© Boris Wilensky
Courant février, ReapHit part, un peu stressé, à la rencontre de Kohndo pour discuter de son dernier album Intra-Muros (déjà chroniqué par nos soins). Un peu stressé, oui, parce qu’en matière de vieux briscard du rap français indépendant, on peut difficilement faire mieux. Deux dizaines d’années de carrière, cela fait plusieurs autres dizaines de sujets que l’on pourrait aborder avec lui… mais la discussion emprunte finalement des sentiers battus : inspiration, rapports à la composition et à l’écriture… rien que vous n’aillez pu lire ailleurs, nous direz-vous. Mais le (presque) conformisme de nos questions fut rattrapé par la singularité des réponses de Kohndo.
« Je m’en rendais pas forcément compte mais en vous parlant, je me dis que oui, ma musique est rebelle » : on prend le compliment sans excès de crédulité, mais la remarque nous fait tiquer : être un rebelle dans la musique aujourd’hui, qu’est ce que ça veut dire ? La question est d’autant plus difficile lorsque l’on parle de rap, dont l’évolution a vidé de son sens – quoi que l’on en pense – la question de la résistance à l’autorité. Et Kohndo, qui après plus de 20 ans de carrière respectée, n’est toujours pas dans la posture (quiconque l’a rencontré pourra affirmer le niveau stratosphérique de sa bonhomie), rappelle à l’esprit que dans ce monde impitoyable, le frondeur est peut-être celui qui a fait de la musique sa vie, et de la vie sa musique : l’inter-pénétrabilité quasi complète entre l’homme et l’artiste pourrait être le sous-titre du portrait de Kohndo dont ReapHit a tenté une esquisse.
« J’aime bien le mot album, comme un album photo,
on les fait, on les regarde et on fait le bilan des années passées »
Quand on l’interroge sur la manière dont lui viennent les thèmes à propos desquels il écrit, et s’il a besoin d’enclencher un « mode » intérieur particulier pour trouver l’inspiration et se mettre à l’écriture, Kohndo écarquille les yeux et bafouille, entre rire et tentative de réponse, avant de lâcher.
« Parfois, je me demande si je suis un artiste, je ne corresponds pas au stéréotype de l’artiste : le gars torturé qui a besoin de vivre des expériences intenses pour pouvoir écrire, un espèce d’écorché vif qui ne peut pas vivre sans douleur. Pour moi, l’écriture, c’est autre chose, c’est un espace de dialogue : je suis un solitaire quand même, je suis fils unique de mère célibataire, et je cultive ce truc où ma feuille est un peu mon frangin, enfin ma frangine parce que c’est une petite nana, et parfois, elle et moi, on se parle. Quand j’écris un texte, souvent, je pense à quelqu’un : mon pote d’enfance P-H, ou une amie, un personnage que je projette et à qui je parle […]. Moi, l’art c’est juste ma nature en fait, donc je n’ai pas besoin de la forcer. Je cherche un truc qui est finalement assez peu véhiculé ou qui a en tout cas été longtemps assez mis de côté dans la culture hip-hop : le naturel. Moi ce qui me plait, c’est la diversité des personnages et que les gens soient pleinement eux-mêmes, parce que je trouve qu’on a tous des histoires, et de belles histoires, à raconter ; et parfois elles ne sont pas simples mais c’est drôle la manière dont les gens ont pu, dans le rap, transformer leurs drames »
Le truc de Kohndo, ce n’est donc pas l’extraordinaire et l’exceptionnel, c’est plutôt réel, la vie qui déroule son fil quotidien. Intra-Muros met en scène un ensemble de personnages fictifs, que le personnage principal, chauffeur de taxi, est amené, courses après courses, à croiser. La recherche intransigeante de l’intrigue et de la fiction aurait pu prendre le rappeur au piège et lui faire faire un album complétement différent. Mais la vie menée ces dernières années le rapproche toujours du « vrai » : l’expérience de la prison avec les détenus, l’expérience de la salle de musique avec ses élèves, mais aussi l’expérience récente de la paternité, lui donnent de son propre aveu assez de matériel pour qu’il n’éprouve pas le besoin d’inventer quoi que ce soit. C’est parce qu’il s’inspire de ce et ceux qu’il connaît qu’il évite de tomber dans une histoire trop invraisemblable.
« Moi je fais partie de ces gens qui vivent les histoires d’abord et prennent ensuite le temps de les penser. […] Quand j’ai décidé d’écrire cette histoire, j’avais vraiment envie d’écrire un film et je ne voulais pas être prisonnier d’un concept, parce que ça c’est pas intéressant. Je me disais : comment je vais pouvoir continuer à être Kohndo en faisant ce disque ? C’était quand même ça le challenge. Alors j’ai parlé à des gens, ces gens avec qui j’aime être en discussion et qui me conseillent, j’ai par exemple beaucoup travaillé avec Alex Monville [programmateur de la salle Canal 93 de Bobigny, ndlr]… je dis travailler alors qu’en fait non, on a simplement discuté. Et lui m’a dit de faire gaffe à ne pas m’enfermer dans mon concept […], et ce n’était pas le but. Alors avant de penser à ma galerie de personnages, j’ai surtout réfléchi au sujet que j’avais envie de traiter. Les personnages sont assez secondaires finalement, et ne sont que prétexte à un questionnement plus global »
Sur ce tout dernier album, le questionnement, comme Kohndo l’a répété plusieurs fois, a tourné autour de l’enfermement, ou plutôt de l’expérience que tout un chacun est susceptible de faire -ou non, de la liberté. Et c’est là qu’interviennent des personnages archétypaux, comme celui du dealer -sur le titre en featuring avec A2H : il ne s’agit évidemment pas d’un simple descriptif d’un mec auquel nous avons déjà tous eu affaire de près ou de loin, mais d’un marchepied sur lequel Kohndo s’appuie pour pousser la réflexion plus loin qu’un simple débat pour ou contre la drogue. La conversation dévie légèrement lorsque l’on avoue au co-auteur du Facteur que, malgré l’irrésistible production du morceau, le personnage nous est resté complètement antipathique. Et lui de nous répondre que c’est exactement ce qu’il cherchait ! Provoquer la discussion, sans cliché, et puis c’est tout.
« C’est très compliqué, on s’analyse peu quand on crée. Mais je sais que j’avais besoin de témoigner de la psychologie, tu vois, le facteur, c’est un personnage drôle mais tellement cynique… il est super sympa, super social, mais c’est vraiment un enculé ! Il se dit, on va tous crever, est-ce que je choisis une plage à Hawaï, un 200 m2 à Paris, ou la taule ? Il se dit qu’il continuera à jouer jusqu’à ce que ça lui tombe dessus. Mais c’est pas vraiment lui que j’interroge, lui on connaît assez bien sa nature, en revanche, il côtoie toutes les couches sociales et ça me fait me demander si ça va bien chez nous ! Tu ouvres les pages de certains magazines, putain tu lis ça [à propos de la drogue], tu te dis mais qu’est ce que je loupe, ça a l’air trop fun ! Donc c’est une vraie question, compliquée, sur le rapport que l’on doit avoir avec ça »
« Ce que je dis dans l’album, c’est que tu peux te
les mettre toi-même les chaînes, et volontiers !»
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Mais loin de Kohndo les positionnements extrêmes qui le situeraient à l’opposé de l’apologie de la drogue que l’on a pu/peut retrouver chez d’autres : « tout, mais avec modération [éclat de rire]», nous dit-il, l’air malin. Question de point de vue, mais la phrase est représentative de la nuance que le rappeur veut injecter dans ses textes, sans se frotter à l’écueil du jugement de valeur et finalement tomber dans la leçon de morale. En effet, son souci de la réalité ne lui permet pas de s’extraire de ce dont il parle ; et la liberté de choix est loin d’être une question anodine pour un rappeur indépendant.
« Mon point de départ, plutôt que l’enfermement en soi, c’était : qu’est ce qu’on fait de notre liberté ? Cette notion de choix, de rester ensemble ou de partir, de partir en couille ou non quand on manque d’argent… en fait quand je raconte ce taxi man, je raconte mon demi-frère, je raconte des cousins, et je me rends bien compte que j’ai de la chance car eux sont enfermés dans leurs vies. Mais après, dans cette liberté que je pense avoir, parce que j’ai des libertés artistiques, je subis quand même mon quotidien, comme plein de gens et je peux te dire que ce n’est pas simple tous les jours. Donc non, je ne me sens pas toujours libre […] »
Malgré ses airs, qui rappellent parfois ceux d’un grand enfant, Kohndo a dépassé l’âge auquel on croit naïvement que l’on a absolument tous les choix. Pour beaucoup d’artistes qui n’ont pas voulu entrer dans le grand circuit de l’industrie musicale, l’heure des bilans sonnent souvent le glas des aspirations passées qui laissent la place à une petite amertume qui pousse à chercher des responsables partout. Chez Kohndo, pas d’aigreur qui ne dure trop longtemps puisqu’artistiquement, ce qu’il a voulu faire a toujours pu voir le jour. Au prix, peut-être, d’une besogne plus acharnée due à des moyens parfois limités, car comme il le dit « [ses] potes jouent en crampons quand [lui vient] sur le terrain en tongs », mais qui donne un encore meilleur goût au travail accompli.
« On a toujours tendance à croire que l’ennemi est extérieur, mais non, il est intérieur. Le succès est enivrant, c’est une drogue, et je connais peu de gens qui seraient capables d’y renoncer pour se sentir mieux, je ne sais même pas s’ils auraient le sentiment de se sentir mieux en y renonçant. Tu as d’abord un gros malaise, et avec un peu de lucidité, tu te réveilles un matin en te disant, putain, j’ai bien fait. Mais ça reste évidemment une question : quand je sors du métro et que je vois la Lamborghini de mon pote garée à la sortie, je me demande parfois si j’ai fait les bons choix… mais après, j’avance et je me dis est-ce que j’aurais accepté qu’il arrive ça ou ça ? Et puis je finis par penser que je suis pas trop mal dans ma vie, [notamment] parce que la musique est probablement le seul endroit où je me suis toujours refusé les contraintes […] ; à ce sujet, putain, j’ai jamais fait de concessions, une vraie tête de lard [rires]. Il y eu des moments où j’aurais aimé signer en grosse maison de disques, mais en entendant leurs discours lors de rendez-vous, ils ne comprenaient rien, c’était pas possible, je me serais perdu »
« Ma musique a besoin du meilleur,
alors je vais chercher ce qu’il y a de mieux »
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Kohndo pourrait sur-jouer, avec l’âge, son personnage d’ancien pour indiquer aux jeunes du game ce qu’il faut ou ne faut pas faire. Mais non, les conseils, il préfère les garder pour les distribuer dans le monde concret, au Conservatoire ou pendant les ateliers qu’il anime, en prison, entre autres. Concernant ses nouveaux collègues rappeurs, il les invite sans prétention sur son album et n’hésite pas à leur envoyer des fleurs pour le talent qu’il leur reconnaît. Pourtant, taquins que nous sommes, on a tenté la provocation : l’un dans l’introspection, l’autre plutôt du côté de l’entertainment, les mondes de Nekfeu et A2H peuvent sembler éloignés de celui de Kohndo, dont les textes donnent une définition du rap en relation étroite avec le terrain.
« Ce qui m’intéresse, c’est les personnalités et ce que les gens en retire et pour moi, l’un a autant de valeur que l’autre [l’engagement et l’introspection, ndlr] parce que la musique ne s’écoute pas toujours dans le même état : il y a des albums pour le soir, d’autres pour le matin, d’autres pour faire du sport, enfin voilà, on ne vit pas avec tous les disques de la même façon et tout ça, ça a lieu d’être […]. Je pense que tout ce qui est introspectif est forcément un engagement, l’engagement du soi… tu vois, Nekfeu a toujours un regard sur le monde mais c’est assez subtil, il mélange et a raison de le faire […]. J’aime vraiment, vraiment la rencontre et l’âge, pour moi, ne fait pas du tout la maturité »
Qu’il s’agisse des collaborations ou des choix d’outils, Kohndo se met au service de sa musique : aller chercher les bons et les bonnes choses là où elles sont, quitte à prendre une leçon d’humilité quand le bon en question est un nouvel arrivant dans le business. Mais l’ex-Coup d’Etat Phonique sait aussi se reconnaître quelques fulgurances, comme celle qui lui a fait sortir un flow trap alors que le style émergeait à peine outre-Atlantique.
« [Sur Un Gun sur la Tempe], on est sur les codes de la trap. C’est un morceau que j’ai co-produit avec Slick du label 64 [sixfo]. Quand j’ai eu besoin de faire un morceau plus moderne, j’ai appelé un gars plus jeune que moi, je lui ai dit ça c’est ta culture, on va essayer de se comprendre toi et moi. Donc je suis venu avec le sample, lui est venu avec des idées dans la tête et je lui ai dit, avec mon expérience, que j’optais pour telle ou telle sonorité plutôt que pour une autre. Mais en revanche son jeu et son approche de la rythmique étaient plus adaptés à ce morceau là et à deux, on s’est mis au service du morceau. Je suis content d’avoir été assisté, enfin même plus que ça, parrainé, par un gars plus jeune que moi, dans une relation ou j’étais l’élève. Je suis sorti de ma zone de confort et à la fois c’était assez drôle pour moi car ça faisait écho à un morceau que j’ai fait et qui n’avait pas été super apprécié à l’époque qui s’appelait « J’entends les sirènes ». C’était déjà de la trap, mais ça ne s’appelait pas comme ça à l’époque ! »
Sortir de sa zone de confort, c’est n’est pas seulement consulter les jeunes pour faire « moderne ». La vie d’artiste en indé force à se construire un réseau, un tissu de musiciens, de techniciens, d’horizons différents, qui, par affinités musicales, acceptent de vous aider le moment venu. Kohndo profite aujourd’hui de cette petite facilité que lui ont apportée ses années d’expérience. Et s’il se veut fier représentant de la génération du rap samplé, voir la boucle comme une nécessité serait pour lui une solution de facilité à laquelle il refuse de céder.
« La machine ne me sert qu’à composer, c’est-à-dire, à arriver rapidement à mon idée ; c’est en fait une nouvelle forme de partition. Alors parfois j’exécute bien et parfois j’exécute approximativement, et lorsque j’exécute approximativement, je me dis que ma musique à besoin du meilleur donc j’appelle le meilleur que je connais dans mon répertoire. Ma musique a besoin d’un son de basse de meilleure qualité ? J’appelle Dany Cultier. Ma musique a besoin d’un jeu pianistique de meilleure qualité ? J’appelle Wendy Milton. Ma musique a besoin d’un batteur de meilleure qualité parce que j’ai envie d’un fil de batterie plus réel et d’un son de charley plus juste ? J’appelle Raphaël Otchakowski […] J’aurais pu partir sur un album sans sample mais j’avais envie de retrouver un son que j’avais perdu. Et j’ai repris une approche plus traditionnelle en retravaillant des samples qui me parlaient beaucoup et étaient vecteur d’inspiration. A la fois, Le Compteur Tourne, il n’y a pas de sample. J’avais besoin de le faire pour me rappeler que je sais le faire mais à un moment il fallait que j’arrive à transcender le sample et l’idée originelle »
« Le hip hop a permis de développer de vraies
techniques d’échange et de transmission »
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Pour décrire Kohndo, on peut bien sûr parler de la boucle du sample, mais aussi de cette boucle-là : celle qui consiste à aller apprendre ce que l’on ne sait pas faire auprès de ceux qui savent, mais aussi à transmettre ses propres habiletés aux avides de connaissances musicales. Ce cercle vertueux (mouvement qui n’existe pas que dans le hip-hop mais que le genre a largement fait sien), Kohndo pourrait en parler pendant des heures. On sent que le sujet l’emporte, et nous avec.
« Le hip-hop a permis de développer de vraies techniques de transmission, et j’ai toujours voulu faire comprendre que l’on pouvait enseigner et transmettre la musique grâce à ces outils développés dans le hip-hop. Des gens m’ont fait confiance et au Conservatoire de Puteaux existe la division musiques actuelles, qui s’est essayé à une approche pédagogique en utilisant ces outils là : la MAO, le beat-making, le looper, le beat-box, l’apprentissage des accords de manière un peu moins académique, une nouvelle forme de solfège dont le cœur serait l’écoute ; parce que nous, on a beaucoup, beaucoup, beaucoup écouté : quelqu’un qui fait du beatmaking a des références musicales bien plus développées que la plupart des jeunes musiciens qui pratiquent leurs instruments, plus pointus mais sur un répertoire plus restreint […] Le hip-hop apprend à écouter, et c’est fondamental car pour moi la définition d’un grand musicien, d’un grand artiste, c’est quelqu’un qui écoute bien, pas quelqu’un qui joue bien mais quelqu’un qui est bien à l’écoute. J’ai passé toute ma vie à écouter »
Et voilà une belle manière de la boucler la boucle, celle de notre modeste portrait cette fois : l’écoute, toujours l’écoute : la musique, ses proches, ses connaissances, le bruit de la ville, le monde… et essayer d’en tirer quelque chose, pour soi et pour les autres. A bien y réfléchir, on se demande si ce n’est pas ce que font au quotidien les chauffeurs de taxi, et on se dit que Kohndo a bien choisi son image pour Intra-Muros. A l’heure où les taxis, les vrais, se posent les questions de leur avenir, celui de Kohndo semble s’imposer : « Je ne m’attendais pas à rapper encore aujourd’hui, je ne pensais pas que cette passion-là allait me tenir aussi longtemps. Mais quand je réfléchis à ma nature, même si je n’osais pas rêver à ça, je me rends compte que c’était vraiment dans ma nature ».
BONUS : « L’un des grands objectifs de ma vie d’artiste a été de fabriquer un scoring de film »
Intra-Muros sur grand écran ? « J’aimerais grave ! Pour moi, c’est Michael Mann et Collatéral, un truc comme ça… ou Scorsese forcément avec Taxi Driver, j’avais même Midnight Express en tête. Oh putain, De Niro et Jamie Foxx, je choisirai les deux… ou bien un Di Caprio/Jamie Foxx. Non mais le duo Jamie Foxx/Tom Cruise était sérieux ! [Des acteurs français ?] Ah j’aime bien les acteurs français, genre Sami Bouajila ou Tahar Rahim… ces deux là ce serait frais, attendez vous me donnez des idées là ! Faut que je les rencontre. Intra-Muros, c’est un film d’hiver et nocturne… ah j’ai encore dit un film…un album d’hiver et nocturne ».
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