle et torturée, le projet est presque spleenique. Les featurings sont réussis, les instrus variées. « On va s’aimer ou s’détester après on fumera un peu d’herbe », c’est une ode à Bonnie, bonne et aimée jusqu’à la mort. Le flow est chantonné, le Clyde du Panama Pende est désabusé, perdu entre le bien et le mal, le meilleur et le pire. Doux et nostalgique, un projet couleur Indigo. Maëlle


JONWAYNE Rap Album Two
En 2014, Jonwayne en prend enfin conscience. Le rap le sauve autant qu’il le tue. La vie parfois décousue de rapstar l’éloigne des siens, le plonge dans la solitude et l’alcool et la dépression fait le reste. Il annule ses concerts, quitte son Stones Throw, et disparaît. Ça y est, Jonwayne is Retired. Fini, envolé. Cette folle histoire, Rap Album Two vient la contredire et y apporte la meilleure des réponses. Revenant sur le devant de la scène après 3 ans d’absence, Jonwayne nous livre une absolue pépite. Ode à la sobriété et déclaration d’amour à l’essentiel, dans ce classique jeu il sera désormais difficile de faire mieux que Jonwayne. Florian


BIG SEAN – I Decided
Avec I Decided, Big Sean reprends les commandes de sa carrière et de sa vie. Profondément introspectif, sans chercher à sortir de sa zone de confort, Sean y affronte ses erreurs et ses fautes passées. Comme à son habitude, la production est impeccable et il a su à nouveau s’entourer de prestigieux invités. Parmi eux. Eminem et les Migos. Rien que ça. Malheureusement, (comme d’habitude) cela ne suffit pas, et l’album se laisse vite oublier, relégué dans les méandres de nos playlists par des sorties plus innovantes. Florian


STEVE LACY Steve Lacy’s Demo EP 

Après Syd et Matt Martians, c’est au tour d’un troisième membre de The Internet, Steve Lacy, de sortir son projet solo en 2017. Le guitariste, choriste et plus jeune membre du groupe (18 ans !) nous emmène dans sa palette de talents à travers 6 titres ne dépassant pas les deux minutes, du pur groove à l’indie rock, chantant à tue-tête ses doux démons. Une troisième pierre à un édifice qui démontre que le groupe californien est l’un des meilleurs réservoirs de personnalités de cette nouvelle soul music. Julien


FOCUS SUR : 

HESKIS – GG Allin EP
Descendu sur terre en ange, Jésus Christ Allin a tôt fait de se voir posséder par le malin et d’œuvrer sous le nom de GG. Celui qui a ensuite construit sa légende noire sur sa volonté de se suicider en plein concert pour fêter Halloween est de ces personnages horrifiques, pour lesquels il existe une forme d’admiration secrète, morbide.

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 A2H – Les Hommes Pleurent en Hiver (Winter Tape)
Des bangers doux, des balades rapides. Entre bonheur lourd et tristesse légère, l’artiste se joue depuis longtemps des codes, des modes et des époques. L’homme, depuis toujours en indé, est fidèle à lui-même, à son style, désormais affirmé. « Les hommes pleurent en hiver » c’est 13 titres, 40minutes, 4 feats et beaucoup d’amour. Découverte.

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 WESTSIDE GUNN & MIL – Riots on Fashion Avenue
En tête de cortège, on repère vite deux associés du grand banditisme musical en la personne de Westside Gunn et du producteur Mil, déjà responsables de l’homicide musical Bullet en 2016. Sur une ambiance soul digne de The Menahan Street Band, on se rassure devant cette démonstration de force qui ne semble pas aller plus loin qu’un rassemblement pacifique.

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 ODDISEE – The Iceberg
De retour en ce début d’année, Oddisee ne semble pas vouloir ralentir le rythme, et nous livre The Iceberg, son 8ème album studio. Un projet annoncé dès le mois de décembre via le single « Things », un titre puissant et prometteur semblant amener pour le rappeur des sonorités nouvelles et flirtant de façon plus que convaincante  avec la dance et le up-tempo. Un mélange des genres disséminé habilement tout au long du projet. 

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FÉFÉ Mauve
Féfé, l’ex Saïan est de retour, trois ans après Le charme des premiers jours, avec un troisième album solo. Sobrement intitulé Mauve, synthèse niaise selon le rappeur, entre le rose de la vie et les bleus à l’âme. Le ton est donné. Le style est depuis quelques années ancré dans la variété de qualité et Ayo, Tété, Mathieu Chedid s’ajoutent à la tracklist de ce nouveau projet. Rythmé, varié et véritablement bien réalisé, Mauve se prête assez largement à des écoutes endiablées. Indépendamment de l’époque et des genres, Féfé s’affine et fait son chemin. Et ça fait foutrement du bien. Florian


LE BON NOB – Petit Con
Faites attention, voilà N.O.B, le lyrical salopard, le bicraveur d’espoir, le déserteur du fumoir. Boom-bap sans être seulement old school, joliment musical, son ressenti(ment) sincèrement il déballe ; le projet est riche. L’artiste des freestyle les déteste, ces « suceurs de nos prédécesseurs », et il montre l’exemple même si c’est Peine Perdue ; « avant d’agir [il] joue les poètes ». Etourdi par cette Gènes et Rations, le Bon Nob est déçu, revanchard et généreux. Un vrai P’tit Con. Maëlle


STORMZY – Gang Signs & Prayer
Le rappeur de Croydon aura attendu ce début d’année, pour enfin nous dévoilé son très attendu premier album. Avec Gang Signs & Prayer, Stormzy est à l’assaut du trône et nous le fait savoir. A la fois déclaration de guerre et véritable démonstration de force, reflet éclatant de son ascension fulgurante, ce premier album nous livre son lot de flow surhumains et d’implacables bangers ayant fait connaître la star anglaise. Pour autant Stormzy ne se contente pas d’une simple redite et semble ouvrir son univers pour esquisser l’ébauche de son futur musical. La naissance d’un gospel-grime ? Florian


SiR – Her Too
Après le magnifique Seven Sundays, son excellente apparition sur le disque d’Isaiah Rashad et son non moins sublime projet Her, le crooner-halluciné chevelu nous revient avec le bien nommé Her Too. Petit concentré de love et de THC, nonchalance évidente, douceur apparente et spontanéité permanente, pour son premier projet signé chez TDE, SiR ne déroge pas à la règle et sans secouer son univers, nous livre un nouvel EP classieux et spontané. Du r&b à déguster tard le soir, seul ou accompagné, quand la douille est coulée. Florian


LAUTREC – Hapax
Après quelques singles bien sentis, quelques collaborations évidentes, et un premier album La cruauté tranquille du quotidien, Lautrec s’impose petit à petit dans le microcosme d’un rap à part. Celui des rades de Paris et des premiers métros, le rap du quotidien, brouillant les pistes non loin de Dooz Kawa, Lucio ou JP Manova. En mélangeant le sublime et le banal, et écrivant les passants anonymes, s’appropriant des destins, Lautrec nous offre une promenade nocturne dans les rues de Paname, d’un réalisme cru. Un petit bijou à savourer au comptoir, un café crème non loin.  Florian


MEDINE – Prose Elite
Comme à son habitude, punchlines engagées, flow et instrus énervés sont les ingrédients de la « peufra consciente » que nous balance Medine. L’album s’enchaîne naturellement, entre amertume, hargne, amour des mots et richesse des références. « Ma conscience politique n’est pas bien à gauche mais maladroite » : le plus rappeur de tous les politiques est cette fois moins dîn que Medine, et avec « Grand Paris », propose un petit classique en puissance. La force de la culture, face à la culture de la force. Maëlle


LIL ETO & V DON – Omerta The Film
On se demandait où était passé V Don, après avoir bifflé avec mépris l’année 2015. Hors radar, le nouveau maître d’Harlem préparait son retour en compagnie de Lil Eto pour nous livrer sans préliminaire un EP gratuit intitulé Omerta – The Film. Penser que cet échantillonnage gratuit ne peut vous rendre addict, c’est clairement sous-estimer la puissance de cette drogue, à tel point qu’en 8 titres le duo arrive limite à éclipser le retour de Roc Marciano. On y retrouve un V Don qui ne cherche même plus à cacher sa parentalité musicale avec Alchemist, mais avec un résultat sombre et à l’allure mafiosi qui rivalise facilement avec l’original. De son côté, Lil Eto s’accorde à cette ambiance de mobster et finit d’asseoir sa suprématie sur Rochester, bien entouré par quelque tueurs à gages, dont Meyhem Lauren et Willie The Kid. Thadrill


KRUM – Blue Eyed Devil
Krum fait partie de cette grande famille de vétérans MC ayant roulé leur bosse depuis des années, connaissant quelques succès d’estime (Hotdoggin’ en 2011) mais sans réellement asseoir sa légitimité. N’ayant aucun risque à virer de cap, Krum tente avec Blue Eyed Devil un album concept aux vibes blues, jazz et gospel qui sentent le bayou et le foin. A cela, rajoutez une performance à 50% rap et 50% chant, et vous obtenez un petit OVNI intimiste et musicalement coloré. Très accès sur l’attraction du bien ou du mal, tourmenté comme un bluesman défoncé au bourbon, la prestation de Krum, qui fait parfois penser à Brother Ali, est une renaissance qui étonnera même les fans de la première heure. Thadrill


LES CLIPS DU MOIS

LES ANNIVERSAIRES

Il y a 20 ans

DJ POSKA – 25, What’s the Flavor (10 Février 1997)

Au panthéon des tapes françaises, la 25ème de la série What’s The Flavor de DJ Poska fait office de référence. Plus qu’une simple mixtape où des rappeurs francophones posaient sur des beats US, c’est un arrêt sur image de la montée en puissance du mceeing à la française en 1997. Si certains noms ont réussi à survivre 20 ans après, une grande majorité des talents ont disparu du jeu. Se replonger dans cette mixtape, c’est prendre en pleine face le couplet de Casey ou la frustration de l’éphémère collectif Rimeurs A Gages. Thadrill

Il y a 15 ans

LA CAUTION – Asphalte Hurlante (26 Février 2002) Une révolution. En 2002, un trio d’allumé composé de Nikkfurie, Hi-Teck & DJ Fab, accouchait d’un ovni. Soufflant sur les braises faiblardes d’un rap français asphyxié, La Caution plaçait en un album Noisy-le-Sec sur la carte et changeait à tout jamais la face du rap hexagonal. Un nouveau souffle, l’album que tout le monde attendait mais que personne n’osait faire. Un album riche, complexe et incontestablement novateur. Inspirations électroniques, sonorités rock, des voix sentencieuses et des textes surréalistes. Asphalte Hurlante est tout ceci. Florian

Il y a 10 ans

VARIOUS ARTISTS – Compilation Invasion (24 février 2007) Outil promotionnel du label Night & Day, la compilation Invasion a acquis en 10 ans un statut d’incontournable hautement mérité. Dans la lignée des grands Mission Suicide, Operation Freestyle, Chronique de Mars ou Première Classe, loin de nous fournir de simples fond de tiroirs, Invasion écrit l’histoire d’un label et d’une génération entière d’artistes et amorce la fin d’une époque. La Cliqua, Tout Simplement Noir, Different Teep, Express D côtoient Mr R, N.A.P ou Ideal J pour le classique « Attaque contre Attaque ». A réécouter avec attention. Florian

Il y a 5 ans

B.JAMES – Acte de Barbarie (6 février 2007) Après ses faits d’armes avec Anflash, sa propre mixtape Snuff Muzik, sans oublier Les contes du chaos avec Casey, B.James – Monsieur93 pour les intimes – a sorti en 2012 son premier album solo Acte de barbarie. Cinq ans après, force est de constater qu’à l’écoute le plaisir n’a pas changé. Tout ici pue la rue et la violence, l’insurrection et l’engagement. Des instrus sombres et immersives, un vécu et une authenticité in(con)testable. Quelques gros titres et un classique : oui « La Police Assassine et la Justice acquitte » toujours. Florian

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