Odezenne, Mines de « Rien »

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Odezenne. Derrière ce nom ne se cache pas un groupe, mais tout un univers. Composé d’Alix, Matias, Jacques, et DJ Lodjeez, le groupe possède une identité bien à lui, avec des sonorités planantes et des textes construits comme des bouts d’énigmes sans solution définie. Depuis leur second opus, Sans Chantilly, sorti en 2012, le groupe n’avait pas composé grand chose, défendant leur projet sur les routes d’Europe et les scènes des gros festivals. Un voyage à Berlin plus tard, Odezenne revient avec Rien, EP dont le concept s’étend jusqu’à la pochette blanche où il ne figure… rien.

C’est d’ailleurs par « Rien » que débute l’EP. Nous vous en avions déjà parlé de façon détailléeavec son très bon clip, ce titre annonce la couleur du projet : sonorités typées analogique et flows planants, se fondant avec les synthés moog, crachant tout ce qu’ils ont. Le groupe y expose également son état d’esprit, dans lequel les rappeurs ne semblent vouloir rien dire, permettant à l’auditeur d’en entendre beaucoup.

Ou plutôt, d’entendre ce qu’il a à entendre. Ce qui nous amène de façon logique à « Chimpanzé » . Deuxième titre de cet EP, l’ambiance se fait pesante, solennelle, balancée entre la mélancolie de la guitare et l’oppression des synthés. Des images nous sont livrées en vrac, entre absurdité et cynisme, la diatribe d’un chimpanzé envers son espèce, envers le monde qu’elle en a fait. Cette diatribe semble continuer dans « Novembre » , qui cette fois ressemble à un appel à l’aide, l’envie de trouver une relation saine, qui – pour une fois – complèterait au lieu de détruire. Dénoncer l’illogique pour appeler à la cohérence.

Outre sa cohérence musicale irréprochable, la force de cet EP est la façon dont s’enchaînent les titres, tant musicalement qu’au niveau des thèmes. Ainsi, entre ces trois premiers titres vient se glisser « Je veux te baiser » , dont l’ambiance frôle avec le kitsch des années 80. Sonorités synthétiques, rythme entrainant, par-dessus les nappes de synthés se glisse l’ode poétique à la chair, le sexe sans le cœur, car « si l’amour est à gauche, priorité à droite » . Avec ces images automobiles tout aussi kitsch, on accroche ou non, mais on ne reste pas indifférent, le superbe clip du morceau semblant prendre à contre-pied l’intégralité du texte.

« Dieu était grand » viendra conclure le projet et compléter de façon logique l’ensemble par une conclusion cohérente. Mis en avant de la finitude, l’acceptation de la fin, la musique s’emballe avant de disparaître. Faisant de Rien une œuvre maîtrisée du début à la fin, achevant de lui donner une identité unique, et l’envie de remettre le diamant sur la face A du vinyle.

Rien disponible en écoute et à l’achat (vinyle, CD, digital) sur le Bandcamp du groupe.

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Nicolas

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