Interview – Heskis, virée nocturne entre espoir et désillusion

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©Simon Bouillère / Jazwave
A l’occasion de la sortie de son premier EP solo GG Allin, nous nous sommes rendus chez Musicast pour rencontrer Heskis, membre du groupe éphémère 5 Majeur (composé également de Vidji, Kéroué, Hunam et Nekfeu) qui a marqué toute une génération par son style néo-boom-bap. Nous avons évoqué avec lui le personnage de GG Allin, l’univers musical et visuel du projet, ses influences mais également la violence de notre époque et son rapport à la scène et à la réussite. Interview fleuve avec un MC amoureux de son art, toujours exercé dans un mélange singulier de force brute et de sensibilité.
Salut Heskis ! Tu viens de sortir ton premier projet solo GG Allin EP, après avoir officié avec notamment Hors II Portée et 5 Majeur. Comment vis-tu ta première sortie solo ?

Assez bien, il y a un très bon accueil autour du projet. Je suis assez content de ce qu’il se passe en ce moment. Franchement, je n’ai eu que des très bons retours. Au niveau de la réception critique, j’ai eu beaucoup de chroniques et de papiers très positifs. D’habitude, je ne me risque pas trop à lire les commentaires sur YouTube mais même là, on me donne beaucoup d’amour. Ça me donne de la force et du courage pour aller de l’avant.

Pourquoi avoir choisi d’appeler ton EP « GG Allin » ? C’était un hommage à la folie du personnage, à son côté provoc, punk à chiens m’enfoutiste ?

En effet, tu viens de décrire le personnage assez bien. Souvent, les gens me parlent des performances complètement hardcores et des prestations scéniques de GG Allin. Ce n’était pas vraiment ça qui m’intéressait dans le personnage, mais plus son côté subversif. Je trouve qu’on manque d’acteurs subversifs dans la culture aujourd’hui, que ce soit dans le cinéma ou dans la musique. On manque de mecs avec des idées différentes qui n’hésitent pas à tout envoyer chier. GG Allin, c’est un personnage parmi d’autres mais j’ai toujours aimé les gens qui bousculent les conventions. Je regarde énormément d’interviews d’artistes, aussi bien des rappeurs que des punks ou des rockeurs, et j’adore le sens du scandale des punks. Je trouve qu’il y a un vrai sens de la promo et du buzz avant l’heure. Par exemple, les mecs de Kiss qui débarquent avec leur maquillage incroyable ou GG Allin qui arrive sur un plateau avec un casque de nazi et une veste en cuir.

Pour le titre du projet, j’hésitais entre GG Allin, Sid Vicious ou Ali Boulala, mais lui c’est un skateur que personne ne connaît alors j’ai laissé tomber cette dernière idée. Je voulais en tout cas prendre le nom d’un mec qui a tout fait à contresens. Ça exprime aussi ma volonté de me démarquer, d’exister par moi-même et de ne pas être une pâle copie d’un truc qui existe déjà car très souvent, le marketing transforme les artistes en copies ou en clones.

Le premier extrait de ton EP se nomme « Akira ». Pourquoi avoir choisi l’univers des dessins animés japonais ?

Ça collait bien à l’atmosphère de l’EP et à ce morceau-là en particulier. Je t’avoue que je ne sais pas vraiment pourquoi ça m’est venu, mais je suis assez fanatique du dessin animé. L’EP parle beaucoup de la perte des illusions et Akira, pour moi, ça tourne aussi beaucoup autour de ça : une bande de gamins complètement désillusionnés qui errent dans les rues de Tokyo et qui se débrouillent un peu par eux-mêmes dans un monde hostile, post-apocalyptique. Je trouve qu’on n’est pas très loin de ça, et moi et mes potes, je nous sens un peu comme ces gamins désœuvrés du Néo-Tokyo. Et puis j’adore les couleurs du dessin animé, il y a un truc très futuriste et nocturne, avec l’omniprésence des tons violet et bleu. Si tu regardes les clips ou l’Instagram des rappeurs hyper connus aujourd’hui, beaucoup sont dans cette ambiance-là. De manière générale, tout ce qui est « ambiance nocturne » en musique ou en images, ça me parle. Je suis insomniaque donc je m’y retrouve.

Et Akira, c’est tout ça mélangé : la critique de la société, la question de l’être humain dans son environnement et de l’influence que cet environnement a sur lui, la place laissée par ce conditionnement à son libre arbitre, à son individualité. C’est de ça que j’essaie de parler sur ce projet.

Dans Akira, il est question d’une société post-apocalyptique où il n’y a plus de repères, après la Troisième Guerre Mondiale. Tu as cette phrase très forte : « J’écris des textes violents comme mon époque. » Qu’est-ce qui rend notre société violente ?

C’est la question où je vais enfoncer des portes ouvertes à grand coup de pied. Le marketing, je trouve ça extrêmement violent, comme la télé-réalité ou les réseaux sociaux. Le JT ou la politique, je trouve ça également d’une violence incroyable. Toutes ces choses qui régissent un peu nos modes de vie, c’est assez abrutissant. Ce sont des choses qui malheureusement me donnent de bonnes raisons de perdre foi en l’humanité. Et ça me fatigue, j’aimerais bien que ça s’arrête. D’autant que j’ai l’impression qu’on est plein à penser ça et à se retrouver dans ce discours. « J’écris des textes violents comme mon époque », c’est aussi une réponse indirecte à ce reproche peut-être un peu daté qu’on a souvent fait au rap d’être trop violent ou trop agressif. Ce que je veux dire par cette phrase, c’est que le rap est aussi une photographie de l’époque à laquelle on vit, d’un moment et d’un état d’esprit à ce moment donné. Si le rap est violent à son tour, c’est d’abord parce que l’époque qu’on vit l’est. Quand un jeune se fait tuer ou violer par un flic par exemple, ou quand un ministre détourne de l’argent public et qu’apparemment ça ne choque pas grand monde, je trouve ça d’une violence incroyable. En vrai, c’est un sujet sans fin.

On a l’impression qu’il y a une dimension cathartique dans ta musique. C’est important pour toi de te servir du rap pour extérioriser cette violence et pour apprivoiser tes démons ?

Absolument. Je suis une éponge et j’ai une sensibilité assez exacerbée. Je ressens tout très fort, donc la musique est aussi un moyen de transformer ça en quelque chose de positif. Je suis quelqu’un d’assez anxieux, je parle beaucoup dans l’EP de combat avec mes démons et le fait de poser ça sur papier, de crier dans la cabine, ça permet d’extérioriser, de recycler cette « matière noire » pour en faire quelque chose de positif.

Le but de la démarche, c’est aussi de trouver d’autres hypersensibles comme moi et que ça puisse toucher d’autres gens qui me ressemblent. A titre personnel, ça me fait du bien de partager cette désillusion générale qui me colle à la peau avec ceux de mes proches qui pensent la même chose. On se sent un peu moins seul avec tout ça. Je trouve qu’on est dans une société où on est quand même extrêmement seul. Tout le monde a l’air de trouver ça normal, à tel point que tu as l’impression d’être un martien si ce n’est pas ton cas. Alors que ce n’est pas forcément toi le problème, mais plutôt l’état d’esprit général.

On sent aussi une certaine nostalgie dans tes textes.

Nostalgie, je ne sais pas. Disons que je suis peut-être nostalgique de l’enfance et de l’innocence qui va avec. « La vie est belle, le monde est moche. Que le gosse que j’étais repose en paix », c’est une phrase qui parle de ce que tu crois au début, de ce que tu vois après, de la perte des illusions que tu contractes nécessairement en grandissant, un peu comme une maladie. Je trouve que souvent les adultes sont tristes, sans doute à cause de ce processus de désillusion. Je m’entends mieux avec les adultes qui ont des rêves d’enfants dans la tête. La désillusion se traduit aussi par la perte des rêves, par une certaine forme de renoncement et par l’acceptation d’une vie qu’on te propose mais qui ne te correspond pas forcément. GG Allin parlait aussi beaucoup de ça sur les plateaux TV. Je me rappelle d’une interview où il s’énerve contre une journaliste et où il lui dit en gros : « Tu vois ta vie, cette triste routine métro-boulot-dodo, eh bien moi je suis l’antéchrist de ça, putain de merde ! ».

Jusqu’à présent tu as été en collectif. Pourquoi avoir attendu maintenant pour rapper tout seul ?

C’est une dynamique complètement différente, de travailler en groupe ou tout seul. Moi, il y avait un moment où le fait d’être en groupe me stimulait et où je n’avais pas du tout la même stimulation en bossant tout seul. Ça m’est revenu petit à petit. Je suis aussi très exigeant donc depuis que je rappe, il y a énormément de mes textes qui partent à la poubelle, que je raye, que je jette. Je suis ultra-perfectionniste, ce qui a été extrêmement chronophage sur ce projet. Je fais attention au moindre détail, à tel point qu’il m’aura fallu 4 ans pour donner vie à GG Allin (rires).

C’était important pour moi de prendre le temps de proposer quelque chose de différent et qui me ressemble plutôt que de vouloir exister juste parce que j’avais une actu avec le 5 Maj ou d’arriver avec un projet dont je n’aurais pas été fier à 100%. J’ai un rapport assez particulier avec mes morceaux. Je m’en lasse très vite et je ne vois que ce qui ne va pas donc ça m’a pris beaucoup de temps de déterminer une voie, une direction à suivre sur tout un projet. Par rapport à toutes les influences que j’ai eues ces dernières années, je voulais que le projet aie véritablement une couleur, et non pas que ce soit une simple palette en mode « voilà, je sais faire ça, ça et ça ». Je voulais arriver avec quelque chose de tranché. Il n’était pas question de prouver quoi que ce soit à qui que ce soit. L’important, c’était d’abord que le résultat me plaise à moi. Concernant le côté démonstration technique et savoir-faire, je pense que les gens qui me suivent ont déjà pu voir ce que je savais faire dans les open mics et les freestyles où j’ai été vraiment très présent pendant des années, car je viens pas mal de là. L’objectif était différent sur GG Allin : je voulais avant tout développer un univers artistique.

En 2011, on t’avait demandé si tu étais d’accord avec le fameux adage « le rap c’était mieux avant », et à l’époque tu avais dit que la génération de MC des années 2010 était peut-être plus forte que celle des années 90. C’est toujours ton avis ?

Oui absolument, je le pense même encore plus qu’avant. Il y avait un état d’esprit global dans les années 90 qui s’est perdu, et c’est sans doute de là que provient la nostalgie environnante aujourd’hui. Après, si tu regardes les instrus ou les flows d’aujourd’hui, c’est plus développé qu’avant, c’est plus fort qu’avant. Si par exemple tu écoutes un Nekfeu, que tu décomposes sa manière d’écrire, ses schémas de rime, ses jeux d’allitérations et d’assonances, ça n’existait pas avant. Je suis un fanatique de Salif et de Nubi (qui est tout en haut pour moi), et je t’avoue que je n’ai toujours pas trouvé un rappeur français qui est plus fort que lui dans sa manière à lui d’être fort, dans son style bien particulier. Mais quand j’écoute Sheldon, Fixpen, Lomepal, Caballero et Jean Jass, tu ne peux pas me dire à moi que le rap c’était mieux avant. Je connais des rappeurs tellement forts et tellement doués que pour moi, ça ne tient pas la route. A mon sens, les gens qui pensent que le rap c’était mieux avant, ce sont des gens qui n’écoutent pas assez de musique ou qui ne se tiennent pas au courant de ce qui se fait en ce moment.

En France, les gens qui ont kiffé le rap des années 90 n’ont pas compris qu’ils ont kiffé un certain style de rap, essentiellement le rap engagé. Il y a des gens qui te disent que le rap se définit comme une musique engagée, que l’engagement fait partie de l’identité même du rap, dès sa naissance. Tu te rends compte de l’absurdité ? Aux Etats-Unis, les premiers mecs qui rappaient te disaient « Tout le monde lève les bras en l’air », c’était une musique plutôt festive, étrangère à tout engagement. En France, on se borne à reproduire les codes de ce qui se fait aux Etats-Unis mais notre compréhension globale de la musique est moins bonne, moins développée. Je trouve les incompréhensions des anciens qui critiquent le nouveau rap et les guerres intestines vraiment regrettables. C’est pareil avec la trap : aujourd’hui, tout le monde parle de trap mais ca ne veut plus rien dire en réalité. Quand tu parles de trap, il s’agit surtout d’un type de BPM. Il n’y a pas vraiment ce type de débat aux Etats-Unis d’ailleurs. Les américains ont accepté l’idée que depuis les années 90, plusieurs styles de rap se sont fait leur place et que chacun est une composante à part entière de cette culture, au même titre que les autres. On a plus de mal avec ça en France, et ça ralentit sans doute le développement musical. C’est comme avec les débats sans fin sur l’auto-tune. On devrait se concentrer davantage sur la musique et moins sur la question de savoir si c’est du rap ou non.

Tu te considères comme un rappeur conscient ?

C’est une bonne question. De base, j’ai envie de te dire non, parce que je ne suis ni Keny Arkana, ni Médine. Je ne mène pas de combat politique. Après ouais, je parle de ce que je vois et de ce que je ressens, et ce que je vois autour de moi, c’est loin d’être la fête à chaque coin de rue. Je ne suis pas persuadé que ca fasse de moi un rappeur « conscient » au sens où je pense que c’est la base même du truc pour n’importe quel rappeur normalement. Le rap engagé, je trouve ça nécessaire et utile, mais ça n’empêche que perso ça me fait chier. Ce n’est pas ce que je recherche quand j’écoute du son aujourd’hui, probablement parce que j’en ai beaucoup écouté quand j’étais plus jeune. Dénoncer des choses, je trouve ça fondamentalement bien mais si c’est pour enfoncer des portes ouvertes et dire des trucs que 1000 autres ont dit avant toi, alors je ne vois pas l’intérêt.

Toi qui étais proche de Nekfeu, que penses-tu du succès qu’il a rencontré ces dernières années ?

C’est complètement mérité. Nekfeu, c’est l’un des rares rappeurs qui a un don à proprement parler, et qui en plus a décidé de le travailler. Il a énormément travaillé et il a le succès qu’il mérite. Nous, on l’a su tout de suite, dès la première fois qu’on l’a vu. On a tous su qu’il allait percer, qu’il allait devenir « big ». Tous les gens qui le connaissent te diront qu’en plus, humainement, c’est quelqu’un de bon. Au sein du 5 Maj, on est tous très fiers de lui. Voir sa réussite et son explosion, ça nous donne de la force, de l’espoir, ça nous motive, ça donne faim. Je suis vraiment ravi pour lui.

Dans tes morceaux, il y a à la fois des instrus à l’ancienne et des moments où tu rappes sur des sonorités plus actuelles. Cette diversité est une des forces de l’EP. C’est représentatif de ce que tu écoutes ?

Oui, je suis un vrai digger. L’année dernière, comme beaucoup de gens, je me suis explosé sur du Hamza et du Young Thug notamment mais j’écoute énormément de choses. Ca va de Bones a Yung Lean en passant par Drake, Big Sean, Spooky Black et encore tout un tas d’autres mais ça serait sans fin si je devais tous te les citer (rires). Après là, je te cite des trucs qui sont pourtant à l’opposé du rap que j’écoutais à la base : Roc Marciano , Dipset, Mobb Deep, Conway, Westside Gunn, tout ce rap New-Yorkais de pointe.

J’aime beaucoup de styles et d’écoles très différentes dans le rap mais je dois avouer que j’ai une faiblesse pour les artistes qui mélangent les influences et ca doit se ressentir dans ma musique. Sur « Gas Station » et « Petrol », les prods sont plutôt trap alors que sur les autres morceaux, on a plutôt fait ce que j’appelle du « boom-trap » : « Akira » ou « GG Allin », c’est du 45 BPM, donc un 90 BPM divisé par 2.

On sent également des influences assez fortes hors hip-hop, notamment trip-hop.

Mon album de chevet, c’est Dummy de Portishead, l’un des meilleurs albums de tous les temps pour moi. Je suis possédé par ce genre de sons depuis que je suis gamin : Massive Attack, Tricky, j’adore tout ça. Je voulais qu’il y ait ce côté trip-hop sur l’EP. Pour moi, le trip-hop c’est à la fois le côté triste et le côté lumière dans les ténèbres, une espèce d’émotion mélangée comme ça. C’est une musique très désabusée, avec une énergie un peu chaotique, qui semble presque te dire « échappes-toi en déprimant ». C’est un peu les premiers sad boys.

Dans le morceau « Cluedo » tu parles beaucoup de réussite. Ça signifie quoi pour toi ? Est-ce qu’elle passe par l’argent, le succès dans les bacs ?

Quand je parle de réussite, c’est d’abord et avant tout par rapport à moi-même. Je voudrais surtout réussir à être plus en paix avec moi-même. Ensuite en effet, la réussite au sens où on l’entend plus généralement. Je pars du postulat (peut-être un peu arrogant) que je rappe bien et que je dois avoir ce que je mérite. J’ai envie d’être apprécié à ma juste valeur en tant que rappeur. Et que les gens prennent le temps que ma musique mérite qu’on lui consacre. Mon ambition n’est pas non plus de faire des millions, c’est simplement d’être reconnu par mes pairs et de pouvoir vivre de ma musique convenablement. Je me suis souvent fait l’observation que des rappeurs que j’adore musicalement ne gagnaient pas assez d’argent par rapport à ce que méritait leur musique, ou qu’ils n’avaient pas le succès qu’ils méritaient d’un point de vue général, sans même parler d’argent. Je trouve ça extrêmement frustrant et j’aimerais renverser la vapeur. Si c’est possible, je ne vais pas me priver et tout faire pour que ca se concrétise.

La scène, c’est un exercice que tu apprécies ?

Jusqu’à présent, je n’ai fait que des interventions avec Fixpen Sill. On est très liés, ce sont mes frangins, je les ai beaucoup accompagnés sur des concerts mais je n’ai fait que des apparitions. Si tu veux tout savoir, je n’y prenais pas énormément de plaisir jusqu’à assez récemment, mais ça commence a devenir de plus en plus kiffant depuis que je travaille ça. J’ai fait mes 2 premiers concerts solo il y a quelques semaines (avec La Craps et Kery James au Stéréolux et Jean Jass & Caba au Ferrailleur de Nantes) et pour la première fois, j’ai vraiment kiffé le faire et je suis sorti en étant content d’avoir rappé mes trucs sur scène.  Je commence même à avoir plein d’idées pour le live. J’ai envie de travailler sur quelque chose de différent, de particulier, pas juste de venir sur scène débiter mes morceaux puis me barrer. Je veux qu’il se passe vraiment quelque chose, qu’il y ait une vraie interaction. J’ai aussi envie de pousser mes clips plus loin.

Mais dans l’absolu, c’est dans les freestyles et les open mics que je me sens vraiment dans mon élément. J’aime la notion de challenge : j’adore arriver dans un endroit où on ne me connaît pas, où je ne suis pas attendu et rapper.

C’est ton activité principale aujourd’hui, la musique ?

Aujourd’hui oui, je n’ai pas de boulot à côté. J’ai fait les deux pendant longtemps mais c’est très compliqué. Là, j’arrive dans une situation où il va falloir que quelque chose se passe parce que sinon, je vais devoir retourner bosser. Pour le moment, ma musique ne me fait pas vivre et c’est d’ailleurs mon objectif pour cette année que de trouver un moyen d’en vivre. Sinon, il est possible que j’arrête d’en faire. Je n’aime pas faire les trucs à moitié et je n’arrive pas à faire les deux. J’ai essayé, mais quand tu bosses 35h dans le cadre d’un boulot qui n’est pas forcément épanouissant pour l’esprit, c’est très difficile d’aller en studio en sortant d’une journée ou d’une semaine de boulot parce que tu n’es pas en état.

Donc c’est toujours délicat, je ne sais pas. Je sens en tout cas que c’est maintenant qu’il faut que j’enchaîne, que je sorte track sur track et que j’envoie la sauce. Même si elle reste relative, il y a une certaine attention sur moi depuis la sortie de cet EP et je bosse déjà sur le prochain. Mais je crois que c’est la problématique de tous les bons rappeurs : tous ceux que je connais, je les entends dire tous les 6 mois qu’ils vont arrêter cette merde pour aller conduire des trams ou vider des palettes. Mais tu connais l’histoire, on arrive jamais à arrêter en vrai (rires).

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Le Scribe

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