Date de sortie : 20 mai 2016
Production : Laurent Kia, mjNichols, DopeBoi, Omito et TheBeatPlug
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Les plus assidus d’entre vous avaient peut être jeté une oreille à San Francisco, album de LK de l’Hôtel Moscou qui était sorti fin 2015. Le rappeur indépendant n’a depuis pas lésiné sur le taf, puisqu’il revenait fin mai avec un nouvel album intitulé Orient Heigts (Springbreak 2). Nouvel état des lieux, nouveau retour sur une période de sa vie à un endroit donné : on est cette fois débarqués du côté de East Boston, dans le quartier de Orient Heigts.
LK continue donc dans son parcours dans un anonymat prononcé, toujours dans cette veine auto-biographique qui le caractérise depuis ses aventures solo. Orient Heights (Sprinbreak 2) se découpe en deux parties : la première est à la fois extatique et glaçante. Laurent Kia y décrit un vécu intense et bourré d’excès, entre soirées sans fin, week-end au milieu de la semaine, abus de substances et addiction aux compagnies féminines éphémères. La seconde, c’est comme dans un bon film américain, la rédemption, la prise de conscience. Sans regrets à priori… juste un pas en avant qu’il fallait faire à un moment ou un autre. Quelques derniers coups d’œil en arrière, une légère dose de nostalgie, mais un sourire affirmé. Le bon choix a été fait. L’esprit juvénile, la rage de la jeunesse sont toujours là, mais ils ont muté. Le cap le plus difficile a donc été franchi.
Musicalement les influences semblent plutôt lorgner du côté d’un certain rap indé américain et contemporain. Les samples vont à la fois chercher du côté de la musique électronique dans des chaleurs de son assez variables, et du côté de sonorités plus organiques : synthés, guitares électriques aériennes… Un mélange finalement assez symbolique, entre le synthétisme des produits consommés et la mélancolie des redescentes ; la violence d’une période et la sensation de s’en être tiré par le haut. Vocalement, on est dans un disque qui a surtout pour ambition d’être intelligible, le flow se faisant porteur d’histoires, sans jamais être redondant, grâce notamment à des intonations appuyées et respirant la sincérité, et à quelques envolées chantées sur les refrains.
Soyons honnêtes, Orient Heights (Springbreak 2) n’est pas forcément un album instantané. Les premières écoutes peuvent être assez curieuses, on peut peiner à saisir la cohérence globale du projet, se questionner sur l’agencement de la tracklist, être désorienté, chercher à savoir où l’on se situe, dans le temps, dans l’espace. Mais ce trouble finit finalement par être une des vraies forces de l’album : on navigue entre les tranches de vie, on complète les trous dans l’histoire, et la peinture (impressionniste, cela va de soi) prend peu à peu forme.
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