Marquant la sortie de l’album commun de Ham et Mani Deïz, « Carte Blanche » et comme un baptême du feu qui résonne dans les paroles de ce texte fin et acéré, un clip assez simpliste, réalisé par Red Oner, de l’équipe Top 2 Bottom, ou les noirs et blancs dominent, mais aux symboliques fortes de part les couleurs vivantes choisies. L’essentiel se cache dans les détails. Les cinéphiles y verront certainement un rapprochement aux adaptations du comic de Frank Miller. Est-ce vraiment un hasard, quand le featuring est posé avec Hartigan ?
C’est de loin que viennent les kicks. Les violons, quant à eux, montent doucement, jusqu’à la stabilisation qui viendra justifier le truc. On plonge dans un rêve, ou l’on s’éveille d’un cauchemar, ça dépendra des jours. Les habits ne font pas les moines, Hartigan ouvre là-dessus. Il ne s’identifiera ni à Archimède le Clochard, ni au prophète victime d’une épiphanie divine, mais après l’avoir cherché dans les bas-fonds, il a su exhumer un halo scintillant qui l’amènera à une écriture des plus sincères. Trop de levées de corps et trop de deuils portés pèsent lourd sur l’homme. Quand le crabe aux pinces nicotinées s’attaque aux abats, c’est à la terre que l’on retourne, car c’est de là que l’on vient. Vivre et mourir dans l’anonymat, en ayant toujours cherché à se connaître soit même, comme nous l’enseignait Socrate, mais on meurt toujours trop vite. Et assumer sa condition n’est désormais plus chose aisée.
Les démons vous mettent l’encéphale en vrille, quand ce n’est pas sur une falaise que l’on se sent le plus au bord d’un gouffre plein de vide. En bas, les damnés vous attirent, tendant vers vos âmes de longs bras brumeux et faibles, comme ceux des êtres qui n’ont jamais connu l’Amour. Est-il chose moins simple que d’errer à l’aveugle et de recouvrer la vue au moment ou ses espoirs s’émiettent par la scission des engagements pris ? Le temps est peut être venu de rendre les armes, de baisser la garde, car toujours, roderont les marauds faméliques. Quand nos derniers idéaux se lovèrent aux creux des bras de l’obscène, restent des chants guerriers, entonnés par de curieux zigotos payés à coups de millions. Qu’importe d’être mis à l’écart tant que le stylo reste authentique, et que la partie de jeux asociaux est remportée.
Pour Ham, rien n ‘est moins sûr que la promesse d’un Eden éternel. Et envers un vécu canidéen, son rap fait preuve d’une insolence sans borne. Nous brûlons d’ores et déjà tous dans les limbes. Nous y sommes installés sans même nous en rendre compte et l’exécration faite femme, vint prendre H.A.M par la main. La tendance ne s’inversera pas, car tenter de faire filer ses bas instincts revient à les reprendre en plein gueule, puissance mach 3. Récurrence de référence comics, avec la formule mettant en scène un personnage chaud bouillant. Le silence est d’or quand il s’agit de ne surtout pas être réceptif aux S.O.S. A fond de cinquième, La Mauvaise Graine ne fait pas de détails et s’amuse des petites bassesses d’une vie impassible. L’humour de Dieu ou de la nature, c’est selon…
Les traîtres passeront prendre leurs soldes à la compta. Promenade droite et ascétique semblable à celle d’un disciple de maître d’art martial. Les illusions sont éphémères, et c’est sur des morceaux de bois incandescents que Ham tente de cheminer. Noircie est la toile peinte des plus belles nuances. L’âge d’Homme amène à ne plus courir après de douces rêveries romantiques. Les portes de la perception horlogère peuvent rester closes, l’état des lieux est immuable. De seiche ou de chine, le liquide coulera jusqu’à emplir le tableau onirique. Sans plus de talent que les autres, mais avec plus de méthode, ce n’est pas dans les cages à poules du samedi soir qu’on entendra sa voix résonner. Faisant écho aux paroles de son acolyte, tout cela finira bien au même endroit.
Pas d’assurance sociale pour les grandes gueules cassées de la vie. Deux bonshommes, un micro, mais personne derrière. Le combat de l’Être n’a ni précurseur, ni arbitre. Jusqu’à personnifier les sentiments météorologiques. Stromae nous a menti. Hugo, lui, a bien bossé sur le Larousse de la vie. Redescendez d’un étage et mettez un frein à vos gueules. L’épilogue de Barry Lyndon sera ici très bien senti : « They are all equal now. »
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