Le mois de Juin ne nous a pas laissé une minute de répit. Loin d’attendre patiemment la période estivale, les kickeurs de tous horizons nous ont offert une fin de semestre des plus chargées. Albums et clips en pagaille, retours attendus dans tous les styles, anniversaires, voici votre désormais rendez-vous obligatoire de fin de mois, avec le meilleur de ce que l’on n’a pas ou peu traité dans nos colonnes.
LES NEWS
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VALD et le maillot du PSG, S01E01
VALD et le maillot du PSG. De passage éclair sur la planète Mars pour le festival Marsatac, c’est l’œil taquin et la mine réjouie que ce bon vieux Valentin a profité de l’occasion pour revêtir ses plus beaux apparats, afin de rendre un hommage peu scrupuleux à l’équipe de football locale. Faisant les choux gras de la presse sportive, cette bien bonne blague n’a pas vraiment été du goût de la société gestionnaire du Vélodrome et pourrait désormais se terminer devant les tribunaux. Lire l’article.
20/06/17, Décès de Prodigy
Comme la paume d’une main d’un chauffeur poids lourd qui s’abat de toute sa force sur la figure, on reste incrédules, dans l’incompréhension, à la limite du déni. Cette mort aussi brutale que son œuvre nous rappelle que rien n’est immortel. On se sent désarmés alors on fait ce que l’on sait faire, rendre hommage en musique à celui qui durant plus de deux décennies à donné ses lettres de noblesse au rap made in Queensbridge, mais surtout au rap tout court. 10 tracks symboliques en l’honneur d’Albert Johnson. Lire notre Article.
La FF crâme Marsatac
La FF se reforme à la maison le temps d’un concert ; après avoir porté Marsatac de leur notoriété, c’est au tour du festival de ressusciter l’Art De Rue, dix ans après la séparation du groupe. Ils s’ajoutent à une programmation chargée et éclectique, de Prince Waly à $uicideBoy$. Mais le retentissement des performances de la nouvelle scène, hexagonale ou transatlantique, s’éclipse dès le lendemain face à l’ampleur de cette fête aux allures de revival et résolument marseillaise, restée sur toutes les lèvres et dans toutes les oreilles, encore.
Rap, coups de soleil et festivals.
Vald, Sofiane ou encore Columbine, cet été la programmation des festivals sonne rap. Les traditionnels articles traitant de « Comment survivre en festival » ont oublié d’ajouter à leur indispensables conseils pour bacheliers encore frais, un guide du dab et une courte introduction à l’art de jouer les backeurs quand on connait pas le refrain. Pas grave, les jeunes festivaliers apprendront de leurs ainés chevronnés sur le tas, yeux écarquillés et cervicales foulées.
Voir la liste.
LES PROJETS
KENY ARKANA – L’Esquisse Vol.3
Des confins de ses montagnes du Sureste Mexicain Keny a entendu l’échos de la rage, il fallait un printemps social pour revoir fleurir Arkana. Le volume 3 de l’esquisse continue sa double mission, dessiner un idéal pour le pueblo tout en raturant un système de sa rabia. Un album qui sans surprise respire le mysticisme et la spiritualité mais à la combatitvité réelle. Ne faisant qu’une avec la puissance des éléments Keny Arkana dépasse ses propres éceuils et offre une vraie nouvelle envolée dans ce rap où elle oeuvre seul. Théo
JOK’AIR – Je Suis Big Daddy
Si les autres membres de la MZ ont rendu les armes, Jok’Air lui reste fidèle à la Dictature de Davidson. Après un EP qui laissait entrevoir le champs de tir du Patron, son album vient affirmer une identité singulière en martelant « Je Suis Big Daddy ». Fini les escarmouches timides en dehors du rap, le Jok’Air enfile le parfait treillis de camouflage tricolore rap/variété/R’n’B et sort des tranchées. Qu’elle soit chantée, débitée ou fredonnée sa sincérité est un surin perforant en douceur la peau, avec ou sans mafia « [sa] dope sera inévitable comme les impôts ». Théo
VINCE STAPLES – – Big Fish Theory
Avec « Big Fish Theory », Vince Staples livre une véritable expérimentation à la croisée du rap, de l’electro et de la bass music, laquelle se dérobe à toute catégorisation définitive. Une grosse prise de risque donc, et un pari clairement réussi. Ce deuxième album solo du rappeur de Long Beach est pétri d’un ping-pong d’influences, à travers les productions de Sekoff et Sophie (principaux producteurs de l’album) et les interventions de Flume ou Justin Vernon de Bon Iver (sur l’intro). Dans ce palais des glaces sonore, Vince Staples a également invité Juicy J (sur l’entraînant « Big Fish »), Kendrick Lamar et Kucka (sur « Yeah Right » signé Flume, peut-être le meilleur morceau de l’opus) et ASAP Rocky sur « Samo ». Les instrus sont variées, le plus souvent efficaces et énergiques (« Bagbak » et « 745 »), et le thème de la condition des Noirs aux Etats-Unis toujours très présent. L’intro « Crabs In A Bucket » sur les dessous peu glorieux de l’industrie de la musique évoque d’ailleurs celle de la série The Corner, qui avait été réalisée dans le sillage de The Wire. Toutes proportions gardées, Vince Staples vient peut-être de livrer le « Yeezus » de sa jeune carrière, tant l’ensemble du projet est innovant et maîtrisé de bout en bout. Hugo
INFINIT – Nsmlm
Cher Christian, Pourquoi diable as-tu attaqué en justice Infinit alors qu’il ne faisait que dresser ton parcours scolaire ? Tu n’as fait que sortir de l’ombre ses ambiances solaires. Alors bien qu’il est toujours La Haine c’est pour te remercier qu’il a intitulé ce projet sortant d’En Bas Fondation, NSMLM. Tu es donc convié à un barbecue de l’amitié sur le toit de sa cité. Apporte les merguez et DJ Pone fera rententir le nouvel hymne du 06, sur ses scratchs tu te déchanchera à ton aise. Inf a également demandé à ce que tu gares ta Golfe sous le porche il viendra te prendre en Porshe pour aller jouer au golf. Bisous le zin. Théo
DJ KHALED – Grateful
Enfin, le voilà. Après des mois et des mois de promotion intensive, à base de post insta, de mise en avant de l’enfant roi, de conseils major key, et de Jordan en édition limitée, Grateful est là. DJ Khaled est à l’apogée de sa carrière, en témoigne la multitude de guests. Nicki Minaj, Drake, Alicia Keys, Calvin Harris, Justin Bieber, Rihanna, Nas, Rick Ross et même le couple JayZ-Beyoncé. Tout le rap américain s’est réunit pour chanter en se donnant la main, son amour de l’exagération.. Pourtant, si la tracklist annonce la démesure de l’album, ce dernier ne tient pas toutes ses promesses, 22 pistes construites comme un véritable melting pot d’influences, allant du morceau rap à la chansons urbaine, Grateful a tout de l’Etalon radiophonique, prêt à abattre tous les records. Pourtant les productions de DJ Khaled se trouvent vite être extraordinairement redondantes. La surenchère de featurings et la multitude d’ambiances ne permettent pas au projet de trouver sa véritable cohérence. Comme quoi parfois, partir gagnant sur le papier ne suffit pas. Florian
MAKALA – Gun Love Fiction Ep
« Ouais, ouais, c’est d’la bonne, alors imagine l’album / Ça, ça vient du coeur, et ça s’loge entre les yeuz ». Avec Gun Love Fiction, Makala et Varnish La Piscine se mettent en Strike Mood et entendent bien foutre tout le monde à terre. Les 6 morceaux du projet sont légers, raffraichissants et font grandement du bien dans le paysage du rap francophone. Bon, on commence à être habitués avec les gars de la Superwak Clique. Pink Flamingo (assurément l’un des beatmakers les plus talentueux du moment) pond des prods toujours aussi belles et accompagne au chant LeMak, qui excelle dans son art. Les instrus sont entrainantes, groovy, avec des sonorités parfois funk comme sur le tube Piscine Privée ou encore sur Algenubi. La musique est enivrante, si bien que même les headbangers les plus convaincus sont envoutés et se surprennent à adopter de nouveaux moves. Bon, tu l’as pigé Makala « sors l’album s’teuplait ». Arthur
QUAVO – Atl
Après avoir rappelé au monde entier qui sont les rois de la Culture qui influencent la planète rap actuelle avec Offset et Takeoff, Quavo se lance en solo avec ATL. ATL, trois lettres en majuscule pour rendre hommage à Atlanta, capitale de cette culture reine. Un album sorti sans un bruit qui est en réalité une compilation de morceaux déjà existants, sans doute pour rendre hommage à la scène de leur ville. On y retrouve ainsi des tracks comme Blackman de T.I, avec Meek Mill et Rara, 200 000 avec Lil Uzi Vert ou encore More avec OG Maco. Le Black Beatle n’offre rien de réellement nouveau, si ce n’est une belle sélection de 11 de ses innombrables tracks. Pour le « premier album solo de Quavo » faudra repasser. Arthur
JOSMAN – 000$
Après son très bon EP « Matrix », et une tournée de concert en compagnie de Slimka, Di-Meh ou Take a Mic, le plus parisien des rappeurs de Vierzon, revient avec 000$. 14 titres dans la continuité de son précédent projet dans lesquels Josman déroule ses thèmes de prédilections, et se réinvente au fur et à mesure des brides de ses storytellings. En fumant sa weed sur les trottoirs du 9.3 ou dans le lit d’une conquête qu’il rendra malheureuse, le jeune kickeur construit son personnage sur son premier projet d’envergure. Parfois trop homogène, 000$ comporte son lot de gros titres et de bangers efficaces. Florian
IAM SU! – Boss Up 3
Le californien ne s’arrête plus ! Réglé comme tocante helvétique, le camarade stackanoviste continue de nous livrer ses projets à une cadence de mercenaire. Après nous avoir livré Boss Up en février puis Boss UP 2 en avril, c’est fort logiquement Boss Up 3 que nous offre Iam Su ! en ce joli mois de Juin. Des tubes Hiphy, quelques ballades, le tout saupoudré de Chill, la recette commence à être connu pourtant l’univers sans prétention mais efficace d’Iam Su ! vise juste. Comme toujours l’EP sent bon le rap de la Bay, ses plages ensoleillés et son oisiveté. Comme toujours enfin, le rappeur n’oublie pas d’inviter quelques copains et donne cette fois la réplique à 24Hrs, Show Banga et Skipper. Florian
LUCIO BUKOWSKI – Aucun Potentiel Commercial
Il ne se passe décidément pas un mois sans que nous ayons le plaisir d’évoquer Lucio Bukowski dans nos bilans. Après la sortie de son livre « Je demeure paisible au travers de leurs gorges » c’est au tour d’ « Aucun potentiel commercial », nouvel EP gratuit, de voir le jour. La sortie était prévue mais la date incertaine et c’est sans communication aucune, que notre lyonnais préféré, nous a livré ce 6 titres solide et brûlant. Et le moins que l’on puisse dire c’est que ça rap. S’entourant de I.N.C.H, Crown, Goomar, Exodus, Scratch Bandits Crew et Soulchildren à la production et de M.E.D, Declaime, Grems et Nikkfurie pour partager le micro, Lucio rappelle une fois de plus et sans mal, qu’il est l’un des meilleurs de ce foutu jeu. Florian
RETRO X – Digi
Noyer la peine dans le lean et la haine dans les yeux des filles jusqu’à ce que mort s’enivre, telle la raison d’être de Digi. Redcup à la main, Retro X se défonce pour la libertad, la chante comme sa solitude sous le soleil parisien. La musique, signée Nxxxxxs, S Boy ou Alan Mayers, est belle, et Retro nous chante à l’oreille le cauchemar du quotidien en vert & violet. Expert en éthologie, omniscient dans sa défonce, Retro observe et crée, chantonne et se laisser planer… Sur les nuages, dans la lune ou au dessus du soleil, il est dans c’fucking Djinn. Maëlle
SZA – Ctrl
Après deux mixtapes et des mois à teaser la sortie de son premier album au sein de l’écurie TDE, la belle et talentueuse SZA, nous livre enfin « Ctrl », un album enivrant. Un peu de pop, de la nusoul, des textes autobiographiques, et une bonne grosse dose d’influence Hiphop, sur « Ctrl » Solana Rowe fait des merveilles et chante l’amour et l’amitié dans l’Amérique actuelle. Parfois cru, mais toujours juste, l’album se révèle sensuel et très cohérent. S’entourant d’Isaiah Rashad ou de Kendrick Lamar, elle réussit un joli tour de force et se place sans mal parmi les sorties RnB les plus intéressantes de ce premier semestre. Florian
SIBOY – Special
Teasé à merveille avec le clip de Téléphone, Special est un violent mélange de bangers addictifs et d’émotion encagoulée. Siboy se dévoile et vidange la haine, passe de la mélancolie à la violence sans transition et ça résonne encore une fois le disque terminé. Coeur craquelé puis recomposé au rythme de ses rimes embrasées, à nu puis revêtu de sa plus belle trois trous de youvoi, les influences sont clairement identifiables mais bien digérées. Le Marabou est « nwar comme l’habitacle de Lucifer » et trouve sa place assise dans le Train Grande Violence du 92i ; Au revoir merci. Maëlle
LOMEPAL – Flip
Pour son premier album, Lomepal aura pris son temps. Celui qui a commencé le rap pour s’amuser, juste pour essayer, s’est vite pris au jeu jusqu’à devenir, à mi chemin entre la Belgique et la France, l’un des MC les plus originaux de ce nouveau rap francophone. Une ambiance follement éclectique, des sonorités électro, des featurings avec Caballero, Superpoze, Roméo Elvis, Lost et 2Fingz, des clips construits comme des petits bijoux d’esthétisme véritablement bluffants, de Flip se dégage l’amour de « l’album bien fait ». Un premier album abouti qui confirme tout le sérieux de Lomepal et son équipe. Florian
FOCUS SUR :
OCKNEY – Stand de Tir
Loin d’être une croisière de luxe dans cette tempête de rimes, le cap est maintenu. Avec Stand de Tir, Ockney nous livre un EP d’une excellente facture, sans prétention mais terriblement efficace. Réservé aux clients VIP, c’est aux irréductibles frérots qu’Ockney s’adresse. Quant à la concurrence, qu’elle commence à l’appeler chef…
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FIXPEN SILL – A4637
Dans le dernier EP, A4637, le groupe n’abandonne ni la rime, ni le texte, ni l’ego-trip, ni la douceur. Mais l’identité Fixpen Sill semble se décliner dans une nuance différente d’une même couleur. Sept titres qui se complètent un à un et qui viennent donc s’ajouter à leur palette.Retour sur 25 minutes de rap façon Fixpen Sill.
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Jupiter A.K.A – The Great Red Spot
Août 1977, Jerry Ehman, astrophysicien, enregistre une fréquence inconnue venant de l’espace, laissant ouverte la voie d’un message extraterrestre. Juin 2017, Antonio Paris, professeur d’astronomie, démontre que la fréquence est due au passage au même moment que l’enregistrement de la comète 266P. Mystère résolu, affaire classée ? Pas si sûr.
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LALA ACE – En attendant XX
Ekip toujours floqué sur le blouson, Lala Ace continue sa route et prend petit à petit, depuis Londres, une place de choix parmi le peloton de tête du rap hexagonal. Après nous avoir délivré sa « Parole de Lean« , et le scintillant « Bright » le mois dernier, la prêtresse de la secte 667, reviens aujourd’hui avec « En attendant xx », une mixtape cinq titres, courte et efficace.
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GUTS – Stop the Violence
La saison chaude arrive avec ses montées de thermomètre rythmées, comme chaque année, par le retour estival du plus funky des producteurs français. Pour cette saison, Guts a repoussé une nouvelle fois sa poursuite du beat parfait et de samples galvanisés en direction du jazz-groove, de l’afro-disco et du funk. Dopé par cette nouvelle génération composée de la soul de Wolfgang Volburn, du reggae de Mary May et du jazz rap de Beat Assaillant, regroupés dans ce mini-album, Guts sponsorise ta bonne humeur balnéaire à grands coups de cadences tropicales. Et pour continuer d’illuminer notre été, Guts sortira avec son acolyte Mambo son ultime volume Beach Diggin’ 5 qui annoncera la fin d’une série de compilations plus ensoleillées les unes que les autres. Agathe
YOUNG THUG – Beautiful Thugger Girls
L’annonce d’un « singing album » produit par Drake et dont les premières notes country amusent plus que n’étonnent ne pouvait être portée que par le seul capable d’harmoniser un tel bordel. Beautiful Thugger Girls abolit les frontières du rap que Young Thug s’efforce d’anéantir depuis des années en brouillant la distinction entre chant et rap. S’il chante les relations tabassées puis réanimées et saigne les déclarations d’amour tout au long de l’album, chaque titre, relativement autonome, se révèle être un prétexte justifiant telle ou telle direction. Seuls les mastodontes Future, Snoop Dogg et Lil Durk amènent une part de classicisme en s’accrochant à ces virages stylistiques. C’est finalement un de ces albums désarmants, magnétiques, étonnamment géniaux, à écouter en boucle sans vraiment savoir pourquoi. Agathe
JAY Z – 4:44
Au terme d’une communication digne des grandes heures d’Apple ayant agité le métro New Yorkais comme le reste du monde, le plus célèbre des rappeurs de Brooklyn a sorti 4:44, son treizième album. Disponible en exclusivité sur sa plateforme Tidal, l’album comme prévu a enflammé la toile, chaque auditeur y allant de sa fine analyse. Et pendant que les plus fidèles aficionados érigent des autels à la gloire de ce nouvel évangile, les plus cyniques, clament ne pas être surpris, et osent même se dire un peu déçus. La vérité se trouve sans doute au milieu. Toujours est-il que Jay Z nous a livré un album instinctif et direct, prêt à devenir classique au fur et à mesure des écoutes. Florian
LA CANAILLE – 11.08.73
Quatrième album studio pour La Canaille, qui après Deux yeux de trop en 2015, revient en cette fin de semestre avec 11.08.73. Le titre se veut une référence directe à Kool Herc et à sa première Block party du Bronx. Un retour aux origines du hiphop et à ses oldies, pour un rap ouvert et porteur de récit. La Canaille rappe ici, des fragments d’histoire. Celle avec un grand H, d’abord mais surtout la sienne. Avec des écrits humbles et une prestance, la plume de Marc Namour, comme souvent fait mouche et l’on se laisse volontiers transporter par la multitude d’ambiances, pas forcément évidentes, qui composent le projet. Un tableau complexe pour un album parfois trop dense, que l’auditeur devra faire l’effort de s’approprier, si il veut en discerner toute la complexité. Florian
CHIEF KEEF – Thot Breaker
2014, à l’aube de la sortie de Bang 3, Keef annonce l’arrivée de Thot Breaker et d’une flopée de mixtapes qui ne verront finalement pas le jour. Mais trois années plus tard, en ce mois de juin 2017, il dévoile le tant attendu « briseur de pétasse ». Non ne vous méprenez pas, il s’agit là du Chief Keef le plus « romantique » que vous ayez entendu, se laissant guider par son égo blessé sur les productions de Mike Will Made It et D.Rich. À en croire son producteur CBMix, tous les morceaux sont récents et totalement éloignés du concept initial du projet. Autre nouveauté, l’album est sous le signe du « Sosa&B », un genre musical que le boss du Glo Gang définit comme étant un mélange de pop et de RnB sauce Sosa. Bref, un virage surprenant dans la carrière du roi de la drill, mais pas déplaisant. Arthur
LPEE & LUCCI – PL1106
Lucci et Lpee, sont Tontons Flingueurs et surfeurs d’une vague d’émotion qu’ils alimentent à force de poser des 16 tous prop’ et net. Noyés dans la sson-boi et dans une baïne de sprite codéinée, se laisser emporter est la nécessité, puis lâcher la prise d’un hood matrixé. Groove et samples de jolis solos d’éléctrique, se mèlent à une trap efficace et gentiment découpée par des flows précis et des jeux avec les temps réussis. Avec PL1106, les compères font rimer flouze et blues, quand l’amour pour elles et pour leurs bougres, s’emmêlent et s’entremêlent avec la haine. Maëlle
BOBBY – Garçon Facile
Le thème est limpide : les filles, les femmes et la séduction : Bobby est un Garcon Facile et il adore ça. Loin du gang bang et des class(iques) injonctions à la fellation, il a trouvé la solution : ça marchera mieux en le disant avec des mots doux et des mélodies jolies. Pour elles il arrêtera de vendre de la drogue et poussera même la chansonnette en l’honneur de leurs postérieurs. L’album est un receuil de chansons d’amour avec autant de déclinaisons que de filles ; il veut rider la ville avec Elsa, aimer Tamara, s’oublier avec Agathe et posséder Sarah. Et si avec ça, il a pas réussi à en serrer une seule… Maëlle
BIFFTY – Souyegod
Organiser la riposte et surtout le prochain apéro, tel est l’objectif de vie du Souyon, et SouyeGod en est l’anthem. Vulgarité à foison, mots explorés puis criés à qui veut bien les entendre, le trop est la norme est n’est jamais assez pour le Biffty. L’improbabilité du feat avec Nusky, doublé du plaisir de l’entendre sur les instrus trap de Weedim, surprennent, et les deux autres collaborations, avec Alkpote et avec MV de Eddie Hyde, font le taff. Mais, avant de dire « bravo et gentiment », il faudra attendre la suite. Maëlle
BIFFTY – Mega Bonus
Suite qui ne se fait pas attendre ; une semaine plus tard, il livre un Mégabonus, une Potion magique diluée dans les instrus sur-mesure de Weedim. « Putain d’artiste immoral », Biffty fidélise en offrant une nouvelle dose de backs caractéristiques et de rimes sheitanique. Massacres, cadavres, et grandes battes qui frappent et qui dépravent ; le stylo de Biffty rentre « dans toutes vos fentes » et te tire dans le dos, en Criminel briseur de félidés. Le tir est rectifié, Mégadose réconcilie et rassure : Biffty est « la flamme et Weedim c’est la torche », qui embrasent ce punk 2.0. Maëlle
BONES – NoRedeemingQualities
Si Bones et sa TeamSESH restent en indé, c’est pour rester libres dans leur art, mais aussi pour pouvoir sortir des projets gratos quand ils le désirent. Après Disgrace en janvier et Unrendered en avril, voici NoRedeemQualities pour ce beau mois de juin. Il s’agit du troisième album de l’année pour le prolifique « Th@ Kid », et d’un énième dans son incommensurable discographie. Dans ce nouvel opus, Bones fait ce qu’il sait faire de mieux : entrecouper des morceaux planants par des bangers conçus pour les mosh pits. Il alterne son flow doux chantonné avec ses hurlements dignes d’un fan de Behemoth, avec pour transition sa voix monotone au rythme saccadé. Les productions choisies par le rappeur renforcent comme toujours son univers sombre et sinistre de vagabond qui erre dans la forêt la nuit. On retrouve ainsi quelques-uns de ses beatmakers fétiches : Fleece, Hnrk ou encore Drew The Architect. La petite nouveauté, c’est le featuring avec Danny Brown, peut être pour se rappeler l’air des grands lacs du Michigan et l’ambiance de la lugubre ville de Détroit. Arthur
TAIPAN – Parlons Beuh
Il y a des albums comme ça. Tellement teasé, tellement annoncé, tellement rabaché, qu’on oublie de les écouter… « Parlons Beuh » est de ceux ci. Depuis Octobre dernier, juste après la sortie de « PAN », le rappeur de Montreuil, dévoilait son envie de sortir un projet exclusivement dédié à la fume et aux aléas d’une vie de bédaveur. C’est chose faite ce mois ci avec « Parlons Beuh », 8 titres à haute teneur en THC, déclaration d’amour aux collages à gauche, et au douilles bien coulées. Malgré le thème unique, le projet s’avère varié et relativement efficace. Ce bon vieux Pan n’est jamais avare de vannes ni de bon mots, et le projet trouvera forcément écho chez ceux pour qui « Hit The Bong » est LE classique et les Svinkels une religion. Les autres eux, ne pourrons refréner un sourire nostalgique en se disant : « Tu te rappelles ? Quand on avait l’âge de trouver ça drôle ?’ Florian
DENZEL CURRY – 13
Denzel Curry est toujours à son niveau ultime et continue de cracher des flammes intenses comme les bombes soviétiques. Tout droit sorti de l’obscurité, l’agressif gobelin de Carol City bombarde de napalm le gouvernement américain qu’il déteste par dessus tout et qui le rend complètement parano. Sur des prods violentes signé Ronny J (spécialiste des basses saturées), FNZ ou encore Vae Cortez, Curry est plus énervé que jamais et dégueule ses bars sur sur une société qu’il déteste. Cet asocial révolté n’oublie pas d’envoyer des scuds à ses ennemis, qu’il menace avec son glock de Megazord qui a la chiasse. Les 5 titres sont brutaux et rendent cette courte mixtape surpuissante. Le projet se termine avec Zeltron 6 Billion, sur lequel on retrouve la légende Lil Ugly Mane qui kicke avec Zel sur une instru funky. Lord Vader Kush régale avec 13 en attendant son prochain album Taboo. Arthur
LA FOUINE – Cdcc
Le saviez vous, il existe des oiseaux venimeux. Endémique de l’île de la Nouvelle-Guinée, le Pitohui bicolore est une espèce de passereaux venimeuse. En effet, la peau et les plumes de ces oiseaux contiennent une puissante toxine du nom de Batrachotoxine, le même venin sécrété par les célèbres grenouilles venimeuses d’Amérique du sud. Selon les scientifiques, le Pitohui bicolore a acquis cette toxine en consommant les scarabées Choresine qui en contiennent eux-mêmes.La Batrachotoxine peut-être utilisée à la fois pour dissuader les prédateurs et pour protéger ces oiseaux contre les parasites. Pardon ? Ce n’est pas le sujet ? Non mais c’est toujours plus intéressant qu’un nouvel album de La Fouine. Florian
BIG FLO & OLI – La Vraie Vie
A ce que l’on aimerait être gentils. Voguer à contre courant de la déferlante de haine virtuel qui s’abat sur le duo prépubère. Trouver un intérêt à ce projet. Un titre qui nous aurait fait vibrer, une ligne qui nous aurait fait sourire… mais non. Comme tout le monde nous réclamons lapidation. Après avoir été couvé, dorloté par l’industrie musicale et après avoir vécu leurs rêves depuis 2012, les toulousains ont grandi et découvrent donc la vraie vie. Une prise de conscience sociale, de la revendication politique ? Que nenni. La vraie vie de Big Flo & Oli, est comme il fallait s’en douter un album lisse, sans âme et sans saveur. Le problème ? Le duo donne dans le politiquement correct, le démago, rappe la bête bien-pensance et fait du rap pour plaire à ta mère, pendant que la moitié des lycéens de France vit sous Lean. Et ça franchement… c’est chiant. Vous voulez rendre service à vos enfants ? Faites leur écouter Necro, ils seront moins choqués en débarquant dans leurs premières soirées. Florian
YOUSSEF SWATT’S – Vers l’Infini et au delà
Jeune espoir d’une scène belge en pleine expansion, le jeune Youssef Swatt’s a prit son temps avant de nous livrer ce mois ci, « vers l’Infini et au delà », son tout premier album. Habitué aux plateaux I Rap Belgium, et aux vidéos Give me 5, le jeune tournaisien a fait son chemin et ces dernières années, s’est laissé le temps de se forger. Acquérir une aisance, murir son rap, travailler son sens de la formule, Youssef s’y est attelé jusqu’à nous livrer cet album 15 titres, à la qualité presque étonnante. Un rap classique, perfectible certes mais honnête et travaillé. Un premier opus qui annonce une future carrière sous les meilleures hospices. Florian
LES CLIPS DU MOIS
LES ANNIVERSAIRES
Il y a 25 ans
PETE ROCK & CL SMOOTH – Mecca and the Soul Brother (9 Juin 1992) Si vous vous posez encore la question de savoir pourquoi Pete Rock déchaine toujours autant d’intérêt, on vous invite alors à revenir 25 ans en arrière et vous reprojeter dans Mecca and The Soul Brother. Plus que le premier album du duo légendaire Pete Rock & C.L. Smooth, cet album est la première renaissance du Phoenix Pete Rock que l’on croyait à l’époque incapable d’un tel aboutissement, à tel point qu’il éclipsera le travail de DJ Premier sur Daily Operation. Thadrill
Il y a 20 ans
CAPONE N NOREAGA – The War Report (17 Juin 1997) Queensbridge, niveau devanture, c’est Nas et Mobb Deep (RIP Prodigy) mais c’est aussi des cartouches de fusil à pompe comme The War Report du duo CNN. Classique, pas classique ? Au fond on s’en fout car il suffit de se remettre la galette pour se prendre une rafale de street banger cuisinés par la fine fleur de QB. En 1997, l’Amérique était en guerre contre l’Irak et le rap new-yorkais reproduisait la violence de ce conflit, que ce soit dans ses rues ou contre la côte ouest. TWR en est son meilleur témoignage. Thadrill
Il y a 10 ans
MC SOLAAR – Chapitre 7 (18 Juin 2007) Il y a 10 ans sortait « Chapitre 7 », le 7ème (et dernier) album d’MC Solaar à ce jour. La plume y est toujours affinée, les métaphores riches de sens, et les vers recherchés. Jouant de la langue de Molière, Claude MC aborde des thèmes variés, souvent inspirés de ses voyages et de ses pérégrinations solitaire, en Afrique ou à New York. Dire que l’opus a marqué 2007 serait peut être un peu exagéré, pourtant grâce aux singles Da Vinci Claude, Carpe Diem et Clic Clic, l’album sera quand même double disque d’or. Florian
Il y a 5 ans
NIRO – Paraplégique (18 Juin 2012) Avec « Paraplégique », le rappeur de Blois sort sur le label Street Lourd une première mixtape d’exception. Niro y crache son venin sur la vie, la sienne. Celle du bitume, de la bicrave, des embrouilles et des nuits passées à dormir dans la Clio. Un rappeur ter-ter de plus ? Pas vraiment. Une voix, une attitude, avec Paraplégique, Niro impose sa plume sur le jeu, le domine jusqu’à largement le survoler. Dans Or Game, c’est finalement Niro lui même qui en donnera la meilleure définition : « Paraplégique ? Un gros classique à même pas 20ans. » Florian
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