Date de sortie : 5 février 2015
Label : Disques 7ième Ciel
Production : Ruffsound & Philippe Brault
Télécharger « Love Suprême »
Le rap québécois ne manque pas d’actualité en ce début 2016, l’étiquette 7ième Ciel vous en passe un papier de bon augure. Après avoir récemment activé le mouvement culturel, métissé et familial Brown (dont on vous parlait dernièrement dans nos colonnes) voilà que l’entité nous propose en ses rangs une œuvre d’art conceptuelle d’un tout autre registre. Un narratif mettant en vedette un personnage vaniteux et imbu de soi, en avance sur les autres coureurs à la ligne d’arrivée, naïvement assuré de s’inscrire dans le temple de la renommée du rap game. Derrière la fiction d’un personnage dictateur s’autoproclamant à outrance, réside un rappeur qui fait face à sa vie quotidienne de père de famille et de résidant de la ville de Québec, bien qu’originaire de la rive-nord montréalaise : Koriass.
Comme à l’habitude, c’est sur un quatrième album que Korey Hart expulse avec hargne et incision son flow débiteur par l’entremise d’un amalgame de références plus ou moins intimistes et non loin de la prise de position. Le paysage politique et socio-culturel québécois est enchevêtré à sa vie personnelle et ses intérêts ; la famille, la femme, le cash, le rap, les sports, le cinéma, les vices, les réseaux sociaux, les chars et les chums, sont mobilisés avec escient. Son entourage est en présence vocale et musicale sur l’album avec ses alter egos Loud & Lary de Loud Lary Adjust, deux rappeurs collaborant depuis leurs débuts avec l’ami de longue date de Koriass, l’invétéré producteur Ruffsound, qui co-réalise une richissime trame sonore au goût du jour en compagnie du réalisateur le plus convoité du milieu musical québécois, Philippe Brault.
Sur son deuxième album « Petites Victoires » en 2011, Koriass (Emmanuel Dubois) prédisait son succès à la toute fin de son titre : « La mort de Manu (Garde Ta Job) » : « J’vais réussir dans le rap game, demain matin, je lâche ma job. ».
2016, voilà que le pari de la réussite artistique tant désiré de l’époque ne lui suffit plus maintenant qu’il est obtenu. Prise de conscience oblige, Koriass réalise qu’il n’est pas rose d’aspirer au statut de légende du rap game québécois. Son art, devenu job, s’est vu bousculé au fil du temps par les externalités complexes et diversifiées des industries de la musique, se voyant dans l’obligation de payer de sa poche les intérêts de sa quête profonde et existentielle, celle de l’amour absolu, le « Love Suprême ». Cette fois-ci, la mort de Manu est désormais à trouver dans sa recherche intérieure, enterrant conjointement sa quête du succès avec sa dictature. Que lui réservent maintenant la pérennité du travail de son art et sa mort prochaine ?
« J’ai perdu qui j’suis vraiment pendant ma descente aux enfers, Criez mon nom pour le monde et répandez mes cendres dans la mer. Parce que ce soir le roi est mort, Enlevez le crown sur ma tête »
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