Nasme, l’Entreprenariat Hip-Hop

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Nasme nous intrigue. Présent dans le milieu du rap indé depuis la fin des années folles du rap français, organisateur de concerts, gérant d’une boutique parisienne, backeur de Larry « Gros Gabarit » Flynt, et lui-même rappeur, le boug est multi-cartes. A l’occasion de l’une de ses sorties, au festival Terre(s) Hip-Hop, rencontre pour une heure d’entretien dans les loges du Canal 93, le temps d’évoquer son parcours, sa vision du business, et ses prochains projets. Belle rencontre avec un business man hors pair,  qui sait où il va.

Commençons par le début : ta première apparition, c’est sur mixtape en 1997, sur la 25e « What’s The Flavor » de DJ Poska. Comment tu t’es retrouvé là-dessus ? Il y avait tous les gros noms de l’époque…

A l’époque des cassettes… (rires).

En fait, je connaissais Poska depuis très jeune parce que sa maman, c’était ma nourrice, et c’était un bon pote de mon grand frère. Alors quand je me suis mis au rap, mon frère lui en a parlé. Poska a écouté ce que je faisais et m’a invité sur la 25ème. J’étais l’inconnu de la cassette, j’étais le seul qui n’avait rien fait et il m’a laissé une bonne place. Lors de la réédition en CD, pas mal de morceaux ont étés enlevés, mais il a gardé le mien. Pourtant je pensais ne pas avoir été très bon, ça c’est un truc d’artiste, on est perfectionniste.

A la même époque, entre 97 et 98, je squattais une boîte de nuit à Châtelet, et je faisais tous les open-mics. Et là-bas, tu rencontrais Busta Flex, les 2Bal 2NegPolo, les X-Men
Et un jour dans le métro, je rencontre par hasard Hifi que j’avais déjà vu à cet open mic. On est allé chez lui, c’était ambiance freestyle, toute la nuit, et il m’a dit qu’il m’inviterait pour son album. Ça, c’était en 1999. Et en 2003, il m’a appelé, et m’a invité sur son album. Entre temps j’ai eu beaucoup d’invitations radio, je faisais beaucoup de freestyles, des clashes…

Justement, on se souvient notamment de celui contre Effi Ello sur Sky. Qu’est-ce que tu penses des concours de clashes d’aujourd’hui ? Ça te parle ?

Oui, j’ai été jury dans Rap Contenders.  Ça ne correspond pas forcément au rap auquel je pense, c’est plus du stand up. C’est un mec sans instru, il n’est pas basé sur des temps musicaux, et le but c’est de faire rire. Si t’écoutes le clash que j’ai fait avec Effi Ello sur Sky, à cette époque les clashs n’étaient pas fait pour rire, c’était plus pour faire mal, et pas en insultant. C’est un autre concept encore. C’était vraiment un rap pour déterminer qui était le plus fort.

Et puis, c’était moins préparé que les clashes d’aujourd’hui ? 

Pour la petite histoire, et c’est la première fois que la raconte, le clash que j’ai fait avec Effi Ello était préparé à l’avance. Et à la base, quand j’ai signé leur contrat, c’était pour clasher contre un mec beaucoup plus connu maintenant. Mais il a refusé parce qu’il savait que je faisais de l’impro, alors que lui préparait tous ses textes. La seule chose qui n’était pas prévue finalement, c’était que ce soit Effi Ello en face de moi.

Et à cette époque, je n’écrivais pas beaucoup de textes, donc je suis arrivé avec une bouteille de rhum, je n’avais rien préparé et je suis venu freestyler…c’était 100% impro. J’ai même sorti des rimes ce jour-là que je n’avais jamais sorti de toute ma vie (rires). Si même à ce petit niveau, c’était préparé. Alors ceux qui sont en maisons de disques…

Tu t’es exprimé sur les réseaux à propos d’un certain clash récent de deux grosses pointures rap français…

En ce moment, je suis dans une petite polémique à cause du clash de Booba & Kaaris…à cause d’un statut Facebook, comme tu peux en mettre tous les jours, qui a été repris sur des sites internet. Ils en ont même parlé à la radio. Le lendemain matin de la publication de ce statut, je me suis réveillé, je ne vais pas te mentir, j’avais 860 demandes d’ajout, plus de 100 messages de gens que je ne connais pas. Je pourrais rapper tout ce que je veux, je n’aurai jamais ça. C’est la polémique. C’est le rap d’aujourd’hui. Si on peut en jouer, tant mieux. Si au milieu de tout ça, je peux gagner en visibilité avec juste un statut… Je l’ai même supprimé, le statut, parce qu’une semaine après, il y avait encore des gens qui le commentaient. J’en pouvais plus ! (rires)

Après, je ne l’ai pas vu de mes propres yeux [ce dont il parle dans ce fameux statut, à savoir que ce clash est préparé et calculé pour la promo, ndlr] mais la personne qui m’en a parlé, c’est une personne sûre. Après, ça peut être vrai ou faux. Je ne suis pas le garant de la vérité.  Mais si ce n’est pas vrai, personne n’est rien venu me dire, et pourtant je ne suis pas dur à trouver. J’ai une boutique, je suis tous les jours à la même adresse, j’ai un facebook et c’est moi qui répond. Et surtout, on se connait ! C’est ça le pire.

Certains m’ont envoyé des messages parce qu’ils pensaient que je voulais du buzz, alors que j’écris un truc comme tous les jours. Et puis je fais du rap, des clips, et ces mêmes sites n’ont pas relayé mes chansons. On ne sait pas pourquoi ils sont là ces sites. C’est NRJ12. C’est de la télé-réalité. Et bah là c’est du rap-réalité. C’est le même délire.

Je n’ai pas fait exprès de me retrouver dans tout ça, je ne suis pas un clasheur. J’ai arrêté toutes ces conneries, je suis plutôt dans la catégorie des gens qui disent que le rap c’est bien maintenant. Le rap indé c’est bien. J’encourage les artistes. Je suis pas dans l’égotrip non plus. Mais tu vois, avant cette histoire, mon clip « Ma Musique » était à 25 000 vues, aujourd’hui il est à 37 000 [trois jours après le statut, ndlr]. Alors qu’il est sorti il y a un an et demi. Bon ben si vous voulez… (sourire)

Tu organises depuis quelques années maintenant les soirées Réflexion Capitale, à la Miroiterie. Comment, du rap pur et dur, en es-tu arrivé à l’événementiel ?

C’est au moment où j’ai vu qu’internet prenait de l’importance, et créait de l’interactivité. Mais à cause de ça, les gens sortaient moins de chez eux. Et le rap indé comme je l’aime ou comme je le vis allait forcément mourir. C’était sûr. J’ai commencé en 2009. On fait la 47ème demain. 47 mois d’affilée dans la même salle ! On prend simplement des vacances en été. Ça ne s’est jamais vu, juste avec du rap indé. Et la salle est remplie. Parce qu’il y a une demande.

C’est aussi pour ça que j’ai créé une boutique pour que ces artistes et leurs projets existent plus longtemps. Parce qu’avant, c’était difficile de trouver leurs albums. La boutique, c’est une continuité de tout ça, des soirées. Au début de la Miroiterie, on était 50, et encore, 50 potos. Aujourd’hui, je préviens qu’une semaine avant parce que la salle est trop petite sinon. Un jour j’ai invité Shabazz The Disciple, du Wu-Tang, je n’ai fait que 12 heures de promo et c’était rempli à craquer.

« Moi je vois le rap d’une autre façon, j’entreprends.
Je ne fais pas que rapper. Rapper c’est nul. »
C’est le lieu qui attire les gens ? Ou le concept de la soirée ? 

A la base, le lieu repoussait les gens parce que c’est ghetto, mais ce qui ramenait les gens, c’était peut-être mon petit nom dans l’underground. Aujourd’hui ce qui rameute, c’est que c’est la scène la plus underground qui existe. Si tu veux écouter du rap indé d’aujourd’hui, c’est là que ça se passe.

Parce que dans cette salle là, j’ai invité des mecs qui font 250 000 vues sur internet et qui font du dirty, et quand ils viennent, personne n’aime leurs chansons. Et quand j’emmène un mec qui fait 5000 vues et qui rappe bien, et ben tout le monde est content, connait son refrain par cœur, tout le monde chante, tout le monde a envie de sourire. Ce n’est pas le rap que la radio a choisi. C’est un rap qui persiste. C’est un peu comme mon rap. Mais ça ne m’empêche pas d’être ouvert à différents courants du rap.

Comment tu fais tes choix de programmation ? Tu es le seul à choisir, d’ailleurs ?

Non, il y a  Stélio qui est là, et j’ai un autre associé à Marseille. Au début, on appelait les artistes et tout le monde refusait, même ceux qui se disent indépendants. Ils me parlaient de leur manager…c’est-à-dire qu’il n’y avait personne d’indépendant, en fait. Je me suis dit :   »je suis le seul indé ou quoi ? » . Je comprenais pas le délire.

T’as des français qui se disent indépendants, qui m’ont demandé 5000 € pour faire 20 minutes…c’est vrai hein ! Pour la Miroiterie… Ils n’ont pas les pieds sur terre, faut être réaliste. Moi, j’organise ça pour les mecs comme nous. Ce qui me fait mal au coeur, c’est que c’est eux que les jeunes écoutent en ayant une image faussée de qui ils sont véritablement. Ça me désole.

Ça te désole certes, mais pourtant tu es très actif…quelle est ta motivation ? 

La motivation… Tu vois là, je fais une tournée avec Flynt, avant ça j’ai fait une tournée avec Haroun de la Scred Connexion, j’ai fait une tournée tout seul, une avec Hifi, et une avec les Lunatic aussi. J’ai pu beaucoup voyager, voir et constater que mes potes vendaient beaucoup, et qu’on était dénigrés. Et je me suis dit qu’il y avait un truc à faire.

Moi, aujourd’hui, je vis du rap. Je suis intermittent. J’ai ouvert une société, j’ai une maison d’édition, j’ai une marque de vêtements. J’ai une boutique, j’organise des concerts dans toute la France et pourtant, je n’ai fait aucun album. Et je vois des mecs qui ont fait trois albums, c’est des stars, et ils n’ont jamais fait autant d’argent que moi dans le rap. Pourquoi ? Parce qu’à un moment, tout bêtement, ils ont voulu aller signer, vendre leur musique à des producteurs, et à la fin ils touchent 10 %.

Toi tu n’as jamais voulu vendre ta musique ?

Non, mais on m’a proposé. J’ai eu 18 contrats sous les yeux. Les maisons de disques m’appellent encore. Et pour mon album, les distributeurs sont venus me voir en concert, ils sont venus me chercher dans la loge pour passer avant les autres. Et depuis, j’ai eu dix demandes de distrib’…

Et tu refuses à chaque fois ? 

A chaque fois ! Et pourtant, parfois je vais quand même écouter ce qu’ils ont à me dire. Le seul jour où je pourrais accepter une proposition, c’est si je fais tout, tout seul, et que le projet est comme je le veux. Mais dans les propositions que j’ai eu, il y a toujours un petit truc qui ne va pas. Quand on te dit : « t’es trop intelligent dans ton rap, je pourrais pas te mettre entre lui et lui sur les playlists de Skyrock », c’est dur quand même…c’est fou.

Donc faut faire comment ? des rimes en i, des rimes en a, en é… ça je le faisais quand j’avais 16 ans. Et certains, à 30 ans le font encore aujourd’hui. Mais quand tu rappes depuis longtemps, tu sais que tu fais ça quand t’es nul. C’est les rimes les plus simples, tu cherches même plus. Et il y en a qui le font toujours… Moi je vois le rap d’une autre façon, j’entreprends. Je ne fais pas que rapper. Rapper c’est nul.

Rapper c’est nul ? 

Ouais, rapper c’est nul. Si tu ne fais que rapper, t’as perdu d’avance. Tu vas être chez toi, tu vas attendre que quelqu’un vienne te signer, tu vas essayer de te vendre, et tu n’auras rien. En fait un jour, j’ai lu une interview d’un producteur américain qui expliquait le business à l’américaine : le 360 degrés business. Chaque étape doit t’amener à une autre étape, qui elle-même t’amène à une autre étape…jusqu’à retrouver la première étape.

Ma première étape a été d’écrire, ensuite j’ai créé une marque de vêtements, ensuite j’ai organisé des concerts, du coup je suis organisateur de spectacles, dans lesquels je vends mes t-shirts, ma marque. Puis j’ai créé une maison d’édition pour produire des disques, puis j’ai monté une structure de production-communication pour promouvoir mes disques et des concerts. De là, j’ai monté une boutique pour sortir des disques, et les revendre dans un réseau. Et enfin, je rappe. Et puis ça recommence…

Au bout du compte, c’est tout l’argent du rap qui me fait vivre. Je n’ai pas eu besoin d’investir sur mon argent personnel. Et tout ça, en n’ayant sorti qu’un seul disque, que je n’ai vendu qu’à 5000 exemplaires. Et tu as des mecs qui se disent indépendants, ils sont tous beaux dans leurs clips avec des grosses voitures, et ils n’ont jamais organisé un concert, ils n’ont pas un seul disque en physique, ils n’ont que du numérique. Je les vois dans toutes les soirées de Paname, ils sont bien habillés… Mais moi j’ai voulu produire, faire avancer les choses. Pour moi, le plus dur finalement, c’est de sortir un disque. C’est le plus cher, et le plus compliqué.

« Mais si ces mecs faisaient comme moi aujourd’hui, et bien peut-être qu’on pourrait se réunir, s’associer et créer des boutiques. »
Si ton disque avait très bien marché ?

Si ça avait été le cas, j’aurai des boutiques à Marseille, Clermont-Ferrand, Grenoble, Lyon… J’organiserai des concerts dans des salles de 600 personnes. Je pourrais faire une meilleure promo pour ma marque. Faire une véritable promotion de ma marque. Je paierai de la pub comme ils font tous.

Et comment te sont venues toutes ces idées ? 

J’ai rappé avec des mecs qui ont fait beaucoup d’argent dans le rap en indépendant, et ces mêmes mecs ont un jour décidé de signer, et leur compte en banque est divisé par 10, voire par 100. Le public ne le sait pas. Mais moi je le sais. Peut-être même que ces mecs-là vivent chez leur mère et que c’est elle qui remplit leur frigo, alors que dans leurs clips, ils ont des grosses voitures, on les prend pour des stars, et pourtant…

Parce qu’ils ont décidé un jour d’être connus par plus de gens, par les boulangères, par les bouchers… C’est la réalité d’aujourd’hui. Mais si ces mecs faisaient comme moi, et bien peut-être qu’on pourrait se réunir, s’associer et créer des boutiques. Et tout ce rap créé par les maisons de disques, ne pourrait plus exister. Ils devront mettre la clef sous la porte, ou alors travailler avec nous.

Nous on est connu que dans le milieu du rap. Et peut-être même qu’il y a des gens qui écoutent du rap, et qui ne savent pas qui je suis. Il faut savoir que le rap c’est la musique qui vend le plus en France, plus que la variété…

Le morceau « La balade des indépendants », sur le dernier album de Flynt, raconte un peu ces histoires. Comment en êtes-vous venu à écrire ce morceau ?

C’est bizarre parce que c’est un morceau qui regroupe plein de choses, qui parle à plein de gens et c’est sûrement le morceau le plus facile de notre vie. On pourrait l’écrire tous les jours. C’est notre vie de tous les jours. Parce qu’en tant qu’indépendant, on est au même niveau que le mec qui rappe dans sa chambre ou dans sa salle de bains. Sauf que ça fait 15 ans qu’on est là, donc à force, on s’est fait entendre, et on nous connait un petit peu. Mais on a tout fait tout seul, on n’a pas d’aide… Parfois, je me dis que tout ce qu’on fait, c’est complètement fou ! Parce qu’au bout du compte, on rappe toujours dans nos chambres (rires)…mais parfois on est en concert.

Les concerts avec Flynt c’est toi qui les organise, ou il a un tourneur ? 

Non, quand c’est avec Flynt, c’est un tourneur. Et quand c’est seulement avec les Biffmakers Party, les Réflexions Capitales c’est moi qui m’en occupe.

Vu que tu es assez proche de lui, tu ne voudrais pas t’en occuper ?

Non parce que d’ailleurs, je suis censé signer avec son tourneur. Parce que pour soi-même, c’est plus compliqué à organiser, il faut passer par les collectivités. Alors que moi, je réinvestis les sous du rap, dans le rap.

Tu n’as jamais eu aucune subvention ?

Non, jamais. Sur 47 concerts à Paris, je n’ai jamais rien eu. J’ai demandé, bien sûr, mais je n’ai rien obtenu. En tant que rappeur, c’est plus compliqué. Je n’aurais jamais rien.  Donc je me débrouille tout seul. Quitte à perdre de l’argent. Ça m’est déjà arrivé, d’être dans le négatif financier sur un concert, et pourtant, j’en fait un autre derrière. Ça m’arrive d’organiser des concerts sur Marseille, et de ne rien gagner dessus. Entre les frais de la salle, de déplacements, de l’hôtel, de la sécu…

C’est une façon pour moi de faire avancer le rap indépendant. Parce que sinon, qui va le faire ? Et puis j’ai l’impression que les mecs indépendants, leur rêve c’est de signer en major. Il y a quand même des mecs qui viennent me parler sur Facebook pour me dire « Kaaris et Booba sont indépendants » . Je leur répond :  « mais tu crois que Booba ramène ses disques en Bentley à la Fnac ? T’es sérieux ? Tu rigoles ou quoi ? »

Et t’as des mecs qui ne viendront jamais rapper à la Miroiterie, par contre ils m’appellent pour venir tourner leur clip à la Miroiterie pour faire croire qu’ils représentent la scène underground. Donc je me dis qu’il faut un mec qui fasse en sorte que le réseau indépendant perdure, sinon on s’en sortira pas…ça va être compliqué.

« Un Biffmaker, ce n’est pas les mecs qui dealent ou qui braquent. C’est le père de famille qui se lève tous les matins pour aller travailler… »
Avec Flynt, vous n’avez jamais pensé à faire un projet en commun ? Parce que ça fonctionne super bien sur scène… on vous sent très complices.  

Il y des petites surprises qui vont arriver bientôt, cette année sûrement…

Mais oui, il y a une complicité, et on ne l’avait pas prévue. Nous-mêmes, on l’a ressenti comme ça.  A la base, on est rappeurs, et aussi des potes du quartier, on jouait au basket ensemble. Pourtant, on rappait chacun de notre côté. Jamais ensemble. Et puis on a fait quelques concerts, on s’invitait. Jusqu’au jour où l’on s’est backé l’un l’autre, pendant un an à peu près. Puis il a fait son album et il m’a proposé de faire partie de la tournée.

Et ton prochain album, Le Goût du Pire, la sortie est prévue pour quand ? 

Ça fait un moment qu’il est annoncé, et je suis même en retard sur une date qui avait été décidée avec la distrib. Mais là, j’ai une nouvelle date, avant les grandes vacances, sûrement. J’essaie de faire avancer les choses au plus vite, mais en vérité, je ne pense pas être prêt. Donc ce sera peut-être pour la rentrée. Et puis cet album, qu’il marche ou pas, c’est pas grave…

J’ai déjà tout fait dans le rap. Ça ne peut m’apporter qu’un plus. J’ai fait des concerts aux 4 coins du monde… par exemple au Sénégal, à Dakar je représentais la France pour un festival. J’arrive au stade, 10 000 personnes et la moitié du public chantait par cœur « Ma Musique ». Un morceau qui a 20 000 vues sur Youtube. En Centrafrique, à Bangui, c’était pareil. J’étais ultra-surpris.

Ici, on s’attache aux vues Youtube pour voir ce que tu vaux. Mais moi, je sais que sur scène, ça n’a aucune importance, je peux vous garantir que ça ne veut rien dire. Sans compter ceux qui achètent des vues. Des indépendants qui ont des millions de vues sur Youtube… attention, faut bien regarder.

Le retard que tu prends sur ton album, il est dû à quoi ? Parce que tu fais trop de choses, que tu n’as pas le temps d’écrire, que ça n’est pas vraiment la priorité pour toi ?

Je n’écris pas beaucoup. Quand je rappe, c’est au feeling, c’est en moi, je sais pas. C’est comme ça. J’arrive en studio, je pose, ça se fait comme ça.  Je n’arrive pas à prendre du temps pour écrire. Entre la boutique, les 3-4 concerts que j’organise par mois, et tout le reste, ça fait beaucoup de travail, et ça prend du temps.  Je ne prends pas le temps d’écrire, mais j’enregistre beaucoup. Je ne suis pas un écrivain. Ça m’est même arrivé de faire des morceaux en impro. Pour exemple, le morceau avec Haroun, « Ne bouge pas », c’est une impro. Je ne l’ai jamais écrit. Il n’existe sur aucun papier. J’ai peu de choses écrites.

Tu retiens tes morceaux sur le moment ?

Je les apprends en les écoutant, parce que sinon, je ne les connais pas. J’ai 100 morceaux, mais dans ma tête, j’ai 30 textes. J’écoute la première phrase et c’est bon, c’est des trucs mnémotechniques en fait. Après, j’ai pas trop le temps d’y travailler. Mais c’est vrai que travailler fait progresser. Les acharnés de travail progressent plus vite, il n’y a pas de secret.

Une dernière question, pourquoi Biffmaker ? Ce n’est pas un peu réducteur, comme nom ? Ça fait 45 minutes que l’on parle avec toi, et au vu de ce que tu nous racontes, et de la position que tu as…

(Sourire) Que vois-tu toi ? Quelle image retires-tu de ce nom-là ?

Je trouve que ça dégage une image  un peu réductrice de ton travail et de ton investissement…  

Pour moi, le Biffmaker, c’est la personne qui galère et qui construit son argent. Un Biffmaker, ce n’est pas les mecs qui dealent ou qui braquent. C’est le père de famille qui se lève tous les matins pour aller travailler. Et s’il ne le fait pas, il n’aura pas de sous.

En fait, c’est même celui qui travaille, et qui pense à côté de son travail à comment faire pour avoir plus d’argent. C’est ceux qui pensent à comment faire plus. C’est quelque chose qui m’a hanté pendant plusieurs années. Jusqu’à ce que je mette en place mon business 360 degrés où chaque chose amène à une chose. Ça m’a pris du temps de mettre tout ça en place pour créer mon propre argent, et que ça ne s’arrête pas. Franchement, ça a été technique ! J’y pensais tous les jours. Et j’ai créé le nom Biffmaker. Celui qui construit son argent (sourire). Maintenant tu comprends un petit mieux peut-être (rires)… ça englobe un peu tout le monde, on est tous des Biffmakers ! (rires)

Merci beaucoup, c’était un plaisir.

C’était un plaisir pour moi aussi, merci à vous !  Le Goût du Pire très bientôt… Aïe aïe aïe…

Merci à toute l’équipe du festival Terre(s) Hip-Hop ainsi qu’à celle de Canal 93 pour l’accueil. Retrouvez ci-dessous le teaser du premier extrait du prochain album de Nasme, le clip de « Demain J’Arrête ».

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