Sopico, plume fine et cœur lourd

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©Lucas Matichard

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Date de sortie : 26 janvier 2018

Label : 75ème Session

Production : Sopico

Featurings : Sheldon, Népal

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YE de Sopico, ou comment réconcilier banger et poésie, guitare et trap, finesse et force…

Guitare en main, nostalgie dans la voix, le grand public découvre Sopico au hasard d’un Colors Show parfaitement maîtrisé par l’artiste. Un timbre de voix, une mélodie subtile et des thèmes forts, le jeune membre de la 75ème Session fait preuve d’une maturité musicale impressionnante et s’attire les faveurs de la foule, s’ouvrant un peu plus grand la porte qui conduit au succès. Du hasard ou de la chance, il en faut pour parvenir à sortir de l’anonymat. Sopico n’en a pas eu vraiment besoin.  “ Si je suis premier c’est que j’ai taffé“ chante-t-il dès l’ouverture du disque. Le rookie viens défendre son YE et réinvente le banger. “Pas 10 façons d’faire brûler la magie / Tout s’transforme et la musique naît ».

Sopico est de ce genre d’artiste intelligent et sensible, de ceux qui apprécient l‘art de la performance et la maîtrise de la beauté. Paradoxal, antinomique, l’association entre ces deux idées ne se fait pas fréquemment, parce que l’artiste, l’instrument, la rime ne rencontre pas souvent le performeur, la technique, le verbe.

Derrière cette affirmation un peu mystique se cache un projet un peu fou, celui de faire coller deux mondes, deux langues pour en former une nouvelle. Le YE de Sopico veut concilier le yeah du banger, de la compétition et de la technique comme sur « Nevermind » ou « J.Snow », avec le YE qui s’élève, qui flotte et qui sonne bien, avec par exemple « Bonne étoile »,  « Arbre de vie », voire « Press Play ». Une guitare comme fil d’Ariane, un flow avec plusieurs nuances, des textes travaillés et précis sur des prods trap assez dures et dissonantes. Un essaie plutôt réussi qui affine un peu plus le style du rappeur déjà très mature dans ses inspirations. YE est définitivement rap, mais aussi très rock et parfois électronique.

Le jeune membre du Dojo Clan et de la 75ème Session fait partie d’une école qu’on ne présente plus tant le collectif est remarqué et remarquable. Ce bon Nepal ou l’incroyable Sheldon pour ne citer que les rappeurs en featurings sur le projet ont prouvé à quel point le logo est un gage de talent. Mais Sopico alias Sofiane semble, à l’heure de son deuxième projet, ne jurer que par lui-même, pour mieux établir le monde qu’il dessine, au fur et à mesure des sons qui sur YE sont tous autoproduits.  Une cohérence dans l’enchaînement des titres se détache, tout comme dans les thèmes de l’album qui traite du voyage / qu’il soit introspectif, temporel ou réel, de la volonté, de la prise de risque et de l’échec en passant par l’expression des sentiments “ j’écris des trucs tristes ou qui font sourire, j’vois ma vie comme une chute pleine de plaisir” confesse-t-il dans une interlude à l’allure d’interview.

Frais et jeune dans les flows et l’attitude, sombre et mature dans les textes et la musicalité, Sopico impressionne, et dessine la suite de sa carrière d’un coup de crayon sans bavure. Un univers qui se définit de plus en plus et qui, au milieu d’un rap qui se popularise et qui vit à la vitesse du numérique, frappe par sa singularité, son authenticité et son réalisme. « Ingrédient secret et les choses se passent/ Jeune rebeu fait des poèmes ». De quoi coller avec l’attente de son public grandissant.

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Antoine
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