Sombre est le ciel en ce matin. Seul au fond du café, bonnet troqué contre béret, Lucio tourne en son café noir la petite cuillère métallique. Froide comme l’instant, venant pourfendre la chaleur instinctive du contenu de la tasse. Des tables vides, des banquettes douillettes, quelques livres et des cadres d’histoire naturelle ; une plongée profonde au cœur du crâne de Ludo. Veines battantes sous les tempes de sa plume lancinante, les gouttes tremblent sous le tonnerre au rythme des derniers échos de voix lyriques. Résonnent encore les bruits pesants du silence, le sang coule pour que la bouche se taise. L’horloge n’a de cesse d’interroger sans que rien ne transparaisse.
Cellule confortable pour une sagesse toute nippone, en tailleur sur le tapis. L’inspiration file droit comme un dos au mieux de sa forme. Au sol quelques vinyles, une tasse de l’équipe et les figures de style volantes de part et d’autres de la pièce étroite, faisant vibrer la peur sous des pluies battantes. La mort ne règne pas, sauf sous les résidus de marbre froids dans les champs de fleurs urbains. Longé dans un un travelling dominant, appuyant la tête de Charon sous l’eau. Quatre poumons pour savourer la vie. Comme chaque souffle qui aurait un goût de paradis.
Le combat des mots contre la pierre, de l’organique face au minéral, de la vie se moquant de la mort. Lucio construit l’édifice de son œuvre sur des bases solides. Perfectionnant son art au fil de l’entraînement. Fustigeant la passivité de ceux qui ne jouent leurs vies qu’à demi. Passant à côté de ce qui compte avant de l’être eux-mêmes en direction de l’abattoir, dévorés de l’intérieur par un ver infini et la folie des Hommes.
L’ivresse procurée par les effluves de gouache et de térébenthine n’ont pas leurs pareilles. La lumière du jour vient frapper les murs opposés, ombrant les barreaux ondulés. Les toiles, c’est tout. Protégées du soleil qui les feraient vieillir trop prématurément. Embrument l’esprit de celui qui saura comprendre entre les lignes, de part l’enseignement forcé et quotidien. Solitaire et salutaire.
« Ogni Giorno è la Scuola », comprendre « Chaque jour est une école », tombe à pic pour ceux qui attendent « ODERUNT POETAS » et dont ce clip est le deuxième extrait. L’album est déjà disponible en pré-commande CD et vinyle. On retrouve Oster à la production ainsi que Baptiste à la gratte, qui fera une fois de plus vibrer les cordes de l’esprit et du temps, apportant la touche instrumentale pure aux intrus hip-hop parfaitement orchestrées de Lapwass. A la réalisation, épaulant solidement Oster et Lucio, on retrouvera le vagabond et lyonnais d’adoption Thomas Leroudier, homme de l’ombre ne gravitant jamais trop loin de L’Animalerie, qui fera chanter son œil talentueux et affûté afin de retranscrire au mieux l’ambiance des morceaux Bukowskièsques. Sans nul doute, ces trois là se sont bien trouvés !
.
.
.
.
Share this Post
- Moïse the Dude, Keudar et nos tristes nuits - 23 mars 2018
- Boulangerie Française Vol. 2, ça sort du four - 16 février 2018
- Reta en God Damn barode sur Queensbridge - 8 septembre 2017