Blu, Good to be Home

In Chroniques by Julien LVRFLeave a Comment

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Nombreux ont été les auditeurs traumatisés par Blu. Ce qui ressortira le plus chez eux, seront tout d’abord les disques produits en collaboration avec Exile, combinaison parfaite des boucles du producteur et de la poésie du rappeur. Mis à part ces deux excellents albums, qui, à part les fanatiques purs et durs, se targueront de citer d’autres projets importants de Blu, et surtout de qualité égale ? Pas grand monde, je vous vois. Blu est un excellent rappeur de l’ouest underground, qui sait s’entourer, présent depuis pas mal d’années, mais reste une personnalité moyenne du hip-hop jeu malgré une productivité certaine, pas toujours récompensée qualitativement.

Et si Good To Be Home, tout frais double-album, était vraiment l’opus dans la continuité de ses deux meilleurs projets ? NoYork, son album initialement prévu pour la Warner, retiré ensuite, et balancé dans la nature par Blu était assez expérimental, et surtout ne mettait pas vraiment en valeur les qualités lyricales du Cali-MC. Des « best of » de ses collaborations (nombreuses) sont également sortis entre temps, mais pour qui connait le parcours du bleu, pas de réelle surprise et surtout une grande part de réchauffé. Un EP intéressant avec Nottz, deux autres avec MED & Madlib… L’impatience montait donc doucettement à l’annonce de GTBH, et l’on s’attend à tout, ou à…pas grand chose. C’est le lot de Blu, capable du sublime comme du fade.

C’est avec Bombay, producteur californien comme lui, amateur de boucles chaudes et de samples vocaux créatifs, et quasi inconnu au bataillon, que le MC s’acoquine pour ce double disque, lui qui aime la cohérence d’un seul producteur sur un projet. Good To Be Home ? Plus qu’un retour à la maison, c’est un retour aux sources du HH cool californien que le MC s’offfre en compagnie de Bombay. Narration impressionniste du quotidien de l’état de l’extrême-ouest, insouciance côtière et facettes gangsta-californiennes, Blu dépeint sa jeunesse sans vraiment sortir du présent. Régionalisme exacerbé et amour pour le verbe, il s’entoure des meilleurs (FashawnProdigyPlanet AsiaEvidence…la liste est – très – longue) pour nous envoyer ses instantanés de vie, joyeux ou pas.

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Un reproche, tout de même, malgré l’ambiance générale cali-nostalgique assez bien maîtrisée : le manque de liant entre les titres. Qui sont nombreux, rappelons-le. Vingt morceaux sont compliqués à nouer réellement entre eux, même si l’atmosphère semble homogène. Et si l’on ajoute à cela le nombre de featurings, que je ne m’amuserais pas à compter, nous sommes déjà beaucoup moins dans l’optique d’un album ultra-personnel, comme il a pu nous en offrir avec Exile, mais à la limite de la compilation ou de la « mixtape ».

Malgré tout, l’auditeur ne tombe que très rarement dans l’ennui. Blu ne s’enlise pas et distribue les phases comme de doux coups de boutoir, avec son reconnaissable flow Q-Tipien. Les références sont légion, mais destinées aux avertis : les néophytes de la côte Ouest auront certainement un peu de mal pour saisir l’entièreté des quotes, souvent bien dissimulés entre les (nombreuses) lignes. Clin d’oeil, hommages et respect à sa région d’origine,  Good To Be Home n’est pas la pépite ou le summum d’une carrière que tout le monde espérait, mais reste un excellent disque d’été, à foutre à fond dans la caisse. Finalement, ne serait-ce pas le véritable but de ce double-album, et ne représente t’il pas davantage la Californie que ceux d’avec Exile, beaucoup plus soulful et travaillés textuellement ? Dans tous les cas, nous riderons volontiers là-dessus accoudés à nos voitures de luxe, vêtus du meilleur linge, ou en short et claquettes sur la route de la plage. De Californie ou d’ailleurs.

Disponible : à l’écoute ci-dessous + iTunes – 2CD – 2LP

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Julien LVRF
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