Date de sortie : 6 mai 2016
Label : Thrid World / Harvest
Production : Death Grips
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« Le reniement de nos vies est tragiquement semblable à la mutilation des fanatiques ». On ne saurait introduire Death Grips de meilleure manière que celle-ci, empruntée à Oscar Wilde (qui devait sans nul doute, être un grand fan du groupe !) L’histoire de trois loustics californiens, de Sacramento à Chicago, passant par L.A et remixant au passage quelques morceaux pour Björk, histoire de passer le temps et faire un peu chier le monde. Après la grandeur vient la décadence, tout ce qui monte finit par redescendre.
C’est ainsi qu’en 2014, on nous annonçait la fin de Death Grips, morts et enterrés, terminés, bonsoir ! Puis le phœnix déploie ses ailes pour un retour magnifique, comptant sur l’esprit melting-pot punko-rap-hardcore, jetant à nouveau un pavé de plus dans la mare, distillant encore une fois au compte goutte, becbunzen sous roche, les sorties sur les internets. Toutes préparées et calculées au poil de fion. Une gestion chaotique de la musique ainsi que du groupe, que leurs fans leurs rendent bien. Rappelons qu’en 2013, suite à l’annulation du concert qui devait être donné au Lollapalooza de Chicago, le groupe n’ayant pas daigné se pointer, les gens venus les écouter on tout simplement détruits leurs instruments, rendant quelque part un bel hommage à ce que représente un rap que l’on qualifiera aisément d’expérimental.
Cinquième album studio du trio dépouillé, « Bottomless Pit » tient ses promesses jusqu’au bout. L’exploration de la musique expérimentale à son paroxysme. Dans une branche particulière, entendons-nous bien. Car oui, on est en droit de se poser la question ; Death Grips est-il un groupe de rap ? Jouissant d’une solide réputation quant à la qualité de leurs albums (« The Money Store » étant classé à l’époque neuvième du classement Pitchfork 2012, ce qui promet d’assurer ses beaux jours) la meilleure réponse à cette question étant le contenu de leurs albums. Les textes de Death Grips ont d’étonnant cet aspect tellement brutal, tellement cru, qu’il ne pourrait être question que de légèreté hurlée gravement. Et bien non ! L’écriture étant une part primordiale de l’œuvre expérimentale proposée ici, les hommages mythologiques côtoient des leçons d’anatomies délicates. Dissertant tantôt sur les drames humains, tantôt sur les désordres psychologiques leurs étant propres. La poésie est là malgré tout, contant leur histoire en filigrane afin que jamais ne meurt la légende.
Un album qui créera donc assurément du lien social. Amenant b-boy aux futes larges et amateurs de rap old school fumeurs de crack à côtoyer de nouveau punks à chiens buveurs de bières et gourmets de musiques électroniques gobeurs d’extas. (Notez que tous les assemblages sont possibles au sein de cette dernière phrase.) Pour terminer, l’album est également disponible en CD et vinyle à la pré-commande chez Harvest Records.
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