Brown – Brown

L’année 2016 dans le rap québécois commence fort et hisse fièrement son drapeau…brun. Depuis plusieurs années, l’épicentre culturel québécois trouve sa force dans sa réalité linguistique française et anglaise. Une spécificité cosmopolite s’ancrant dans la tradition de la scène rap montréalaise au sein d’une métropole où le métissage est probant.

C’est d’ailleurs le point de départ de Brown, un projet atypique au bagage génétique partagé pour la famille Beaudin-Kerr, alliant les deux frères et rappeurs établis, Jam (K6A) et Snail Kid (Dead Obies), résultant de l’union entre leur père Robin Kerr (chanteur et musicien jamaïcain anglophone) et leur mère québécoise francophone.

Noir + blanc équivaut à chocolat + vanille = Nwigga

Vous décelez la nuance dans cette contradiction identitaire fusionnelle ? L’ouverture est le mot-clé qui vous aidera à comprendre l’univers Brown, soit l’expression d’une nouvelle génération ouverte d’esprit sur un monde progressif, hybride s’adaptant à l’instabilité de ses frontières. Une mouvance se reflétant dans une trame sonore éclectique qui traverse les époques, mélangeant hip-hop, dancehall et le rock psychédélique avec l’indubitable ajout paternel du rocksteady, ce genre musical ayant émergé en Jamaïque dans les années 60, naviguant entre ska, soul nord-américaine et rythm’n’blues. Produit entièrement par Jam, en collaboration avec l’illustre beatmaker québécois Toast Dawg, les productions sont réalisées à l’aide d’instruments organiques, pour un son naturel travaillé avec minutie pendant 3 ans, donnant cette impression paradoxale d’un montage d’échantillons, alors qu’il n’y en a presque pas.

Après le succès notoire qu’a obtenu l’album « XXL » d’Eman & Vlooper en 2014, la valeureuse étiquette Disques 7ième Ciel peut aujourd’hui se réjouir de compter, une fois de plus, dans ses rangs un album qui recevra sans nul doute une reconnaissance artistique à la hauteur de sa qualité.

« Pt’ête pas lui mais l’autre, mais ton bébé va être Brown »

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