Avec « Bisous », Myth Syzer mêle rose et noir

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Date de Sortie : 27 Avril 2018

Label : Animal 63

Production : Myth Syzer

Featurings : Muddy Monk, Bonnie Banane, Aja, Ichon; Lolo Zouaï, Oklou, Loveni, Doc Gyneco, Clara Cappagli, Jok’Air, Roméo Elvis,

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Au fil des années, le nom Bon Gamin a acquit un statut important. Tributaires d’un rap léché mais brut, porteurs d’une imagerie soignée et convaincante, Myth Syzer, Ichon et Loveni ont fait leur place au fil de quelques projets et morceaux déjà cultes, pour un public qui reste malgré tout assez niché.

Bisous, le premier album solo de Myth Syzer, architecte du groupe, permet à Bon Gamin d’aller chercher une audience supplémentaire sans pour autant faire de concessions. C’est peu après une rupture amoureuse douloureuse que le producteur se lance dans ce projet. Rupture qui va finalement donner une véritable ligne directrice à cet album.

Syzer produit l’ensemble du projet, apparaît vocalement de manière épisodique, mais semble surtout avoir réussi à diriger l’ensemble des invités dans une direction bien précise. Bisous traite des problèmes amoureux sous toutes leurs formes : instants de grâce, grosses déprimes (et idées suicidaires), trahisons, moments d’alchimie… Un spectre d’émotions exploré de manière directe et  réelle, mais plongé dans une esthétique tellement marquée que l’ensemble prend une teinte étrange, qui pourrait presque rappeler les rudes amourettes du versant le plus opératique des deux premières saisons de Twin Peaks.

Cette imagerie mêlant l’eau de rose et la noirceur est poussée jusque dans les visuels, à l’image des teintes pâlottes de la pochette, proches des flash-backs de soap-opéras. La grande performance de ce disque, c’est finalement d’avoir réussi à fédérer autant de monde, de chanteuses plus ou moins anonymes, à des rappeurs proches de lui, autour d’une idée assez abstraite. Il est rare qu’un album de producteur soit aussi cohérent. Et ici, cela a clairement à voir avec les choix de Myth Syzer.

Les effluves des années 80 et 90 qui règnent sur ce disque viennent parachever une direction artistique actuelle mais audacieuse. Une vibe que l’on retrouve tant dans les sonorités – dans le choix des synthétiseurs par exemple – que dans la manière d’appréhender les thèmes, ou dans les visuels. L’album se veut ancré dans quelque chose de très nostalgique, qui renvoie à des émotions déformées par le passage du temps, mais que l’on ressent tout de même de manière sincère. C’est ce délicat équilibre qui incarne toute l’originalité de Bisous.

Par son savant mélange entre la chanson et le rap – mix qui ne tourne jamais à l’artificiel – Bisous est aussi l’un des disques les plus ancrés dans son temps que l’on ait écouté depuis un petit moment. Il parachève ainsi d’intégrer le rap français dans la pop music.

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Nadsat
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