C’est pas nouveau, comme le loupiot immaculé, ça fait une paie que Tonton Mani est en orbite autour de la planète rap (la vraie, hein, pas l’autre…). Neuf longues années après avoir raccroché le mic, c’est le retour du chauve magnifique par une route sur laquelle on ne l’attendait pas. Par ce clip soigné à la bichromie, Mani Deïz annonce la sortie courant 2016, d’un EP de 11 titres. Après avoir tapé sur ses machines comme un forçat stakhanoviste avec hargne et talent, mixé des morceaux tel un Jean-Pierre Coffe mitonnant une soupe de saison, réalisé des clips avec l’œil affûté d’un Tarkovski sous bédo et avoir taffé avec un éventail d’artistes représentant une palette si large qu’elle ferait pâlir d’envie Andy Warhol, c’est en solo que le bonhomme revient péter le score avec du fond et de la forme, touché du bout de la baguette de la fée maison. Mani Deïz, ou le schlass helvète du rap français.
C’est de bon matin que la pureté liquide vient frapper la faïence pour rafraîchir le museau d’Ol Zico, qui n’ayant ni plan, ni GPS, est aux aguets d’un siège à prendre. Quitte à bobarder autrui lorsque les interrogateurs seront intrusifs, pour mieux rassurer ceux qui s’angoissent. C’est parti pour une ballade grisâtre. Le temps presse et les heures, les secondes, défilent si vite que l’on ne peut plus y jeter que des souvenirs. Il faudra apprendre à composer sans ceux qui comptent vraiment. Le vent des jours souffle sur les pages de l’almanach, et donne la force de continuer à y croire.
Mani tire le même constat amer quant à l’éloignement d’un évident rôle à jouer dans cette mascarade quotidienne. Serait-ce loin des Hommes que se trouve la solution, si certains s’entourloupent pour si peu ? C’est avec sérieux et gravité que le grand remplacement des providents protecteurs par des charognards à plumes s’effectue. Humeurs cyclothymiques imbibées sur des chemins de traverse qui auront pour conséquences de douloureux appuis.
Noiricissage de feuillets dans des labyrinthes sombres et malodorants, il faudra jouer de finesse et dribbler parmi les bavards. Seul les vivants ont de l’avance sur la postérité. Sourcils froncés les yeux fermés, attendant sans fin Morphée qui ne vient jamais alors que le ciel reste muet. La lumière est bien trop forte pour les cristallins avares. Rejetons rejeteurs de la glandouille pour shoot d’adrénaline sur une corde raide. L’autre disait qu’ « il faut être toujours ivre », on connaît tous la suite mais certains ignorent le prix à payer.
Les danses oniriques sont vaines, virgules aux pieds, toisons tondues, les yeux écarquillés dans le pré, paré pour l’abattoir sous pluie de balles. Les lieux communs ont faits leurs trous, et des biens profonds, qui gagnent en profondeur, autant qu’à être connus pour s’en payer une ! Les déplumés ne sont pas toujours ceux que l’on croit. La confiance n’a que trop gagné les apparences. Quand la cible est manquée, c’est le tireur le fusillé. Le repos des guerriers n’a pas son pareil en planning, quand malgré tout, les chicos étincellent, fiers.
C’est le quotidien « petit feu » qui victimise au mieux. Au bas des tours de béton qu’ils ont fait d’ivoire, les colères carbonisent le bitume. Sales parias de la rage, au ventre celle d’être. Retranchés derrière la gaudriole, rempart à la solitude, pieds de nez à la faucheuse. Roulant bleu, de Paris au Havre. A la manière d’un Bruce Willis ignorant qu’il n’était plus de ce monde, les sorts sont jetés à là va-comme-j’te-pousse. C’est sans compter sur le talent de Mani pour se sortir des pas les plus délicats. Malgré tout, les champs de marbre fleuris n’en finissent plus de pousser.
Plus besoin de donner dans la vocalise depuis qu’il est admis que seul les Lascauteries restent. C’est le vent d’automne qui pendant se temps, portent les blablas vers un néant sans fin. Aucun billet au monde ne vaudra le voyage onirique. Optimisation de l’espace temporel en griffonnant les fautes, toujours le menton au plus haut. Les doléances au Divin reviendront inconnues à l’adresse pour cause de non-affranchissement.
La brise urbaine brûlante a toujours trop de force et pique les yeux. Il sera inutile de montrer patte blanche en plein apartheid. Les fers ont inversé l’ordre naturel, et balayé le courage. Lucifer se love toujours dans les détails, rien de neuf sous le soleil de Satan. Mais ce qui doit arriver trouve toujours sa place. Perdu dans les rouages du plus grand chronomètre, l’organe de vie sera rejeté. Et quand nos origines quittent le navire, c’est toujours aussi difficile de jeter la bouée.
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