Le Rap 2017 en vacances à la mer

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L’été, la chaleur, les auréoles sous les bras, les claquettes-chaussettes et… les vacances, pour ceux qui peuvent en prendre. Qu’elles aient lieu à Bretignolles sur Mer ou la Baule, finalement, les vacances des moins de 30 ans en France se suivent, s’enchainent et se ressemblent beaucoup. Larry a préparé la playlist de ton été, celle qui n’inclue pas « Despacito » et qui sort tout droit du cru : premier semestre 2017.
JOUR 1

Après des mois de taff, de non-présence en amphi sur le dos du CROUS ou de galère à couper des ret-ba, voire un mélange des trois, la voilà, enfin. La semaine de vacances tant attendue, esperée et fantasmée. « Nombreux comme une équipe de foot, voiture à ras du sol », départ en équipe pour un bled quelconque de la côte atlantique. Ekip, ekip ekip, « on arrive sauvage comme 2000 21 », Freeze Corleone pour démarrer la caisse, et les vacances.

Evidemment, comme Untelle a zappé le réveil et qu’on a cherché Morray partout alors qu’il était juste passé pécho, le départ initialement prévu aux aurores n’a pas eu lieu, et vous vous retrouvez dans les bouchons. Comme Kalash Criminel, tu veux les Enterrer, tous, tous ces autres touristes, dans les mêmes voitures surchargées que vous, qui se dirigent vers les mêmes campings bondés, avec les mêmes douches bouchées par toutes sortes de résidus.

Alors, pour faire passer le temps, vous passez en revue les caractéristiques de la région d’arrivée, et vous entrainez à l’accent local avec Oh Putain (avec l’accent du sud), signé par le plus belge des rappeurs sudistes. Jusqu’à ce que la lumière du groupe soit pris d’un éclair de génie : « Z’êtes sur que la Vendée c’est le Sud les gars ? »? Bon, au moins, vous avez essayé, et connaissez le banger d’Isha sur le bout des doigts.

Et puis l’arrivée, enfin, après avoir évité de peu l’asphyxie. Pour fêter ça, le premier resto venu conviendra : « Ouais ‘tartare de thon’ c’est du poisson cru c’est ça ? Allez je tente, c’est local! ». Cru, donc, comme le banger d’Infinit et surtout comme les mots que tu utiliseras, quelques heures plus tard, quand tu te rendras compte que le poisson n’était pas si frais… Mais pas de panique, pendant tout ce temps que tu passeras aux chiottes, tu pourras faire le tour du très bon NSMLM d’Infinit. Miam.

JOUR 2

Conséquences des expériences culinaires de la veille, pendant que les autres sont à la plage, tu t’es installé(e) au soleil, derrière les chiottes du camping, dans lesquelles tu fais des allers-retours, seul(e) avec ton mal de bide. L’occaz’ de prendre ton premier coup de soleil, et d’écouter 47 fois l’album de Kekra. « Bitch, autour de moi j’vois Walou », pas une paire de pec’ ou de fesses à mater, parce qu’évidemment ils sont tous devant les yeux de tes potes affalés sur le sable chaud.

Fort heureusement, ils finissent par rentrer, et toi, tu proposes d’aller boire un coup dans le bled le plus peuplé du canton. Untelle suggère un raccourci avec l’air assuré ; sauf que la route se perd dans les champs, a tel point qu’il serait même plus surprenant d’y croiser Caba et Jean Jass sur leur 4×4. « Mets du respect Sur mon nom », dit-elle. De cet aller-retour camping vous ne parlerez pas quand viendra le temps de conter ces vacances géniales à la mer.

JOUR 3

Au retour du cours de surf, au cours duquel vous avez chacune et chacun repéré une potentielle target, tu rêves d’une Piscine Privée, avec bouée-flamand rose, mojito, êtres charmants alentours et Gun Love Fiction de Makala en boucle sur ton lecteur… Manque de bol, la seule piscine dans vos moyens c’est celle du camping, avec marmots hurlants, et eau sur-javelisée que tu bois par tasses entières entre deux évitements de bouées perdues.

Retour forcé vers la tente, après avoir failli noyer ce gamin qui te hurlait dans les oreilles. Tu fais écouter le « tube de l’été » à ce nouveau pote que tu t’es fait après avoir confondu vos claquettes Nike. Comme Kyle et Lil Yatchy vous vous posez au soleil, et faites des plans sur la comète : la soirée karaoké de ce soir, où y aura forcément des meufs potables, puis le « super swell » de demain annoncé par ce blond décoloré du surf shop d’à coté.

Puis vous changerez de registre, Veerus pour ces Quelques Secondes seulement que ton pote a passé sans crème solaire, à 14h en plein soleil après 10 mois de non-exposition aux UV. Quelques secondes, pour plusieurs heures de souffrance, allongé sur le ventre dans la tente toute la soirée, à se refaire les albums de Veerus et d’Heskis.

JOUR 4

En 2017, il n’est pas de vacances sans Fianso, et le « Ish ish » est sur toutes les lèvres. C’est nous les condés, c’est donc ce que vous vous dites en vous garant sur la place handicapé de la plage parce que vous avez la flemme de marcher 10 minutes pour atteindre le sable brûlant, les sauveteurs en slip de piscine et surtout les targets du cours de surf, dont vous réussissez enfin à obtenir les numéros. Au retour, vous faites grésiller les basses, fenêtres ouvertes et gorges déployées : « Dans mon téléphone, numéro d’pute dans le Téléphone ». Le reste de la journée se passe à chiller puisque tous et toutes êtes scotchés à vos celullaires, à exploiter la possession de ce nouveau 06.

Dans cet article, a priori, peu de chances d’évoquer le très bon Touareg, de Lucio Buckowski, Grems et Exodus, puisque, a prioiri encore une fois, ça ne rentre pas dans la playlist classique de la semaine à la mer. Eh pourtant si. Parce qu’après quelques échanges téléphoniques de rigueur, tu prendras conscience qu’il ou elle ou autre n’est pas, comme toi, fan inconditionné de rap nwar, voire pas fan de rap du tout, et tu pourras toujours lui prouver toute la beauté de cet art qu’est le hip hop en lui présentant Lucio. Infaillible. Et Aucun Potentiel Commercial, la dernière pépite du lyonnais, pour terminer la soirée en beauté.

JOUR 5

Jour 5, vous avez pris vos marques et la peau de Morray, celles du marcel ; tout se passe pour le mieux, les vacances battent leur plein avec Triplego. « Ana Guapo« , qui se décline au féminin, te le rappelle : flow intergalactique pour se pavaner sur la plage, en bordshort trop grand ou soutien-gorge trop serré : ça y est, t’as niqué ton capital solaire pour 6 ans, vidé ta bouteille de monoï mais tes photos insta-plage rendent bien, enfin. Bien joué!

Le premier objectif des vacances rempli, reste à réussir à se lever sur cette sacré planche de surf, si grande, si lourde, et affreusement glissante une fois dans l’eau. Et, suite logique des choses, serrer la target séduite et rapistiquement vôtre. Toute l’ekip donne du sien dans l’imitaiton de Brice/Alice de Nice, infatiguables jusqu’à ce que La Nuit se Lève et que vous obteniez vos « date » respectifs pour le lendemain. La nuit, magnifique, laide et sombre, est magistralement mise en mots par Vîrus et Al’Tarba dans ce morceau, bien qu’il oublie d’évoquer les moustiques qui vous prélèvent, à chacun, 7 litres de sang à la sortie de l’eau.

La soirée se termine à somnoler dans la caisse, avec Jok’Air et son Squale dans les oreilles, sourire béat aux lèvres et tête à la fenetre comme tout bon(ne) vacancier(e) comblé(e).

JOUR 6

Jour d’accomplissement de l’ultime objectif des vacances, tu attends l’heure du rendez-vous les yeux rivés sur la Day Date imaginaire et la nuque pêtée par le son homonyme de SCH. Après avoir saigné l’album du marseillais, tu ne peux t’empêcher d’entendre, malgré toi, l’air de Despacito qui s’échappe de la tente d’à coté. Tu te questionnes sur le succès de ce tube latino aux paroles imprononçables, et conclus au potentiel séduction de sa mélodie décidément entrainante… Ce qui t’amène au tube rap le plus surprenant de l’été, signé Laylow ; finalement, c’est un peu comme du reaggeton, mais en mieux.

Résultat, tu fonces télécharger (légalement) son projet pour ce moment où tu passeras chercher le/la candidat(e) au strike près de sa tente, le son s’échappant négligemment de ta poche. Par contre, sache que personne n’est dupe sur ce genre de technique, très répandue parmis les vacanciers. On n’aura pas plus de détails de ce jour de rendez-vous, dont la l’issue sera sans cesse modifiée au cours de l’année à venir, jusqu’à obtenir la version officielle la plus arrangeante.

JOUR 7

Vendredi, dernier jour de cette semaine de vacances rapistiques. Jour de rangement du bordel accumulé, de coups d’oeil à ces boites mails qui donnent envie de rester en vacances, torses nus et fesses à l’air pour profiter des derniers rayons de soleil. En guise de motivation, le dernier album de Damso, évidemment, pour fêter la fin des vacances et les Lovés envolés en objets souvenirs inutiles, cartes postales pour amis et famille dont on ne connait pas l’adresse, et tee-shirts « I <3 (completez par le nom de ladite destination) ».

Alors évidemment, pour terminer cette semaine dantestque, vous vous imaginiez en No limit, comme AlK et Hamza, à retourner la buvette du camping ou cette boite « sympa » pas très loin, portés par toutes sortes de substances et un mojo sans limites jusqu’à un club de Striptease pourri. « 20 E chacun pour un canapé d’merde, (des) pétasses de merde, qui dansent comme des merde sur un podium de merde », vous a soufflé Vald. Et puis vous vous êtes rappelé qu’à force de payer des cours de surf à faible rentabilité, vous avez plus un rond. Ni de force. Ni de mojo, du tout.

Et donc, vous reprenez la caisse, tout penauds. « Au moins, on évite les bouchons..? » ; « Ta gueule, Morray ». Et à l’arrivée, dans la nuit, après plusieurs heures de playlist sans aucune cohérence parce qu’on sait très bien qu’après une semaine plus personne ne se supporte, plus de métros, plus de bus, plus de batterie et plus de clefs. Et plus aucune idée du Code. « On le sait, on ne sait plus, eh, un pied dans l’love, l’autre pied dans le hall », ironise Ichon… C’était bien les vacances, quand même.

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Maëlle

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