Marcberg, l’épopée urbaine du Duke

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SYNOPSIS

Hempstead, petite commune de Long Island à New-York, les habitants vivent au rythme des règlements de compte entre gangs. Zone de non-droit, les enfants dealers ont envahi les corners, se livrant à une vente continue de stupéfiants de tout genre, pendant que la police et l’Etat sont aux abonnés absents. Duke aka Roc Marciano dirige un jeune gang, les Royal Pythons. Son ambition n’a de but que de conquérir le territoire de leur gang ennemi, les Wolves. Mais quand un des Royal Pythons se fait tuer lors d’une rixe contre les Wolves, Duke sait que l’issue du conflit sera fatale.

Armé d’un mic refourgué par Priest, mac et caïd local, Roc « Duke » Marciano sort l’artillerie lourde, le sang va couler dans les ruelles crasseuses et sans espoir d’Hempstead. Tha Marcberg season is opened !

S’il faut que jeunesse se fasse, ce n’est pas pour autant que Duke n’a pas acquis la sagesse des années passées à écumer le bitume. Entouré de ses proches et de Luanne, bitch du gang, il squatte l’appartement puant et repoussant d’un immeuble précaire. Faisant les 100 pas, il se remémore les souffrances d’une vie passée, « Macberg devra représenter ma vie et celle des miens. Pas d’entourloupe que du vécu, cette shit sentira la vérité ». Ses soldats acquiescent en silence, ils savent que Duke se lance dans une bataille en solo, que ce soit au mic ou sur les instrus qu’il peaufinera lui-même au débit de ses armes.

Son flow froid et calme se répand sur les rues d’Hempstead comme une averse de neige, Real Raw, Thug Prayer ou Snow glacent le camp ennemi par un discours brut et hardcore ponctué par un delivery en complète harmonie avec ses instrus. La première salve lyricale décime les lignes ennemies, l’aventure continue en drive by shootin’ sur Ridin Alone. Au volant de sa caisse, Duke s’imagine roi de la ville et voit la route de la réussite se dessiner sur Jungle Fever. Mais seule la tournure de la confrontation finale exhaussera ou non son rêve. L’atmosphère devient brutale et sanglante quand Panic déboule dans les oreilles. Le sang coule à flow dans les projects, mais la ferveur de Duke l’amènera-t-il à la couronne ?

SCÉNARIO 

Marcberg se présente comme un docu-fiction, dans la grande tradition des story tellin’ comme OB4CL de Raekwon ou Reasonable Doubt de Jay-Z. La partie documentaire est clairement définie par le vécu propre de Roc Marciano, ce qui explique le côté solitaire du disque par un seul featuring par rapport aux exemples cités. Niveau fiction, Roc puise son inspiration du film The Cool World, dont certains dialogues viennent agrémenter l’album. Dans ce film, le personnage principal se dote d’une arme afin de conquérir le monde et se faire de l’argent. Pour Roc, l’arme se matérialise en mic. Le tout additionné permet à l’album d’offrir une galette brute et réelle.

PRODUCTION

Roc Marciano n’est pas connu pour être un beatmaker, mais un MC underground. S’il a fait ses armes à la production sur quelques tracks de son groupe désormais dissolu, The U.N., on reste assez surpris de le retrouver sur l’ensemble de la production de l’album. Durant son parcours, Roc a souvent croisé la route de Pete Rock et Large Pro, et on le ressent dans la vibe de Marcberg. Pour autant, on est loin d’un copier/coller insipide. Sur ce point, Roc Marciano est allé puiser dans la soul la plus dark possible, composée de sonorités angoissantes et crasseuses. Armé de sa MPC2500, Roc se transforme en sniper de sample et shoote les plus psychédéliques comme sur Panic ou Pop.

Si l’inspiration des sonorités est clairement identifié dans la vibe 70’s (Hide my Tears), le choix des boucles minimalistes, It’s A crime ou Don Shit, revient d’abord à la cohésion avec ses textes.

L’ACTEUR

Duke aka Roc Marciano est un enfant des project de Terrace Avenue, il rêve d’accéder au sommet, mais son parcours est parsemé d’embûches qui se matérialisent par les règlements de comptes, la drogue et les putes. Sans rentrer dans la surenchère, Roc Marciano livre un story tellin’ réaliste, ponctué par un flow maîtrisé du début à la fin. Son débit glacial ponctué par des variations rajoute à l’atmosphère austère du disque. Le manque de personnages secondaires n’est pas une faiblesse en soi, et permet de concentrer le fil de l’histoire sur Duke.

CRITIQUE

Marcberg fut la grosse surprise de cette année 2010. Si la qualité de Roc est indéniable, on pouvait douter d’une réalisation personnelle qui tienne la route. Roc Marciano a pris son temps pour faire cet album, et a surtout su mettre toutes les chances de son côté. En effet, en mettant l’accent aux préalables sur ses textes, le MC a su fournir à son alter ego beatmaker la matière de travail pour rendre un univers musical sur mesure. Album homogène mais surtout personnel, Roc Marciano crée un lien avec le listener en l’invitant à suivre ses péripéties sans temps mort. Une masterpiece qui enterre tout scepticisme concernant un renouveau du rap.

Roc Marciano a su taper un gros coup dans la fourmilière en ouvrant une brèche dans cette ère hip-hop morne et sans ingéniosité.

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Thadrill
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