Son nom est déjà sur toutes les lèvres, et il n’a pourtant aucun projet au compteur. Un état de fait qui n’est plus si surprenant en 2017, si on se rappelle, par exemple, du buzz autour de SCH avant la sortie de A7. La situation de Moha La Squale est similaire, même si l’esthétique et le public potentiel sont différents.
Peu d’informations circulent pour le moment sur le personnage, ce qui laisse libre cours aux analyses. On le dit étudiant au Cours Florent, et on reconnaît immédiatement son visage et ses expressions hallucinées, ce qui n’est pas à négliger quand on connaît l’importance de l’image chez les rappeurs d’aujourd’hui. On distingue des référents culturels particuliers par le biais des samples de films et d’interviews choisis pour introduire ses morceaux. Un emballage qui donne une couleur arty à des titres qui sont pourtant très « rue ». Directs et mélancoliques. Une sorte de fusion improbable entre Mister You, pour la rugosité des textes et la diction butée, et Lord Esperanza, pour le background et le vernis culturel.
En quelques semaines, les clips de Moha se sont vus de plus en plus partagés. Un enthousiasme populaire crée avec un appui médiatique assez restreint, et se limitant pour le moment à Booska-P et Rapelite. Un engouement qui semble démontrer que la musique du jeune rappeur du XXème arrondissement répond à une vraie demande, qui semble joindre plusieurs publics. Un premier public, peut être fatigué des imageries trap et afro-trap omniprésentes, et friand d’un rap plus sincère, avec un jeu d’imagerie moindre. Quelque chose de plus direct, à l’image de ce qu’entreprend Jul depuis quelques années maintenant. Une idée symbolisée par de nombreux clips tournés en plans-séquences, ou du moins avec très peu de coupes, donc, sans triche.
L’autre demande serait plus strictement musicale. Moha remet aussi au goût du jour un rap street sur des instrus 90’s types piano-violon, un genre qui avait dernièrement délaissé au profit de rappeurs qui tournaient autour d’esthétiques différentes, de l’école du 18ème arrondissement au mouvement L’Entourage. Moha pousse même le vice jusqu’à rapper sur l’instrumentale de « Retour aux Pyramides ». Un choix positif et pertinent, car permettant aussi de passer le relais, et de peut être faire connaître le morceau original à la jeune génération.
Moha dispose surtout d’un avantage non-négligeable, c’est son enthousiasme communicatif. Gros sourire constamment fixé sur son visage, on sent qu’il prend un vrai plaisir à rapper, et même si ses textes sont parfois douloureux, le visionnage de ses clips a de quoi nous rendre enjoués.
Il est pour le moment difficile de savoir à quoi la musique de Moha pourrait ressembler sur un disque complet. Le rappeur a encore quelques caps à passer avant que nous en parlions plus en détails, mais les différents points évoqués ci-dessus nous rendent très curieux sur son parcours futur. La prochaine étape paraît cependant assez évidente, puisque Sofiane a déjà partagé ses morceaux, Moha devrait se voir inviter dans Le Cercle. De quoi faire monter l’émulation autour de lui, et peut être attirer un label qui lui offrirait plus de moyens pour se développer.
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