Comme on ne peut pas être partout, tout le temps, et vu que les sorties et les news s’accumulent, nous avons décidé de vous proposer chaque mois le meilleur de ce que l’on n’a pas pu réellement traiter. Des disques à écouter, des mixtapes à télécharger, des nouvelles à lire, des vidéos à regarder, des anniversaires à fêter, voici tout ce qu’on a regardé d’un peu plus loin que le reste en mars.
LES NEWS
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Le retour de Kendrick Lamar. Arrêtez tout, arrêtez le rap, arrêtez les clips. Eteignez les enceintes et fermez le laptop. Asseyez-vous. Soyez humble. Le dernier Kendrick Lamar vient de casser le Game. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, le retour du rappeur est fracassant. Son clip humble culmine déjà à 17 millions de vues depuis sa sortie le 30 mars 2017. Voir le Clip.
Revival 90’s en Zéniths.
La tournée de « L’âge d’or du Rap Français », dont la liste de participants suffirait à remplir ce paragraphe, a commencé ce mois-ci. Bien que certains noms manquent, évidemment, l’évènement, sur-médiatisé, réunit un bon nombre des acteurs du rap nineties et contentera les nostalgiques jusqu’à juin prochain.
Voir le live au Casino
Joke de retour en VaporMax. Après 2 ans de silence quasi-total, Joke revient avec la recette du succès de Majeurs En L’air : clip de Nathalie Canguilhem et Nike aux pieds, cette fois en partenariat officiel, pour le lancement de la VaporMax et l’annonce de son nouvel album. Un concept à la cainri, mais une première pour un rappeur français.
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Tournée de la souye pour Vald, Biffty et Weedim. Les salles de France ont chauffé en mars, puisque Vald était lui aussi en tournée, tournée savamment documentée, d’ailleurs, par Julius et ses épisodes du « Agartha Tour ». Une première pour Biffty qui se confronte à son public, tandis que Vald teste le sien sur un public chaud et un souye gang à l’affut. Voir les vidéos.
LES PROJETS
WESTSIDE GUNN – Hitler on Steroids
Le 3 mars, Eminem annonçait fièrement sur Twitter avoir réussi à signer le très prolifique Westside Gunn et son frère Conway sur son label Shady Records. Cinq jours plus tard sortaient les 24 pistes d’Hitler on Steroids produites par DJ Green Lantern. Bien qu’habitant dorénavant Atlanta, WSG continue son rap hérité des vrais hustlers new-yorkais. Cette mixtape est donc dans la veine des projets précédents du Flygod : des instrus boom-bap à la Mobb Deep, sombres voire menaçantes, des bruits de flingues, une complémentarité parfaite avec Conway et de nombreux invités (Action Bronson, Royce da 5’9 ou encore Benny). En soi, un projet qui ravira les fans de la première heure. Arthur
DEVIN THE DUDE – Acoustic Levitation
Quatre ans après son dernier projet, le daron de toute la nouvelle génération de rappeurs chill effectue son grand retour. Les productions puisent clairement leurs racines dans la soul, le jazz et la funk, pendant que Devin délivre un flow ultra laid-back, oscillant entre de jolis moments de storytelling et une forme d’introspection moelleuse, où même les événements quelque peu dramatiques sont abordés le sourire aux lèvres. Ceux qui connaissent déjà le Dude apprécieront forcément, pour les autres, Acoustic Levitation fera une excellente porte d’entrée.. Nadsat
LES SAGES POETES DE LA RUE – Art Contemporain
L’annonce d’un nouvel album de figures anthologiques du rap hexagonal s’avère être une fausse bonne nouvelle tant l’appréhension dépasse l’excitation. A la recherche de la performance poétique, à mi-chemin entre purisme et politique, « Art contemporain » porte la quête du « rap perdu ». En se plaçant au-dessus du temps qui passe, Zoxea, Melopheelo et Dany Dan ont un pied dans le passé, l’autre dans la modernité et finalement le cul entre deux chaises. Bien que leur talent intemporel indéniable et inégalé traverse l’album, le résultat se révèle être un pétard mouillé. Avec le retour aux fameuses 16 mesures, la prod est légère, sage et technique. Inopiné et clean. Trop clean ? Agathe
ROMEO ELVIS & LE MOTEL – Morale 2
« Bruxelles arrive » annonçait Roméo Elvis aux côtés de Caballero en juillet dernier. Au vu du bouillant Grunt #33, BX est bel et bien là. Avec La Morale 2 Elvis amène une touche lounge dans le rap jeu avec son groove désormais réputé. Les connexions sont bien choisies : Grems, Lomepal, Angèle ou encore Jan Paternoster accompagnent le prodige belge dans ses récits. Car oui, Roméo Elvis est avant tout un conteur. Un conteur qui raconte ses histoires sur les productions planantes du Motel. Des instrus parfois rock, avec une guitare faisant penser à King Krule par moment, comme dans Bébé aime la drogue ou Drôle de question. Le King de Bruxelles oscille entre rap et chant et se permet même de performer en anglais avec Switchin. On le pensait mort à Memphis en 1977, mais non, Elvis est plus vivant que jamais. Agathe
G HERBO – Welcom to Fazoland 1.5
« En écriture, il faut mettre sa peau sur la table » disait Céline. Une leçon que G-Herbo applique à la lettre depuis ses premiers pas dans le rap. Sur Welcome to fazoland 1.5, le sens du portrait et de la nature morte restent aussi aiguisés qu’à son habitude, et viennent également se mêler à quelques égotrips revanchards. Un aller-retour qui s’incarne aussi dans les fréquentes variations entre une voix râpeuse au mixage brut et des tentatives autotunées qui peine à masquer les fêlures. G-Herbo est sûrement l’un des rappeurs les plus constants issus du grand renouveau de Chicago. Nadsat
RIM’K – Fantome
Après un peu plus d’un an de silence et l’excellent « Monster Tape », le tonton du bled revient avec un nouvel album solo. Fruit de quatre saisons de maturation, Rim-K ne perd rien de sa superbe et nous livre à nouveau une belle surprise. Attendu à chaque tournant par quelques rageux qui aimeraient à tirer dans les pattes des anciens, ça ne sera pas pour cette fois. Album dense et sincère d’une violence à laquelle il nous a habitué, les thèmes n’évoluent que très peu alors que le talent d’interprétation n’en fini pas de grimper. A ce rythme là, il n’est pas exclu qu’on se prenne sur la gueule un nouvel album de la Mafia K1 Fry une fois qu’on aura blindé nos trimestres et ça guinchera sec à la maison d’retraite. Clément
STUPEFLIP – Stup Virus
La carence de stupdose commençait à se faire sentir parmi les admirateurs du Crou et a été exacerbée par une attente de 6 ans qui présageait un Virus renversant, malicieux et pinçant. Le retentissement est présent pour te « tartiner le slop » et s’est muni de Sandrine Cacheton, la douceur robotique venue accompagner l’excursion. Le message est bien reçu, le trip a survécu, Pop Hip ressuscite même à la saison des romances déchues mais aucune surprise ne vient tabasser l’esprit. Le temps passe et la bisounourserie a eu raison de l’amertume. Si on en sort avec une nostalgie inassouvie, Stupeflip reste inimitable et sans égal. Malgré sa fin de vie, « le Crou ne mourra jamais. » Agathe
SUICIDE BOYS – DirtierNastierSuicide
On apprécie jamais autant $uicideboys que sur le format EP. DirtierNastierSuicide fait partie de leurs cuvées les plus incisives, à base de gros sub-bass et de samples hypnotiques sur lesquels les styles vocaux des trois rappeurs se répondent parfaitement, entre des couplets démoniaques à moitié-hurlés et des pans ou les voix se font volontairement plus monotones et plus envoûtantes. Encore un bon gros shoot d’adrénaline. Nadsat
FOCUS SUR :
VÎRUS X JEHAN-RICTUS – Les Soliloques du Pauvre
Aujourd’hui, 120 ans après sa rédaction, Vîrus rend hommage à Jehan-Rictus et nous livre pour son nouveau projet son adaptation des Soliloques du Pauvre en format livre-album. Un projet ovni. Exceptionnel et nécessaire. L’histoire d’une découverte et d’un projet, vers lequel tout semble mener.
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TRIPLEGO – 2020
Si Eau Calme avait éveillé chez nous une fascination intriguée et Eau Max confirmé les espoirs placés en eux, 2020 marque la consécration du phénomène TripleGo, l’explosion de ce rap bien à eux, unique et reconnaissable entre tous. De Montreuil aux studios d’OKLM, le duo suscite désormais toutes les attentions,
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LORD ESPERANZA – Drapeau Noir
Après Hors de Portée, premier EP sorti de manière discrète, Lord Esperanza a fait carton plein avec le titre « Killcam« , et une session Grünt remarquée. Aujourd’hui signé chez Modulor, le rappeur de 20 ans revient avec un second projet solo : Drapeau Noir. Un EP bourré d’idées.
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KEKRA – Vréel2
Après les trois volumes de Freebase et le premier chapitre de Vréel, Kekra termine de baser cette dope, et, étape par étape, s’installe dans le game comme un de ses piliers. Annoncé par les clips de Sans Visage, AWW et 9 Milli, Vréel 2 tranche les crânes et casse les nuques.
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IRON SY & WEEDIM – Amadou Malick Chapitre 1
L’EP porte le nom du leader peul Amadou Malick Gaye, et Iron Sy en porte la hargne. « Soit t’es un lache, soit t’es digne », tout pour la mort et rien pour la vie, avec Iron Sy y a pas d’entre-deux et surtout pas de douceur. « Pas né pour partager le titre », il fait son trou sans percer et attaque fort de son flow énervé. Accompagné par un DJ Weedim plus nwar que jamais, le projet s’écoule à grands coups de caissons de basse explosés et de cervicales bien foulées. Un EP cru et craché, comme un molard bien envoyé. Maëlle
FADAH – Cet Art
« Plus j’en fait plus j’déteste le rap », pourtant Fadah exerce Cet Art, son art, pour cauthériser ses plaies et guérir ses lacunes. Intense sans être extravageant, le toulousain assume sa part d’homme, et montre sa vie « en large et non sans travers ». Un recueil de mélodies d’une vie, guidées par la tristesse des passions, sur des instrus surprenantes mais cohérentes, déroutantes puis rassurantes. Revendicatif sans être vindicatif, Fadah rappe, avec son coeur de pierre, la beauté cruelle de l’amertume, et la vérité criante du manque qui nous tourmente. Maëlle
DIL – Dil’s Adventures
La dégaine de Lil Peep sans les tatouages, le flow de Lil Tracy. Voila comment on pourrait définir DIL, rappeur du Money Maker Clan et sans aucun doute auditeur assidu de Goth Boi Clique et de Seshollowaterboyz. Avec Dil’s Adventure, le weirdo marseillais amène cette satanée Goth Trap dans l’hexagone. Sur des prod signées Lord Zu (également membre du MMC), qui lâche des trapbangers entrecoupés d’instrus plus cloud, DIL balance ses bars avec son flux sacadé et son timbre de voix si particulier (qui pourait lui permettre de doubler quelques personnages de Trey Parker et Matt Stone). Bref, un UFO bienvenu dans le rap français. Arthur
BENASH – CDG
Premier album en dent de scie de celui qui est (vraiment) le petit protégé de Booba. Benash prend son envole mais ne s’éloigne pas trop du nid. S’offrant le luxe de quelques featuring notables et conséquents, c’est à se demander si tout n’a pas été misé sur les collaborations et malheureusement, Benash se montre assez inégal en solo. En bref, un skeud qui sent la rue, le 92i et le charbon. La suite devrait définitivement sceller le destin musical de Nashbé. Clément
MIKE WILL MADE IT – Ransom 2
Celui là était attendu depuis un bout bon de temps, et clairement il ne déçoit pas ! Mike Will invite quelques unes des têtes les plus passionnantes de la partie immergée de l’iceberg et construit tubes sur tubes en tirant systématiquement le meilleur de ses invités. L’occasion pour Lil Yachty, Young Thug ou Rae Sremmurd d’envoyer de véritables ogives, parfaitement servis par un Mike Will qui se fait chef d’orchestre en poussant son style toujours plus loin. Du donnant donnant. Cela faisait longtemps qu’on avait pas entendu un tel album de producteurs. Nadsat
KODACK BLACK – Painting Pictures
C’est l’heure de vérité pour Kodak Black. Malgré des imbroglios juridiques lui ayant offert un joli battage médiatique et un comportement relativement imprévisible, Dieuson Octave nous livre avec Painting Pictures son premier album chez Atlantic Records. 18 titres parfois inégaux, et quelques invités de marque (dont Future, Jeezy et Young Thug) pour un album qui semble parfois osciller entre deux eaux. Car oui Kodak Black possède ce petit truc en plus, ce talent de mêler au sein d’un univers unique et cohérent, titres sombres, plume torturée aux codes d’un rap coloré et décalé. Malheureusement sur Painting Pictures cette polyvalence prend parfois des airs d’éparpillements et quelques titres nous rappellent que Kodak Black n’a que 19 ans. Toujours en devenir. Pour le meilleur ou pour le pire. Florian
DEEN BURBIGO – Grand Cru
Avec Grand cru, son 4ème projet, Deen Burbigo passe le cap du premier album et se place parmi les plus grosses sorties du mois de mars. Forcément très attendu après Inception et Fin d’Après Minuit, deux EP de qualité, le parisien accélère le rythme et part à la conquête de 2017 armé d’un album riche et complet. Deen Burbigo a prit de l’age, construit son style, posé sa voix et comme un « Grand Cru » s’est bonifié avec le temps. S’affirmant avec finesse, Deen alterne découpage en règle et second degré, ponctuant ses textes de réflexions plus « profondes » sur la mort de ses rêves de gosse et l’accomplissement de sa vie d’adulte. Plutôt cohérent, parfois trop homogène, l’album se révèle tout de même une franche réussite. Florian
FREDDIE GIBBS – You Only Live 2wice
Le 31 mars 2017 marque le grand retour de Freddie Gibbs avec You Only Live 2wice, son troisième album après Pinata et Shadow of a Doubt. Un come back aux airs de résurrection, après cette affaire de viol dans laquelle il a été acquitté par la justice autrichienne en septembre dernier. Cette renaissance, illustrée par la très belle cover de l’album, où Gangsta Gibbs s’élève comme le Christ, est le thème de ce court album de 8 tracks. Cette fois, Gibbs abandondonne Madlib pour rapper ses vices sur des productions de Kaytranada, BadBadNotGood ou encore Aaron Bow. « Kane » parle de son passé et tente de mettre les choses au clair avec ces accusations. Un retour qui fait plaisir dans ce jeu. Arthur
IAM – Révolution
Peut être est-ce par facilité, par habitude, critiquer IAM offre une routine rassurante et des codes établis. Après avoir rappelé leur légende, et leurs derniers pétards mouillés, je me fendrais de quelques phrases assassines, jouant sur la démagogie du titre et leur totale incapacité à évoluer, évoquant la tristesse infinie de leur cover et d’une box collector à 70 euros, reconnaissant timidement ça et là, quelques bons mots, de bonnes idées mal exploitées, je me pourfendrais, porté par l’outrecuidance de ma plume, d’un plaidoyer suppliant qu’on les laisse enfin profiter d’une retraite bien méritée. Mais même de cela, plus personne n’en veut. Florian
LES CLIPS DU MOIS
LES ANNIVERSAIRES
Il y a 20 ans
IAM – L’Ecole du Micro d’Argent (18 Mars 1997)
Sale temps pour les vieux cons. Ca y est. Le classique de tes classiques a 20 ans. BIM. Coup de vieux. Tu te souviens de la première écoute ? Tu étais où ? T’étais minot ? Ado ? C’était « Petit Frère » qui te faisait vibrer ? Peut être étais-tu déjà technique en enchainant sans rythme et sans respirer, « Demain c’est loin » dans ta chambre le dimanche matin. Un album et des souvenirs. Du rap karaoké et 20 ans plus tard, du plaisir à chaque écoute. Florian
Il y a 15 ans
JAMES DELLECK – Acouphène (25 Mars 2002) .
Il y a 15 ans, on parlait de « nouvelles scènes », et le moins que l’on pouvait en dire, c’est qu’elles se portaient bien. Sorti la même année que Ceci n’est pas un disque de TTC et Asphalte Hurlante de La Caution, le premier EP de James Delleck ne rencontrera pas le même succès. Productions surprenantes, sonorités electro, flows imprévisibles et sautillants, le projet se révèle extrêmement daté, mais se réécoute avec nostalgie et respect pour le chemin parcouru. Florian
Il y a 10 ans
ANFALSH – Représailles chapitre 1 (12 Mars 2007) 10 ans plus tard, le cran d’arrêt est toujours aussi aiguisé, l’étendard balafré flottant haut et portant ces quelques mots : « A.N.F.A.L.S.H, shlass les traites et puis trainent les corps ». Sortie dans un contexte tendu à la suite des émeutes de 2006, teintée de règlements de comptes sous fond de dislocation du collectif, la mixtape se révèle être un véritable concentré de haine, intemporel et inégalé. Véritable pierre angulaire du groupe, Représailles se savoure toujours avec délectation. Florian
Il y a 5 ans
KLUB DES LOOSERS – La Fin de l’Espèce (5 Mars 2012)
Il y a cinq ans déjà sortait le deuxième album du Klub des Loosers. Et quel album ! Continuité directe de Vie la vie, nous retrouvions notre anti-héros Fuzati, quelques secondes à peine après l’avoir quitté. Ayant raté son suicide et résigné à vivre, le versaillais explorait alors les angoisses et les peines d’un jeune adulte désabusé par sa vie amoureuse, sociale et professionnelle. Toujours aussi efficace, on y revient comme le bon vin. Florian
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