Date de Sortie : 10 février 2017
Label : Effiscienz
Production : Mil
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Le plein emploi est de retour, le taux de chômage est haut plus bas depuis 1973 aux US. Pour autant, le pouvoir d’achat reste en berne, venant solidifier l’adage « les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres ». L’ère Trump semble la suite logique aux tensions raciales des derniers mois, l’allumette flambée sur la flaque de gasoil des bavures policières. Aujourd’hui, un jeune est mort sous les balles de la police, on ne s’embarrasse plus d’attendre la preuve visuelle, on le sait, on le ressent. Et des quatre points cardinaux, de chaque borough descendent des cohortes de laissés pour compte prêts à croquer la pomme, même pourrie, convergeant tous au croisement de la 5ème avenue et de la 59ème rue sous le regard médusé de cette caste bourgeoise venue dépenser en famille chez Tiffany & Co.
En tête de cortège, on repère vite deux associés du grand banditisme musical en la personne de Westside Gunn et du producteur Mil, déjà responsables de l’homicide musical Bullet en 2016. Sur une ambiance soul digne de The Menahan Street Band, on se rassure devant cette démonstration de force qui ne semble pas aller plus loin qu’un rassemblement pacifique (Fly Shit (Intro)). Mais le public a la mémoire courte et a oublié son histoire, la balance ne peut rester impunément déséquilibrée. Pour chaque mort dans leur camp, il y aura un mort dans l’autre camp, Westside Gunn distribuant sous le manteau les munitions et Mil nouant la corde musicale qui brisera la nuque de l’ennemi (Brains Flew By). Ce n’est pas le ciel qui s’assombrit mais l’hostilité des manifestants, les esprits trop longtemps pressurés dans des boites crâniennes carcérales viennent à bout des barreaux d’os, la dépressurisation passe par le sang, la manifestation se transforme en une émeute meurtrière où au-dessus des cris, le rire aigu de Westside Gunn finit d’électriser l’instrumental.
Les forces du NYPD essayent tant bien que mal de calfeutrer l’émeute sur 3 blocs, les flammes provoquées par les cocktails molotov s’échappent des vitrines, l’atmosphère semble s’apaiser comme une boucle de soul des années 60. Les esprits sont tendus, trop tendus, et même si l’ordre des hauts gradés invectivent les policiers de ne pas tirer, la bavure est inévitable, provoquée par le flow de Westside Gunn, le tir de sommation vient se loger dans la gorge d’un des émeutiers, ravivant un torrent de violence (Brain Flew By (1964 version). A la satisfaction de WG, le pillage se transforme en un homicide global, la couleur bleue se mélange au rouge sang. Mil orchestre symphoniquement le massacre, les derniers flics tentent de fuir ou de tirer à l’aveugle afin de faire le plus de victimes, mais la marée d’émeutiers semblent inarrêtable à l’instar des zombies de World War Z, et les émeutiers convergent sur la 7ème avenue, toujours assoiffés de meurtre (Don’t Trust A Soul (7th avenue version).
New-York n’est plus qu’une zone de guerre, l’épicentre du carnage se divise pour atteindre chaque borough, la folie humaine répond à la violence des puissants. Chaque note de piano est un corps supplémentaire ajouté à cet immense charnier humain, Dj Djaz se joint à cette orgie où chaque scratch est un coup de rasoir fatal, Westside Gunn trône au-dessus des carcasses comme le nouveau seigneur de guerre urbain, inatteignable…
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