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Date de Sortie : 6 avril 2018
Label : Atlantic records
Production : The Beat Bully, Boi-1da, Frank Dukes, Cassius Jay, Ayo, Keyz, DJ Mustard, DJ SwanQo, Sean Allen, Nonstop da hitman, J White, Klenord Raphael, Vinylz, Allen Ritter, Tainy, Invincible, Needlz, Scribz, 30 Rock, Cheez Beatz, Benny Blanco, watt, Bell, Murda Beatz, Cubeatz
Featurings : Migos, Chance the Rapper, Bad Bunny, J Balvin, Kehlani, 21 Savage, YG, SZA
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On sait à quel point il peut être compliqué de sortir son premier album lorsque l’attente est conséquente. Portée par l’immense succès de « Bodak Yellow », Cardi B a évité la stratégie de multiplication des mixtapes pour tâter le terrain, et a mis directement les pieds dans le plat.
Son Invasion of Privacy, elle l’introduit de manière assez maligne. En reprenant la recette de Dreams and Nightmares, introduction culte de Meek Mill pour son album du même nom, elle parvient à poser directement les bases de ce qui sera traité dans le disque. D’un côté, un versant introspectif : elle évoque son passé de strip-teaseuse dès le premier morceau, parle de sa relation avec Offset, du poids de sa nouvelle célébrité et de son rapport au public ; de l’autre, un aspect plus rugueux, plus revanchard, une certaine propension à l’egotrip, tout en parvenant à conserver quelque chose de très féminin dans la manière d’aborder cet art. Un peu de violence susurrée à l’oreille. Cardi B parvient même à taper en dessous de la ceinture, sans jamais sombrer dans la vulgarité.
C’est finalement tout l’album qui va jouer sur ce type de balanciers. Qui va jongler entre l’aspect personnel des choses et le côté plus battle rap, entre l’âpreté et la douceur dans les lyrics, mais aussi entre des productions chargées en basses, rodées pour kicker, et d’autres qui vont lorgner du côté du r&b – on retrouve d’ailleurs SZA et Kelhani en feats – pour aborder des morceaux beaucoup plus smooths. On retrouve même une tentative plus latine, somme toute assez réussie, avec « I like It », qui sample le célèbre morceau boogaloo de Pete Rodriguez.
Les invités sont eux, au nombre de huit. En dehors des deux artistes suscités, on retrouve YG, 21 Savage, Chance the Rapper ou les Migos. Tous délivrent des prestations assez attendues – mais si l’on excepte le couplet assez lassant de Chance, qui semble tourner en boucle depuis un bon moment – personne ne vient livrer ici une prestation en pilote automatique.
Que ce soit dans sa construction ou ses choix de featurings, Cardi B prend finalement assez peu de risques. Ce qui est en soit un choix qui pourrait déranger, car cela pourrait donner lieu à un album générique et oubliable. Mais au final, la personnalité de la rappeuse du Bronx, et la manière dont cet album a été agencé finissent par l’emporter.
Invasion of Privacy est une belle réussite, en particulier pour une artiste arrivée de manière aussi éclair. Mais ce projet montre surtout que Cardi B a des versants intéressants à exploiter dans sa personnalité, et que sans être la plus grande kickeuse du moment, elle rappe très proprement, sait créer des ambiances, et semble porter une capacité d’interprétation assez forte en elle, pas encore totalement dévoilée, mais qui pourrait nous amener de belles choses à l’avenir.
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