Les 20 albums r&b/soul de 2016

In Dossiers by Julien LVRFLeave a Comment

Comme l’an dernier, on profite de cette période récapitulative pour compléter notre gros bilan axé hip-hop, par une rétro de tout ce qui s’est produit du côté chantant de la rue, même si les frontières avec le rap continuent tout doucement de s’effriter. Pas d’Anderson .Paak ou de Childish Gambino dans celui-ci, même s’ils auraient pu aisément se fondre une place bien chaude parmi Solange, JMSN ou James Blake. Pour celles et ceux qui n’auraient pas suivi l’année, pour les autres en soif de découvertes, voici 20 albums r&b/soul qui ont marqué 2016, sans ordre de préférence.

ABRA – Princess

La petite perle d’Awful Records continue son avancée, et nous livre avec Princess un EP parfait, qui mélange sonorités eighties, grime moderne et r&b vintage. Hypnotique au possible, sa voix nous transporte à une époque où l’on pensait encore possible les voitures volantes, traversant une galaxie moite à l’écoute de sa musique mutante. Trip sensuel sous drogue douce, six titres qui nous rappellent que la scène d’Atlanta est encore plus large qu’on ne le pensait.


JAMES BLAKE – The Colour in Anything

Electro, gospel, slow dubstep, mais musique de l’âme avant tout, James Blake réussit encore une fois à nous pondre un album qui fera date, et qui sera à coup sûr une source d’inspiration pour beaucoup d’artistes, dans tous les genres. De Kanye West à Beyoncé, tous vantent le génie du compositeur anglais, et à raison. Sur The Colour in Anything, le minimalisme côtoie l’émotion pure, un puzzle de pensées et de sonorités lunaires qui nous font rentrer dans ses ténèbres, et ne nous donne plus jamais l’envie d’en sortir. Attention, chef d’oeuvre.


Michael Kiwanuka – Love & Hate

Quatre ans après son premier album, le prodige londonien d’origine ougandaise revient avec Love & Hate, un disque qui a tout d’intemporel. Démonstrations instrumentales, soul à cœur ouvert, conscience noire, Michael Kiwanuka traverse les époques et les styles à l’aide de sa sensibilité plus qu’exacerbée, et nous emmène avec lui dans une partition sincère de sa vison de vie. Mention spéciale au travail de production par Danger Mouse, qui après Gorillaz ou Gnarls Barkley, a encore trouvé la pépite avec laquelle s’acoquiner.


Frank Ocean – Blonde

L’événement attendu depuis Channel Orange n’a pas déçu : après un jeu de piste effréné et un album visuel (Endless), le disque qui devait s’appeler Boy’s Don’t Cry se teint en Blonde et sort en plein été. Tempos lents et hypnotiques, reverb et nappes de guitare, invités prestigieux (Beyoncé, Kendrick Lamar, Andre3000, Kanye West, Tyler the Creator ou Pharrell Williams), équilibre maîtrisé, Frank Ocean ne nous surprend plus comme au premier jour, mais nous a encore une fois fourni quelques titres grandioses. Encore un qui sait faire durer les histoires d’amour.


Phonte & Eric Robertson – Tigallerro

Fusion parfaite entre deux touches-à-tout, Tigallerro est un projet de dix titres qu’il faut absolument posséder dans sa discographie. Ce bon Phonte allie toujours rap et chant à la perfection, tandis qu’Eric Robertson et sa voix de miel rehausse le tout. Superbement produit, ce mini-album plaira autant au hip-hop heads qu’aux amateurs(trices) de son plus groovy, les codes des deux genres étant représentés de la meilleure des manières. De l’amour en barre pour ce duet d’artistes, soul buddy movie.


BJ The Chicago Kid – In My Mind

Nouveau fer de lance du célèbre label Motown Records, BJ the Chicago Kid sortait cette année son deuxième album. L’éternel habitué des refrains sur tes albums de rap préférés transforme l’essai et puise dans le hip-hop, la soul et le gospel pour nous livrer un disque cohérent, mielleux sans coller, entre talkbox et claquements de doigts, véritable héritage musical de sa ville bien-aimée. Une voix douce et puissante sur des thèmes variés, avec la même conviction et le même entrain qu’il s’agisse de ses convictions religieuses ou sociales, ou d’une simple partie de jambes en l’air.


Jamila Woods – Heavn

Originaire de Chicago, et protégée de Chance The Rapper, Jamila Woods est chanteuse, poétesse, et activiste. Avec ce premier projet en téléchargement gratuit, elle distille sa jolie voix sur des thèmes plutôt denses, rarement légers, sur des productions groovy et sophistiquées. Neo-soul, folk et hip-hop se côtoient dans un brouillard musical qui capture l’ambivalence de sa ville, colère et empathie. Un album qui fait ressentir, et une musique qui reflète parfaitement l’artiste qui la joue. Black is so beautiful.


SOLANGE – A Seat At The Table

Ca y est, Solange ne sera plus uniquement la petite sœur de la reine Beyoncé. Son troisième album sorti fin septembre a fait l’unanimité, dans tous les cercles. Engagé et ancré dans l’époque, ASATT sert la voix délicieuse de Solange sur un plateau de thèmes personnels et sociaux, une soul revendicative dans un écrin doucereux. Touches toujours gagnantes des invités, self-portraits et multitude de couches à gratter, l’album est ciselé comme le meilleur persil. Et on le réécoutera encore dans dix ans.


BLOOD ORANGE – Freetown Sound

Passée un peu inaperçue, la sortie de cet album fait pourtant partie de ce qui a pu se faire de meilleur cette année. Des dizaines de sonorités fourmillent dans cet ambitieux mélange de pop, de funk et de r&b. Indéfinissable au possible, l’opus est personnel et raconte vie et problèmes de Dev Hynes et de la communauté noire, mais invite également pour mieux l’accompagner De La Soul, Vince Staples ou Nelly Furtado. Encore un disque à ajouter à la collection politico-musicale de l’année. Et si l’engagement c’est pas ton délire, ça s’écoute presque aussi bien.


JMSN – It Is

Pour son troisième disque, JMSN a sorti la tondeuse et ressemble moins à un Jésus sous acides que pour les précédents. Le chanteur et multi-instrumentiste nous fait encore une fois part de l’étendue de ses talents pour ce nouvel album, explore le blues, la soul, la funk et les sonorités plus organiques pour nous exprimer sans retenue sa voix de feu. It Is est certainement son meilleur opus à ce jour, et s’écoute religieusement : pour méditer, pour faire l’amour, pour courir des kilomètres…il suffit juste de se laisser porter par vocalises et arrangements. Déjà un petit classique.


Corinne Bailey Rae – The Heart Speaks in Whispers

La belle anglaise est revenue avec son troisième album, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’a pas perdu de sa superbe. Du groove à l’electro-pop, avec des influences comme Jill Scott, Curtis Mayfield, Björk ou Massive Attack, Corinne ne nous perd pas, puise dans la soul jazzy des seventies ou les rythmes latins et réalise un disque de vie, comme une nouvelle étape dans la sienne, huit années après l’overdose de son premier mari. Les tourments n’ont jamais raison du talent.


Miles Davis & Robert Glasper – Everything’s Beautiful

A l’occasion du 90ème anniversaire de feu papa Miles, Robert Glasper s’est fait plaisir, et nous en a donné beaucoup. Mêlant habilement enregistrement originaux du trompettiste, samples et arrangements de son fait, Glasper a réuni toute la fine fleur musicale (Erykah Badu, Bilal, Stevie Wonder, Hiatus Kayiote, Laura Mvula, Phonte…) et rend un hommage inspirant à l’un de nos derniers génies. Tout est beau là-dedans, n’y opposez aucune résistance.


Charles Bradley – Changes

Celui qui pendant de nombreuses années n’était que pauvre imitateur de James Brown dans des clubs aussi miteux que perdus au milieu de nulle part, revient avec un troisième album chez Daptone, le label qui lui a donné sa chance. Blues hurlant, parfum d’époque, politique ou religion, Charles déroule son incroyable voix sur un excellent disque, qui espérons-le, ne sera pas le dernier, un cancer de l’estomac détecté en fin d’année 2016 annulant sa tournée. Sharon Jones et d’autres icônes nous ont déjà laissés en cette triste année, Charly, reste avec nous !


6LACK – Free 6Lack

Il est né à Baltimore, a grandi à Atlanta, mais on ne sait pas grand chose de plus sur 6Lack (prononcez « black »), à part la sortie de son premier projet en fin d’année, Free 6Lack. Vocalises vocodées sur rythmiques trap, flow éthéré, entre Tory Lanez, Future et Frank Ocean, Ricardo Valentine a surpris tout son monde avec un album complet, atmosphérique, parlant aussi bien d’amour, de pertes, d’intimité comme de sujets plus légers. Tout devient vrai pour quelques instants, il ne serait pas étonnant de le retrouver parmi la liste des Freshmen de cette nouvelle année.


D.R.A.M. – Big Baby D.R.A.M.

Si vous recherchez un album pour vous donner un sourire plus brillant que dans les publicités pour dentifrices, arrêtez tout. Ça se fout de la gueule du bling-bling et de la vie de gangsta à tout va, le caniche est sur la cover, le brocoli est roi, et pas forcément celui d’Hamza. Mignonnerie au max de la maxance, D.R.A.M. joue de son image mais ne néglige pas le plus important, en distribuant les tubes comme les croquettes. Young Thug, Lil Yachty et même Erykah Badu l’accompagnent sur ses ballades trappy-gentilles. Et nous, on bouge la tête en montrant les dents, le tout sans grognement.


dvsn – Sept 5th

Sorti sur OVO, le label de Drake, le premier album de ce mystérieux duo a retourné pas mal de monde. Longues ballades entre Prince et D’Angelo, survoltages bondissants et passages plus intimistes, un dix titres à prendre comme un guide romantique à destination des quasi-trentenaires ou plus, composé entre le silence et le bruit, échantillons sensuels, histoires en court ou définitivement terminées. On se prend ça en boucle sans sauter de piste, voilà assurément la marque des grandes œuvres. Toronto, il fait froid mais il fait chaud.


Tory Lanez – I Told You

Toronto, vous avez dit Toronto ? Nouveau fer de lance de cette scène florissante, Tory Lanez sortait en 2016 son premier album, après une avalanche de mixtapes. Un disque travaillé, qui raconte une histoire, bourré d’interludes à chaque fin de track pour l’appuyer, et qui nous conforte dans l’idée que Tory Lanez sait tout faire, dans le chant ou le rap un peu plus brut. On pourrait lui reprocher son narcissisme, ou encore le fait que certains flows ou certaines intonations peuvent parfois nous rappeler ce qui marche en ce moment, mais même avec tout ça, qui peut se targuer de balancer cette constante qualité ? A compléter avec ses deux nouvelles mixtapes sorties en ce tout début d’année.


MNDSGN – Body Wash

La dernière friandise du producteur californien, sortie chez Stones Throw, nous fait voyager à travers les époques et les styles. Funk, jazz-fusion, tempos zens ou carrément enjoués, claviers électro-rétros à la sauce cali, le tout surplombé de sa voix synthétique, Mndsgn explore, ne réinvente pas la roue mais nous emmène dans une galaxie lointaine et ultra-perfectionnée, dans un vaisseau orné de plumes et de paillettes. La patte est reconnaissable entre mille, te fait bouger en restant immobile, stimule et rafraîchit. On ne demande rien d’autre à un bon album.

Les choix sont cornéliens, mais auraient pu figurer dans cette rétro : Laura Mvula – The Dreaming Room | Lance Skiiiwalker – Introverted Intuition | Manast LL – Known as Sookah | The Weeknd – Starboy | Majid Jordan – Majid Jordan | NxWorries – Yes Lawd! | Beyoncé – LemonadeSnoh Aalegra – Don’t Explain | Terrace Martin – Velvet Portraits | Tish Hyman – Dedicated To | Ella Mai – Change | Sabrina Bellaouel – Cheikh | Fatima – Still Dreaming | King – We Are King

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Julien LVRF
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