Date de Sortie : 26 février 2016
Label : Crazy Mother Fuckers Records
Production : Al’Tarba
Acheter « Projet Ludovico »
La Droogz Brigade a beau être un groupe de niche, il faut avouer que la sortie annoncée de son album a suscité une certaine attente. Depuis leur premier projet, Dissection, paru en 2008, le groupe n’avait pas signé de nouveaux essais, seuls quelques clips ci et là, de quoi faire saliver le public en attente d’un hypothétique projet ; mais surtout de quoi définir une identité marquée, entre l’horrorcore à la new-yorkaise, les références au cinéma de genre et l’introspection morbide.
Et puis le Projet Ludovico est arrivé. On a observé la pochette avec attention, souscris à la terreur, et enfin cliqué sur play. On a eu notre shot. Le produit est non coupé, pur, presque trop pur d’ailleurs, de quoi obstruer les veines. Oui l’album est dense, sans doute trop pour certains auditeurs, mais il offre clairement une expérience rude et intense. Les kicks et les caisses claires frappent très fort, les voix se font rugueuses ou braillardes, et la Brigade n’hésite pas à accompagner le tout de cris qui semblent tout droit sortis de morceaux de punk ou de oï. L’ensemble trouve en tout cas un bel équilibre, les voix se complètent bien, les extraits de films tombent généralement au bon moment pour quelque peu aérer l’ensemble. Si ce disque était une œuvre architecturale, ce serait sans doute une montagne de canettes bringuebalante, qui tiendrait comme par miracle. Une œuvre crasseuse mais vivante qui trouverait son équilibre dans chacun de ses détails.
Thématiquement, les Droogz réalisent la synthèse des différents terrains qu’ils ont déjà abordé, tout en se dirigeant vers une ou deux nouvelles pistes. On retrouve donc de gros streets anthems (« Dac dac », « Street Trash », « Pogotte avec ton nodz »…), des morceaux plus introspectifs, qu’ils soient nostalgiques (« Coffre à jouets ») ou bourrés de regrets (« Toujours avec nous »), des peintures urbaines crasseuses (« La nuit est encore jeune », …), et même des morceaux paranoïaques et dystopiques qui nous rappellent les plus belles heures de Non Phixion (« Nemesis », « Projet Ludovico », …).
En résumé, on a donc à faire à un disque riche et fracassant, parfois épuisant, mais souvent jouissif. La Droogz Brigade a été capable de passer le cap du premier album, en délivrant ce qu’on attendait d’elle au niveau où on l’attendait, tout en saupoudrant l’ensemble de quelques jolies surprises.
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