Rochdi, la sauvagerie lettrée

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Rochdi-Cover

Tout droit sorti du XIIIème et issu du groupe Krystal, l’homme qu’on appelle Rochdi fait désormais ses armes en solo. Toujours avec un goût de sang dans la bouche, et la prestance du guerrier à l’écusson brodé de lettres d’or. Spartiate Donquichottiste se battant contre des dragons terribles, au mysticisme constant et souvent borderline.

Rochdi, c’est Icare se brûlant les ailes à trop vouloir toucher le soleil. L’auteur se consume méthodiquement et méticuleusement, grâce aux moyens mis à sa disposition, en bas de chez lui, ou au supermarché du coin.

On débarque chez le boucher des complexés de Pan. La flûte directe dans la mouille. Laisse tousser, ça fait plus d’effet. Des rapports sexués avec le Diable ; on comprend très vite qui est donneur. L’ultra-violence vomie à la face d’un monde faussement lissé. Moloko Velocet plus. La fureur des chiens de l’enfer.

Rochdi, c’est l’homme que vous ne présentez pas à votre sœur. Des études supérieures sur l’oreiller, alliant souvent sexe et drogue, la voix crache et crie. Les sourcils sont froncés.

Bien que la louve ait allaitée les quatre chiots, il est à la fois Rémus et Romulus. La sauvagerie lettrée faite homme. Auditoire aux oreilles hallucinées. Rochdi a craqué l’allumette sur la bombe à essence fourrée par trépanation au plus profond de vos méninges, éclatant par conséquent jusqu’à la moindre parcelle de vos petites cervelles, dégoulinantes sur des carreaux immaculés. Il chatouille vos instincts les plus profonds, les plus enfouis, les plus sombres de votre âme, du bout d’une plume trempée dans un acide vitriolé. Corrosif à régal !

Pas subversif pour le simple plaisir aristocratique de déplaire ni de ces buses hautaines s’étant fixées pour but d’éveiller vos consciences de chatons endormis. Rien de tout cela ! C’est la haine, qui vous remue les tripes à grands coups de lames de rasoir. Pas des petits… de la grande boucherie ! C’est du 14-45 !

S’il est sombre pour une majeure partie du temps, les atterrissages se font tout en douceur. On touche au divin du bout de la bite. Et si la drogue ne l’a pas déjà fait, cet album risque de réveiller chez vous certains troubles autistiques, voire une bipolarité latente et délicieuse. Laissez couler dans vos esgourdes. Les pavillons diront « merci » .

Ça attaque à la manière d’une première gorgée de whisky tourbé. Ça tombe, lourd et direct. Putain, ça fait du bien. On est dans la possession mystique. On se laisse happer par l’enfer dans le trou des chiottes. « Clair-Obscur », c’est le pacte avec le Diable que tu n’aurais jamais osé signer , mais voilà… Rochdi a posé sa mitraillette chargée aux balles-postillon sur ta tempe, et t’as plus eu le choix.

La forme, c’est l’égotrip de rue en pleine collision atomique avec des figures de style malades. Rochdi entre dans l’arène, tranchant comme un katana, forgé d’un acier de la plus grande pureté.

« Rochdi se situe très loin des grandes traditions rapologiques. Il est dans celle de la pensée brutale, qui se saisit de l’affaire humaine dans les termes physiques de la haine à son niveau de la plus grande violence. Le style même de Rochdi se justifie par la nécessité. Comment montrer la vérité de notre temps dans toute sa dégueulasserie primaire, dans son immoralisme à la petite semaine, dans son épicurisme de quartiers, dans son obscène culture de rue, dans sa désespérance qui feint d’être faraude, si l’on ne rompt pas avec son académisme, si l’on avance pas par un procédé patent, la syntaxe et la structure de la pensée usée et tordue. Rochdi manie la langue populaire avec une science consommée, une ruse supérieure. »*

*Adaptation libre de l’extrait d’un article de Drieu sur Céline.

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Klement

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