ATK, toujours le même kif

In Interviews by Florian ReapHitLeave a Comment

Il est des groupes dont il est plus difficile de parler que d’autres. Parler d’ATK, c’est simple et compliqué à la fois. Simple parce qu’ATK, c’est Heptagone, cet album connu de tous les plus ou moins grands amateurs de rap. Le projet est symbolique mais difficile d’y réduire ce groupe aux multiples projets parallèles. Groupe, collectif, formation, bande de potes, passé de 25 à on-ne-sait-trop combien de membres puisque le fantôme de la « grande époque » semble toujours planer sur le nom « Avoue que tu kiffes ». La nostalgie n’est pas – seule – responsable de ce phénomène : l’histoire de cet assemblage hybride est, plus que chez d’autres groupes, intimement liée à celle de chacune de ses pièces. Voilà sans doute l’une des raisons pour lesquelles il est un peu compliqué de faire le tour d’ATK.

ReapHit a rencontré CyanureAxis et Test quelques heures avant leur passage sur la scène de Canal 93, dans le cadre du festival Terre(s) Hip-Hop, une semaine avant la clôture du Festival, histoire de faire le point.

Cyanure, tu nous as un peu compliqué la tâche en faisant une très belle interview pour l’Abcdr, et ce qui ressort c’est ta nostalgie sur cette grande histoire d’amitié, puisque c’est de cela qu’il s’agit…

Cyanure (s’adressant à Test et Axis) : Peut-être que vous n’avez pas lu l’interview?

Axis : J’ai commencé et puis j’ai vu le nombre de pages et je me suis dit que je reprendrai plus tard… voilà…

Test : Moi je n’ai pas lu.

Cyanure : Ok ! En fait on parlait d’ATK, ils me demandaient quelle était la suite et je leur ai dit que je ferais bien un album solo pour pouvoir le mettre à côté de celui de Test, d’Axis, de Fredy, de Freko parce que tout ça c’est avant tout une histoire d’amitié.

Tu disais aussi que tu avais du respect pour les amis d’hier qui pourtant, pour certains sont des amis d’aujourd’hui. Tu nous expliques un peu plus ?

Cyanure : On se connaît tous depuis très longtemps, et on est encore amis aujourd’hui.

Axis: Ouais amis, amis, c’est vite dit… (rires)

Cyanure : Ouais on se tolère quoi… Non, c’est un peu plus pour mettre en avant les amis qui restent que ceux qui sont partis. Dans notre parcours, certains ont réussis et ne nous ont pas forcément rappelé…

Parce que beaucoup se disent justement que vous jouez certainement sur la fibre nostalgique quand vous refaites des scènes, c’est le cas ?

Cyanure : En réalité, si on le voulait, on pourrait faire dix fois plus de concerts, enfin dix fois peut-être pas, mais beaucoup plus.

Axis : La scène c’est ce qui m’a toujours le plus plu, avec le studio, donc quand on monte sur scène, c’est avant tout pour le plaisir, il n’y a pas de nostalgie de quoi que ce soit. On a toujours la même démarche. On nous demande souvent comment est-ce qu’un jour, on est arrivé à 21 ; c’est simple, on avait des amis qui faisaient la même chose que nous, pourquoi est-ce que chacun le ferait dans son coin ? On le fait ensemble. Aujourd’hui c’est pareil, quand on a une date, les potes qui ont fait leur chemin de leur côté, on les invite. Il n’y a pas de nostalgie, je suis content d’être là et de faire des concerts, et ça s’arrête là.

« Fredy et moi formions un binôme […] c’était ma fondation, il me portait, me disait ce qu’il fallait faire pour la musique »
Mais ton dernier morceau [Avoue que tu kiffes, ndlr] est quand même très nostalgique et sonne comme un point final, comme pour clôturer l’histoire.

Axis : Pas du tout. Jusque-là j’ai fait très peu de morceaux seul, non pas parce que ça m’intéresse pas. Ce morceau vient du fait que les gens parlent souvent d’ATK, ils m’expliquent leur point de vue sur tout ce qu’il s’est passé avec le groupe et je ne suis pas forcément en adéquation avec ce que les gens disent donc je voulais simplement expliquer ma version sur ce que j’ai vécu. Alors oui, forcément, je suis nostalgique, j’ai aimé ce que j’ai fait, mais je ne veux pas revenir en arrière. Et c’était également une manière de mettre à l’honneur des gens, qui nous ont aidés lors de l’aventure ATK et qui n’ont jamais été mis en avant. Je cite John, Stan, Nicolas, Franck, que personne ne connaît, et qui ont toujours été là. C’est propre à mon histoire d’ATK, Test citera probablement quatre autres personnes, mais j’avais envie de leur rendre hommage, parce que c’est aussi pour eux qu’on a continué. Les gens nous remercient très souvent, nous disent qu’on a bercé leur enfance, et bien à un moment il faut bien qu’on les remercie aussi. Parce que c’est grâce à eux qu’on a fait ce qu’on avait envie de faire. Ils (les autres membres du groupe, ndlr) avaient tous fait un morceau à ce sujet, donc j’avais aussi envie de donner ma version des choses.

Par ailleurs tu disais qu’il n’y aurait plus d’album ATK, principalement parce que Fredy K n’est plus là…

Axis : Ça c’est encore un autre sujet. Imaginez : vous avez une équipe de basket de cinq personnes. L’un des joueurs n’est plus là pour quelque raison que ce soit, et on demande aux autres s’ils ont envie de continuer à jouer à quatre. Non, ils avaient l’habitude de jouer à cinq. Refaire un truc ATK aujourd’hui n’aurait pas de sens, c’est comme ça que je le vois.

Test : Pour moi c’est beaucoup plus compliqué que ça. Fredy et moi formions un binôme [Maximum de phases au sein d’ATK, ndlr]. Quand il est parti, j’ai voulu tout arrêter. Ça n’avait plus de sens pour moi de continuer. On a commencé ensemble, il me poussait tout le temps, c’est lui qui a réalisé Silence Radio (2007), dernier album sur lequel il apparaît. Donc c’était bizarre parce que je l’ai vu se démener, lâcher beaucoup d’énergie… c’était ma fondation, il me portait, me disait ce qu’il fallait faire pour la musique. Et il l’a fait pour plein de gens, connus aujourd’hui et que je ne citerai pas. Donc vraiment c’est très compliqué.

Pourtant Etoile Polaire (2009) est venu après.

Test : Exact, mais c’était un projet parallèle. A l’époque je vivais aux frais de la princesse… (sourire). Mes potes ont eu cette idée, j’ai kiffé je l’ai fait. C’était vite fait, il y a des morceaux à moitié mixés, d’autres enregistrés chez moi… c’est sorti par principe mais sans vraiment sortir.

Cyanure : Il n’y aura pas d’autres albums ATK, mais ça ne nous empêche pas de nous réunir.

Axis : Oui ça n’a rien à voir, mais sur un prochain album… ce n’est pas que je ne veux pas le faire mais je ne suis pas positif. Mais des morceaux où on se retrouve tous ensemble, il y en a plein. Et quand je te dis que ce n’est pas possible, je m’explique : quand on fait les choses, c’est une question de moment. Là on est tous les trois, on fait des trucs à trois, mais ce n’est pas les mêmes choses que celles que nous ferions à cinq. Il faut une cohésion, sinon ça n’a pas de sens. Il faut que l’on soit ensemble au moment où l’on fait les choses ; appeler quelqu’un que tu n’as pas vu depuis longtemps pour lui dire : « allez écris ton texte, on sort un album », non ça ne marche pas. Voilà pourquoi ça me paraît compliqué.

Cyanure, t’es toujours en contact avec Freko ?

Cyanure : Toujours, on doit toujours écrire un morceau ensemble, Legadulabo [binôme Freko etCyanure au sein d’ATK, ndlr]. Il n’y a pas de mauvaises histoires entre chacun de nous mais quand tu as un boulot, une famille, une vie, on se croise forcément moins que quand t’es au collège, tu traines toute la journée avec tes potes et le week-end tu sors, t’as pas de soucis.

Axis : Ce qui a vraiment marqué un tournant pour ATK, ce n’est pas nos relations mais nos vies personnelles. On s’entend tous plus ou moins bien, en dix ans t’as nécessairement des hauts et des bas mais on reste des amis. Se synchroniser, c’est très dur, et il faut faire avec. Là on est dans une phase où on est tous les trois disponibles, ça tombe bien. (sourire)

Sujet qui fâche un peu. Axis, je sais que tu as eu des problèmes avec ton manager…

Axis : Ah ouais, comme toujours, c’est pas nouveau ! L’histoire se répète encore une fois… Il n’y a pas eu de vrais problèmes, le mec a sombré tout seul. Ce qu’il s’est passé c’est que j’étais avec un manager, depuis deux ans et demi, qui m’a proposé d’autofinancer un maxi, ce qui a été fait et a plutôt pas mal marché ; mais lors de la concrétisation du projet, il a eu des problèmes personnels, et il n’a pas pu donner suite. Du coup, je me suis retrouvé seul, et ce n’est pas du tout mon corps de métier donc je ne te dis pas la galère dans laquelle je me suis retrouvé. Mais les vinyles arrivent. Et tous ceux qui ont participé recevront, comme prévu, vinyles et t-shirts (…). Je sais que les gens ont participé mais les vinyles sont sortis de ma poche, et les teeshirts sont sortis de la poche de Cyanure. Parce que je ne voulais pas dire aux gens, et cela concerne mes proches aussi, « eh bah voilà on s’est tous fait avoir, désolé ! ». Ça prend plus de temps que prévu mais ça viendra.

« Un artiste qui rentre dans la démarche du « Tout, tout seul » ne peut pas se concentrer sur l’artistique, il va devoir intégrer des notions de commerce, de marketing, il se disperse. »
Au-delà de l’histoire en elle-même, c’est intéressant, ça pose la question de l’indépendance des artistes. Malgré tout ce que l’on dit depuis quelques années, est-ce qu’’aujourd’hui on peut véritablement faire les choses tout seul ?

Axis : Aujourd’hui plus qu’avant. C’est compliqué mais tu peux. Le problème que j’ai rencontré n’a rien à voir avec cette question.

Test : Oui avec Internet. C’est compliqué c’est vrai, mais tu peux le faire.

Cyanure : Clairement, aujourd’hui plus qu’hier. Avant, quand tu voulais faire un clip, il te fallait 300 000 francs ; aujourd’hui c’est limite si tu peux pas te démerder avec ton Iphone.

Axis : Aujourd’hui, sortir un disque, ça coûte 0 euros, enfin non, 1000 euros de pressage.

Cyanure : À l’époque d’Heptagone, un CD vierge, ça coûtait 80 francs. Ca a baissé rapidement mais bon il y avait d’autres obstacles ; tu ne pouvais pas presser 100 Cds, il fallait le faire en grosse quantité… Aujourd’hui c’est dématérialisé.

Axis : Le vrai problème, c’est les compétences pas les moyens. Un artiste qui rentre dans la démarche du « Tout, tout seul » il ne peut pas se concentrer sur sa démarche artistique, il va devoir intégrer des notions de commerce, de marketing, il se disperse. Un artiste à qui tu demandes seulement d’être artiste sera dix fois plus performant qu’un artiste à qui tu demandes d’être un peu commercial, un peu marketeur, un peu communiquant, un peu tourneur et un peu artiste. Mais sinon, pour 1000 euros tu sors un album. Et puis à l’époque, il n’y avait pas d’accès studio comme aujourd’hui. Aujourd’hui tu peux quasiment enregistrer chez toi avec un micro ; tu l’achètes pour 200-300 euros, t’as un truc plus que convenable, tu le branches directement à ton ordinateur que tu as déjà et les logiciels, tu les télécharges gratuitement. Donc tu peux tout faire, sauf le pressage et la distribution.

Avec cette facilité du « fait-maison », beaucoup de têtes émergent sur Internet. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Axis : Je dirais qu’il ne faut pas regarder uniquement les têtes qui émergent mais aller chercher ce que toi tu as envie d’écouter. Aujourd’hui t’as la possibilité d’écouter que ce tu aimes, que ce que tu as envie d’écouter, et pas seulement les nouveautés qui sortent. Alors il faut en profiter et ne pas donner encore plus de crédit à ces trucs qui sortent. Parce que s’ils sortent du lot, c’est qu’ils sont justement en avance côté marketing et compagnie. Est-ce que la musique c’est ça, du commerce, ou est-ce que c’est autre chose ? Chacun voit midi à sa porte, mais pour moi c’est autre chose. Donc je ne marche pas dans ces combines-là. Ceux qui connaissent le succès le rencontrent parce qu’ils ont du talent, et heureusement que c’est encore un peu le cas, mais la tendance actuelle, c’est quand même de prendre des gens, les mettre sur le devant de la scène, voir ce qu’ils donnent et si ça ne marche on les jette. C’est la société de consommation à outrance. Il suffit de voir les émissions de télé-réalité qui influent tout.

Cyanure : Mais rien que sur Youtube, si t’intéresse pas les gens en moins de dix secondes, ils scrollent un peu à la limite, mais sinon ils zappent.

Axis : Donc le seul truc que tu peux faire aujourd’hui, c’est aller chercher les trucs qui ne plairont qu’à toi et c’est pas mal comme ça. Et si leur démarche c’est de gagner de l’argent, alors effectivement ils ont déjà perdu ; si c’est de faire kiffer les gens, ils ont déjà gagné.

Peut-être est-ce dû à l’expérience, on sent que pèse sur votre discours le poids de la réalité.

Axis : Même pour nous sortir du lot ça devient compliqué. La chance qu’on ait, c’est d’avoir commencé à un moment où tout était différent ; c’est le petit atout qu’on a, mais c’est aussi compliqué pour nous que pour les autres.

Et qu’est-ce qui, selon vous, a fait que ça a marché pour vous au départ ?

Cyanure : Il y a un petit côté chance parce qu’il faut faire les choses à un certain moment. Ça me fait penser à une chanteuse comme K-Reen, qui selon moi est une bonne artiste. Tout le monde la connaît, elle a fait des featurings avec tout le monde mais elle n’a pourtant pas percé, parce qu’elle n’est pas arrivée au bon moment. Donc il y a le facteur chance, parce qu’on est arrivé un moment où il y avait une certaine émulation. Mais aussi, la musique qu’on a faite, les samples d’Axis, nos textes, n’y sont pas pour rien. On nous dit souvent que les thèmes qu’on a abordés et les textes qu’on a écrits étaient très matures pour des mecs de vingt ans. C’était peut-être aussi un peu différent.

Axis : Et puis on était aussi sept personnalités très différentes. On était potes bien-sûr, mais nos univers étaient assez éloignés. Mais on a réussi à se trouver quelque part. C’est peut-être aussi ça que les gens ont aimé. Les mecs qui viennent nous voir et qui aiment ou ont aimé ATK n’ont souvent rien à voir entre eux. Après, chacun à sa préférence pour Cyanure, ou Test ou autres mais ça fait plaisir de voir des gens de tous horizons, âges…

D’ailleurs, avec Internet, les réseaux sociaux, vous avez un nouveau public ?

Test : Ouais un peu…

Axis : Je ne sais pas, mais c’est hyper dur de se détacher de ce qu’on était ou faisait avant. Les gens ont quand même envie de nous avoir tels quels alors qu’on n’a pas nécessairement envie de faire exactement la même chose.

Certainement, mais on vous a vu à L’International il n’y a pas si longtemps, et vous ressemblez beaucoup à de grands gamins qui s’éclatent.

Axis : Complètement. Je suis un grand gamin. Sans ton âme d’enfant tu ne peux pas monter sur scène.

Cyanure : Et on peut encore le faire parce que pour nous ce n’est pas devenu un métier. Quand ça devient un métier, ça peut devenir une contrainte alors qu’on n’a jamais vu le truc comme ça.

« Et moi, il faut toujours que je termine une interview en disant que je prépare mon album… »
Mais il y a pourtant des morceaux sur lesquels j’ai senti un peu d’amertume de ne pas avoir pu se professionnaliser. Je pense au couplet de Test sur « À Nouveau » (Loko feat ATK, Vis ma Vie, 2013).

Cyanure : L’amertume fait en quelque sorte partie du rap. Déjà ce qu’il faut dire, c’est que ce morceau n’est sorti que maintenant mais a été enregistré il y a plusieurs années. Mais de toutes les façons, ça fait partie de la narration du rap, le côté un peu chat poisseux. Au final, je ne sais pas si les plus amers ne sont pas ceux qui ont percé et ne sont plus reconnus aujourd’hui.

Axis : Il ne faut pas oublier que le temps de l’écriture est réduit. Si t’es amer pendant 10 minutes et que tu écris ton texte pendant ces 10 mêmes minutes, c’est ce qu’il ressortira du texte. Et les gens écouteront le morceau pendant 10 ans en pensant que ça reflète tout ton état d’esprit. On me dit souvent que je suis nostalgique, toujours un peu dans la tristesse, mais c’est dans ces moments-là que j’ai envie d’écrire, ça ne veut pas du tout dire que je suis un mec spécialement triste. J’ai juste envie d’écrire les choses qui me tiennent à cœur au moment où j’y pense.

Tu prépares toujours un album ?

Axis : L’histoire du maxi m’a un peu refroidi et c’est un peu compliqué parce que ça fait un certain temps que je ne m’entoure pas des bonnes personnes. Donc je me suis retrouvé à me charger de trucs qui déjà ne me plaisent pas mais qui en plus m’empêchent de faire autre chose. Donc je vais continuer à écrire et faire mes morceaux, à les clipper si c’est possible et voilà. On nous demande du physique mais bon… les gens prêts à acheter les projets en physique devraient normalement être également prêts à venir nous voir en concert ! On en fait de plus en plus parce qu’on a du temps. Et aussi parce qu’on nous en propose plus de plus en plus, il y a eu un moment où le rap était boudé par tous, ça partait toujours en vrille. Les organisateurs ne voulaient plus faire de concert de rap. Aujourd’hui, ça se détend un peu.

Et d’ailleurs, Test, toi aussi tu prépares un truc ? C’est ce que tu as fait comprendre à L’International.

Test: Oui avec les potes, MetekEmoMitch qui sont là, on a fait un collectif qui s’appelle Noir Fluo et je bosse pour le prochain projet avec eux. Et j’ai un douze titres, une mixtape en préparation qui sera en téléchargement gratuit, Sacem Musique.

Cyanure : Et moi, il faut toujours que je termine une interview en disant que je prépare mon album… (sourire)

Tu avais annoncé ça en 2010 déjà…

Axis : Ah non … il devait déjà sortir en 2002 ! (rires)

Cyanure : Non, mais j’ai toujours privilégié les projets de groupe, je suis plus motivé quand on me dit « viens dimanche ! On enregistre un truc ».

Axis : Ça c’est une déformation due à la raison même qui nous a poussés à faire de la musique. On fait de la musique parce que c’est un jeu et jouer tout seul dans son coin, c’est beaucoup moins amusant. On le fait, parce qu’il faut aussi prendre le temps de s’exprimer mais je préfère largement faire des morceaux avec Cyanure et Test que seul.

Cyanure : Même quand tu bouges en concert c’est beaucoup plus chiant de prendre le train seul, d’aller dans une salle seul.

Vous avez d’autres dates prévues cette année ?

Axis : Ouais, à Paris et en province.

Test : Ce qui est moins cool c’est qu’on sera ensemble, mais bon… (rires)

Cyanure : En réalité, on pourrait faire plus de dates mais c’est un peu gênant de se présenter sous le nom ATK alors qu’en fait, il ne s’agit que de Test, Axis et moi. On aurait envie de proposer cette configuration avec en plus Freko et Antilop Sa, mais on ne peut pas et on n’a pas envie que les gens soient déçus.

Mais ce que je trouve un peu contradictoire, c’est que par ailleurs vous faites des T-shirts ATK, sur l’affiche de Canal 93, ATK est écrit.

Cyanure : Parce que ça, ça s’est un peu fait à la dernière minute et qu’on n’a pas pu préciser, mais à L’International c’était le cas. Sur nos pages Facebook, on précise à chaque fois.

Axis : Non mais un mec qui organise un concert, il a envie de jouer sur le fait que ce soit ATK qui vienne, ça fait venir plus de monde. En plus mettre ATK sur une affiche, c’est beaucoup plus simple que de mettre nos trois noms, qui prendront beaucoup plus de place. Donc, eux ont leurs trucs à faire mais ça nous arrangerait plus de voir nos noms parce que notre but n’est pas de faire croire aux gens qu’on sera tous là sur scène. On sait que certains préfèrent Freko ou Antilop…

Cyanure : Et certains n’aiment que Freko et Antilop d’ailleurs ! (rires)

Axis : Mais logiquement, si les gens nous suivent, ils savent dans quelle configuration on se trouve en ce moment.

« On a quand même fait des dates avec plus de gens sur scène que dans la foule. On rappait avec des gens qu’on ne connaissait même pas et on passait le micro ! »
Bon, pour finir alors, vous nous donnerez bien une petite anecdote marquante de votre carrière.

Axis : On en a des milliards ! Moi je me souviens d’un retour d’un tremplin hiphop en 1997, et dans le bus qu’on avait pris, il n’y en avait pas un qui rappait pas.

Cyanure : Et le truc marrant c’est qu’il y avait OFX avant le Saïan, ils étaient 5-6 à rapper, il y avait 113… ça faisait flipper les gens, le chauffeur à un peu flippé, mais l’ambiance était hyper bonne enfant (…). Mais sinon moi je me souviens qu’à la sortie d’Heptagone, Skyrock était déjà un incontournable du rap, et Laurent Bouneau avait écouté l’album. Il nous avait dit que c’était vraiment pas terrible et était venu le réécouter en studio. Et alors qu’on lui avait dit qu’on avait changé des trucs, on n’avait absolument rien changé et on lui avait fait écouter exactement le même album. Il nous avait : « ah ouais quand même c’est mieux ». Finalement il ne l’a pas diffusé.

Test : Une anecdocte sympa ? (il réfléchit) C’était au début d’ATK, je me souviens d’une scène, on était au tout début du show, chacun avec nos micros, à fil. On était super chauds, et c’était à Axis de rapper, qui s’avance, il s’apprête à rapper, je crois que c’est moi ou Fredy qui marche sur le fil de son micro. Et c’est à ce moment précis où il commence ! Et personne ne l’entend ! (rires) C’était super, on a bien rigolé ce jour-là.

Axis : Ça a été mon meilleur couplet… (rires). Bon ça arrive aux meilleurs, c’est même arrivé à Drake il n’y a pas longtemps. Faut dire qu’on était à 30 sur des scènes de 3 mètres carrés… On a quand même fait des dates avec plus de gens sur scène que dans la foule. On rappait avec des gens qu’on ne connaissait même pas et on passait le micro !

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