Seth Gueko, un Titi parisien à la tête de chien mais une bête de flow

Seth Gueko est de ces rappeurs qui s’exportent, quittant le sol français, mais est surtout de ceux qui n’oublient jamais leurs racines. En bon titi parisien, il revient frôler les pavés de nombreuses fois lancés. Nous invitant à revivre les glorieuses heures de Ménilmontant en avouant « faut qu’j’arrête la bière, j’bedonne comme le bibendum Michelin » il se fait servir une pinte au Saint-Sauveur, repère iconique de l’anti-fascisme parisien. Assumant sans complexe une affiliation à la mouvance d’extrême-gauche, il en reprend les codes, du Fred Perry aux affiches de concert des Bérurier Noir, lui qui se dit « outré par le nombre de vieilles aimant Derrick alors que Horst Tappert était un putain d’SS, la France fait peur, [il rend] hommage à Clément Meric ».

Plongée bichromique entre violence et romance dans la ville lumière, le professeur Punchline nous donne une leçon à nous en boucher les artères. Un morceau fleuve où il faut se méfier de l’eau qui dort, car comme il le dit, « si j’marche la tête baissée c’est qu’ma chaîne pèse au moins deux los-ki d’or ». Des couples idylliques des bords de Seine aux banlieusards coursés par la police, à la vieille garde des boneheads chasseurs de skins, ce morceau est un hommage à la ville, mais au delà de ça, à sa ville telle que lui l’a connu, « un son d’Paris gore, pas du Périgord ». Entre fatalisme et hédonisme, l’enfant de la capitale est plus que jamais chez lui, là où il a conscience que« la vie c’est dangereux, on en meurt tous à la fin, [alors] cousin, rapper vite ça veut pas dire rapper bien ». Un morceau qui s’annonce classique et intemporel, un hommage à Paris comme tant l’ont fait, mais qui ici se voit doté d’une authenticité rare et d’un vécu situant. Alors « parisien à tête de chien ? Ouais mais parigot bête de flow ! ».