Date de sortie : 24 juin 2016
French Bakery
Production : DJ Weedim
.Télécharger « Sadisme & Perversion »
Cette année encore, comme presque tous les ans, Alkpote sort un nouveau projet au nom raffiné et enivrant, célébrant à sa manière le début de l’été et la fin du printemps. Quelques mois après la sortie (???) de Ténébreuse Musique, projet commun avec Sidi Sid, l’Empereur est de retour dans cette pute.
Lyricalement, le concept reste le même. Sans sortir un seul instant de son personnage ni perdre en cohérence, l’autoproclamé meilleur rappeur du 91 conserve toute sa singularité et son essence. Plaisir de l’insulte ciselée, de la métaphore filée et des associations d’idées déraisonnables et saugrenues, le plus éminent représentant de la crasserie banlieusarde continue d’évoluer dans un univers toujours aussi bien ficelé, « entre l’humour de Fernandel et le style à Jean-Paul ». Ça glisse tout seul, c’est du Audiard.
Bien conscient de son phénomène et de son influence sur une nouvelle génération de rappeurs qui le revendique clairement, Alk semble de plus en plus enclin à répondre au mieux aux attentes de son nouveau « fan-club ». Sadisme & Perversion en est le parfait exemple. Sans se travestir aucunement, se contentant d’accentuer le trait d’un personnage construit depuis longtemps, l’Empereur s’enfonce avec ce nouveau projet un peu plus profond dans les abîmes du burlesque et de la crasserie.
Le classique triptyque illuminati/sioniste/weed rapidement survolé, l’Aigle de Carthage laisse rapidement place à la ténébreuse mitraillette et sa ration de capotes. « Le plus gros vocabulaire du rap français » nous régale donc encore sur quinze titres de multisyllabique technique et de multiples surnoms de sa bite. Et pour ça Alk, vingt ans de carrière plus tard, a toujours autant de stock. Une homogénéité de thèmes loin d’être dérangeante puisqu’habitué au genre, Alkpote réussit tout de même à construire un album cohérent et même très abouti. Sans doute son meilleur projet depuis la mutation opérée par l’Orgasmixtape.
Au top de sa forme et épaulé de DJ Weedim, Alk s’essaie sur tout le projet de façon plus convaincu à l’autotune et à quelques sonorités plus actuelles. Sans peur du ridicule, le décalage est assumé et les curseurs poussés à fond. Et du coup, cela fonctionne parfaitement. De gros enchaînements, de la technique, de vrais refrains, des adlibs omniprésents et de qualité, des prises de risque et quelques très jolies surprises en milieu d’album. Pu-pu-pu-pute
Celui qui déclarait récemment dans une interview de l’Abcdr, plein de lucidité, perdre sa vie à la rapper et annonçait sa retraite imminente, semble s’approcher peu à peu de son grand final. Splendide et dégueulasse. L’Empereur écrit son testament avant la dernière épitaphe. En espérant qu’on ait encore le temps de s’amuser en route.
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