« Les Bavoog Avers arrivent sur vous ! » Il y a bientôt deux ans que cette promesse a été faite. Depuis, les choses se sont quelques peu décantées. De jolis clips, deux release parties, et la réalisation d’un très bel EP. Panel exponentiel de leurs techniques et de leurs univers, « Panacotta » s’est retrouvé propulsé dans notre bilan de fin d’année parmi les meilleurs albums français de 2014. A quelques jours de la sortie du nouveau solo d’Eddie Woogie, TOUTEDDY, nous profitons d’une halte nordique de la micro troupe lyonnaise pour revenir longuement avec le groupe, sur leur création, leurs influences et leur originalité, afin de tenter de déceler toutes les surprises qu’ils nous réservent en cette fin d’année.
Commençons par une simple présentation, et revenons sur la genèse du groupe. Vous vous connaissez tous depuis un petit moment, il y a eu CDK il y a déjà longtemps, puis l’Animalerie. Comment s’est faite la création du groupe, et quel en a été l’élément déclencheur ?
Jimbo : Ça c’est fait naturellement, en fait. Vraiment. On fait de la musique ensemble, on en a toujours fait. C’est aussi simple que ça. Avec Coco (Alex) et tous les membres du CDK, on se connait depuis l’enfance, depuis vraiment tout petit, et on a tous connu Nadir lorsqu’il avait…disons 12-13 ans.
Nadir : On s’est perdu de vue à un moment, c’est ce qui fait un peu le charme de l’histoire. Jusqu’à ce que j’ai un espèce de tremplin, un truc pété pour mon lycée, une espèce de prestation scénique devant tout le lycée réuni. Je ne sais pas pourquoi je m’étais embarqué là-dedans. Et plus le temps avançait, plus la date arrivait, plus je me disais que c’était pas possible quoi, qu’il fallait que j’y aille avec quelqu’un. Je m’étais foutu dans la merde et je me voyais pas débarquer sur scène tout seul avec un truc bâclé, j’assumais pas. J’ai demandé à tout le monde de venir me prêter main forte, et Dico, comme d’habitude, la bonne poire, m’a sorti de là. C’est le seul qui est venu.
De là on ne s’est plus trop quittés, il m’a emmené chez Lapwass, il m’a traîné un peu partout. Mais moi à l’époque, je me prenais pas vraiment pour un rappeur, et franchement je réalisais pas, je m’en battais les couilles. A l’époque en fait, je me prenais surtout pour un beatmaker ! (rires). Bref, le truc est né comme ça, on a continué à bien squatter ensemble, les gars (Eddie, Kalan, Jimbo) avaient déjà leur groupe avec le CDK. On avait envie de continuer le délire tous ensemble, mais on se voyait pas monter le projet CDK & Nadir. Ça collait pas. Du coup on s’est simplement renommé dans une nouvelle entité. Bavoog Avers sonnait bien. Et voilà.
Et puis c’était aussi la volonté de s’émanciper de l’Animalerie et de ce qu’on avait pu faire avant. Le coté un peu brut de décoffrage des freestyles un peu à l’arrache. Avec Bavoog Avers, on voulait faire un truc plus carré, plus pro et surtout plus varié. Un truc que l’on ne savait pas forcément faire, qui nous challenge vraiment. Et sur ce plan c’est réussi, on a beaucoup appris en faisant cet EP. C’est une sorte de bilan comptable à l’instant T, un condensé de nos univers.
Vous revenez avec un univers radicalement différent de celui dans lequel on vous a découvert. Il n’y en a aucun de vous, hormis Dico, qui avez voulu capitaliser sur le succès de l’Animalerie, sortir un projet solo, porté par la visibilité du phénomène Youtube.
Nadir : Pour sortir un album, c’est sur qu’il vaut mieux une bonne configuration et avoir déjà suscité une attente. Mais créer un projet ne se résume pas seulement à déterminer le bon moment. Il faut surtout que tu sois prêt, que tu sois à un certain moment de ta vie, suffisamment capable et mature pour concrétiser ton savoir faire artistique dans un projet bien défini. Parmi nous, en tant que rappeur, il n’y a que Eddie qui à l’époque, était prêt pour assumer une telle chose. Moi personnellement, je me chiais totalement dessus rien qu’à l’idée. J’étais plus jeune, j’avais plein de d’autres projets, d’autres rêves à droite, à gauche. J’étais beaucoup trop dispersé pour réussir à créer quoi que ce soit. Ça ne m’a pas pour autant empêcher de tirer des plans sur la comète. De me persuader que j’allais créer tel projet, écrire tel EP, proposer tels morceaux…. avec de faux effets d’annonce sur les réseaux sociaux aussi ! Histoire de pimenter un peu le truc. J’ai inventé le financement participatif sans rétribution moi….
Alex : Ah ouai ! (rires) Putain cette histoire !
Nadir : Bref. N’en parlons plus… Quoi qu’il faut être transparent, et qu’au bout d’un moment je leur dois bien ça. C’est parti d’une connerie. J’avais mis sur Facebook un statut du genre « Vous vous rendez compte, si tout le monde me donne un euro, je pourrais faire un clip ». A l’époque avec l’Animalerie, la visibilité était énorme, et le truc à été vu, partagé, relayé. Plein de monde m’a donné un euro, et j’ai jamais fait le clip. Parce qu’un clip, ça doit amener un projet, au minimum un EP, et que je me suis rendu compte encore une fois, que je n’avais pas les épaules assez solides pour ça. Je ne me suis jamais excusé publiquement pour ça, je pense que c’est l’occasion. Alors, voilà. Pardon !
Kalan : Créer un album c’est beaucoup de travail, de pression et de remise en question. Lorsque tu bosses en groupe, cette pression ne pèse pas que sur tes seules épaules, tu te délaisses de pas mal de responsabilités. C’est plus rassurant de se jeter à l’eau lorsque tes potes protègent ton dos, quand vous êtes tous ensemble dans le même projet. On vit tous en collocation, on est ensemble en permanence. On travaille en groupe, ça crée une grosse émulation. On s’est beaucoup moins posés de questions sur la création de l’EP, qu’on l’aurait fait sur nos éventuels projets solos. On a travaillé ensemble et laissé le truc se faire naturellement. C’est n’est même pas à cause des compromis, mais travailler en groupe crée une vraie alchimie.
Avec ce nouveau projet, vous vous êtes offert une belle ouverture vers l’électro et le son club, pour le vulgariser à l’extrême. Ça a été ton apport principal, Alex, dans la création du groupe, du son Bavoog Avers ?
Alex : Pas vraiment en fait, non. Le son Bavoog Avers résulte vraiment de l’apport de tous les membres du groupe. Je ne suis pas le seul à faire de la musique, à intervenir dans la composition. Eddie en fait bien plus que moi et Nadir au moins autant.
Nadir : Je pense pas qu’on tende fondamentalement vers quelque chose d’electro, ni même vers un style de musique bien défini. La touche electro que l’on amène est peut être ce qui va te sauter en premier aux oreilles par rapport à des sons plus lisses, plus classiques. Mais Bavoog Avers, ça rappe. Et lorsque tu écoutes Panacotta, il n’y a pas que du vocodeur et du chant, on kicke.
Kalan : On a surtout essayé de se faire un kif, de cristalliser de bons moments dans une musique, sans pour autant se sentir affilié, ni s’orienter vers un style particulier. Il y a des morceaux où on voulait que ça pète, d’autre où voulait un truc smooth. On a fait les petits cons un peu sur cet EP, ça a fait 10 chansons, elles sont pas toutes parfaites, mais on en est content.
Nadir : Il y a plein de défauts, mais ils sont adolescents, ils sont cools ces défauts. Ils vont bientôt être nostalgique même ces défauts ! (rires). Pour ce qui est du son Bavoog Avers et de sa création, l’apport principal vient d’Eddie, puisqu’il s’est occupé du mixage. Panacotta n’est pas le genre d’EP que tu construis en one shot. C’est pas tu poses un couplet, deux trois backs et tu envoies au mix. Eddie a fait un vrai travail sur la texture du son, son homogénéisation. Le son de l’EP, c’est en grande partie grâce à lui.
Jimbo : Et puis, Eddie a déjà un beau bagage derrière lui. Il a commencé à se faire la main avec les projets du CDK, puis a continué sur chacun des projets de l’Animalerie. Il a toujours été derrière chaque projet pour mixer, pour conseiller. Et il avait déjà expérimenté ce type de sonorité avec « La Mousse ».
Au-delà de la musicalité, l’évolution se ressent également dans les textes et les thèmes utilisés. De Rihanna à la pannacotta, les références sont teintées de culture pop et souvent décalées.
Jimbo : Un mec passe au studio, il entend une instru, sur le moment il a une idée, un délire. Deux phrases ou un couplet, il exploite le truc, ça fait un morceau. Je ne pense pas là non plus que l’on réfléchisse plus que ça au choix de nos références lorsque l’on écrit.
Nadir : Et puis il y a un vécu, ça nous correspond bien. Le puriste se veut exclusif dans sa façon de concevoir et de partager sa musique. Nous on s’en bas les couilles. On a tellement un vécu, normal, banal, comme n’importe quel jeune de notre âge un peu fêtard, que ces références sont logiques et naturelles. Eh moi ma sœur elle écoute Maître Gims, pas M.O.P, hein ! Cette culture populaire un peu décalée, c’est la somme de nos individualités, nos références. En communauté, c’est beaucoup plus facile de s’entendre sur un morceau de Rihanna que sur un son super élitiste, qui va pouvoir plaire à fond à Kalan, mais auquel je vais être complètement hermétique. C’est décalé, c’est léger et ça parle à tout le monde.
Vous avez tout de suite développé un univers visuel fort. Il n’y avait pas encore d’EP, que le clip de « Bordel » était balancé. Depuis il y a eu la pochette de l’EP et l’excellent clip de « Magie Noire ». Vous pouvez nous parler de L’Ordre Collectif et de leur apport dans l’univers Bavoog Avers ?
Kalan : Pour le coup, le clip de « Bordel » on le doit à Oster Lapwass. On a seulement commencé à bosser avec L’ordre Collectif pour le clip de « Magie Noire ». C’est une équipe de toulousains qui maintenant officient sur Paris.
Nadir : J’étais en relation avec un mec depuis quelques années via internet. J’ai vu qu’il faisait des vidéos, notamment pour Lomepal et compagnie. J’ai commencé à m’intéressé d’un plus plus près à leur réalisation, et on leur à proposé l’idée du clip de « Magie Noire ». On a discuté du projet, on s’est rencontrés sur Paris, et là on s’est bien entendu direct, ça a bien accroché. C’est des gars qui ont la vingtaine, et on s’est vite compris, c’est limite des Bavoog Avers parisiens. Il y a des affinités évidentes entre nos deux équipes et au-delà de ça, les mecs sont extrêmement créatifs. Ils ont été force de proposition de ouf pour le clip. On leur a présenté le projet, ils ont tout de suite capté notre univers, et ont fait 90% du taf. Sur ce clip, on leur a vraiment demandé de se faire plaisir, de ne pas s’imposer un cadre défini. On leur a laissé carte blanche, de notre côté on a joué le jeu, on ne s’est imposé aucune barrière dans la mise en scène ou la réalisation.
Kalan : Il y a des clips de rap français qui coûtent bien plus cher que « Magie Noire » à produire, mais dans lesquels l’argent est dépensé inutilement dans des futilités, dans des décors ou des accessoires pétés. Les gars dépensent trois smics pour au final se retrouver avec un clip transposable et cliché. Mais les mecs de l’Ordre Collectif ont la vingtaine, ils sont comme nous, ils lancent leur structure et ont l’habitude de jouer du système D, d’être créatif et de travailler avec de petits budgets. Quand on leur a donné notre pactole, ils l’ont investi à bon escient et le résultat s’en ressent clairement.
Ce clip vous a permis un joli relai médiatique bien au-delà de la sphère rap, pas mal de médias généralistes vous ont relayés. Est-ce que ça représente pour vous un objectif, un stade obligatoire dans votre développement ?
Nadir : Je t’avouerais que toutes ces questions, on les a posées il y a un ou deux, lorsque l’on gérait nous même notre communication. Lorsque l’on avait cette double casquette d’artiste et d’attaché de presse. Depuis, on a rencontré une petite équipe sur Paris, des jeunes pousses qui font leur trou dans l’univers de la communication web musicale et digitale. Comme pour l’Ordre Collectif, on les a rencontré un peu par hasard et là encore, on s’est compris direct, il y a eu une véritable alchimie et on a décidé de leur déléguer complètement tout les aspects business, tout ce qui n’est pas du domaine purement artistique. Du coup, on intervient aucunement dans le processus de promotion et de sollicitation des médias, on découvre les articles, les réactions en même temps que tout le monde. C’est bien plus plaisant.
Kalan : Pour ce qui est de l’ouverture des médias généralistes à certains style de rap moins évidents, moins accessibles qu’il y a quelques années, je considère que c’est un dû. Pas un dû pour les Bavoog Avers nécessairement, mais pour le rap en général. Ça fait déjà longtemps que cette musique est entrée dans la culture de masse. Il est écouté par la masse et s’inscrit dans le paysage culturel et musical au même titre que n’importe quel autre courant. Il est logique que les médias suivent enfin.
Nadir : Et puis avec l’Animalerie, on a la chance d’avoir un public très diversifié. L’Animalerie ce n’est pas une image boom-bap, c’est de la performance. On s’est fait connaître avec des freestyles crades sur des prods boom-bap 90, mais chaque individualité avait déjà son univers et a continué à le développer. C’est ce qui est intéressant dans ce collectif, c’est que personne ne fait la même chose, ni le même style de rap. C’est ce qui, je pense, nous permet de voir dans nos concerts un public très éclectique, ce qui nous a permis de toucher du monde, et par effet de ricochet, les médias plus généralistes. En évitant de s’enfermer dans un carcan. Malheureusement, c’est aussi pour cela qu’on a jamais pu cristalliser le collectif sous la forme d’un vrai album commun. Ce serait un album de merde, bourré de compromis et on le sait. Pour que chacun trouve son compte, il faudrait un track par MC, par univers, et dans ce cas là c’est une mixtape, une compilation en tout cas.
On sent une belle influence US sur l’EP, et quelques sonorités que l’on pourrait affilier à la scène actuelle d’Atlanta, on y décèle du moins, quelques références.
Kalan : Et bah, c’est cool, on a fait l’EP il y a maintenant deux ans, à l’époque un Young Thug par exemple n’existait pas ou presque.
Nadir : Moi je me bute à Drake depuis février dernier à peine. Lorsqu’il a sorti « If You’re Reading This, It’s Too Late ». On a eu une période Kendrick comme tout le monde en 2013, mais je ne sais pas si on peut parler d’influences ou d’affiliation. On est clairement pas à l’affût du dernier son sorti aux Etats Unis pour modifier notre processus de création. Dans la fourmilière qu’est le rap US, on écoute les cinq ou six qui explosent. Hormis des boucles et des instrus, on écoute même pas tant de rap que ça. Je pense inconsciemment que c’est ce qui joue sur l’originalité de nos sons.
Vous nous avez envoyé Panacotta finalisé, il y a maintenant plus d’un an. Il vient d’être proposé à la vente digitale et physique il y a quelques jours. Que s’est il passé ?
Kalan : On devait sortir Panacotta il y a près d’un an et demi. On prévoyait une sortie physique avec un contrat de distribution. On était encore en pleine négociation à une semaine ou deux de la date de sortie théorique du projet, et on a eu un désaccord avec l’équipe de distrib. Tout simplement. On a pas été convaincus ni par leur proposition, ni par leur équipe, on s’est dit qu’on allait pas se faire chier et on l’a balancé en gratuit sur internet.
Jimbo : Au final, c’est ce qui nous a permis de rencontrer toutes les équipes avec qui on bosse actuellement et dont on a parlé, de nous structurer, d’amener notre univers visuel. Si on avait fait ce fameux deal, je ne pense pas que cela aurait été possible.
Kalan : Ouais voilà, on aurait pris 5000 balles, mais on aurait pas eu la possibilité de se gérer.
Nadir : Du coup on s’est retrouvés avec un EP dont on ne savait absolument pas quoi faire. Il fallait le sortir, il était prêt. En tout cas, on avait suffisamment travaillé sur nous-mêmes à nous persuader qu’il était prêt qu’on ne pouvait pas se contenter de l’oublier. Finalement, on l’a balancé directement sur Youtube. Un nouveau son toutes les semaines. Ça nous a permis de toucher les gens sans intermédiaire, de construire notre réseau, c’est pas plus mal.
Pas de frustration d’avoir perdu un an ? Pour avoir un temps d’avance c’est un sérieux handicap.
Nadir : Je ne peux pas vraiment te dire que je suis d’accord, ça serait prétentieux de ma part, mais oui, je pense que cette sortie décalée a été un gros handicap dans la promotion de l’EP. On a réussi avec Pannacotta a amener quelques sonorités nouvelles dans le rap français. Si l’album était sorti il y a deux ans, peut être que les réactions auraient été d’autant plus favorables, l’effet de surprise plus important. Et puis au-delà de ça, en travaillant continuellement ensemble, on prend constamment du galon, on essaie de nouvelles choses, on évolue. Pannacotta n’est plus si représentatif des Bavoog Avers aujourd’hui qu’il l’était à l’époque. Il y a plein de petits défauts dans cet EP, des défauts adolescents, et quelques coups d’essai. Aujourd’hui, on a atteint une maturité artistique qui n’était pas forcément présente, pas autant tout du moins, dans Pannaccota. La qualité sonore et musicale que l’on demandait à un morceau pour le considérer fini, aujourd’hui on l’obtient dans nos maquettes. En un an, on a bien level up.
Kalan : Je pense que l’EP d’Eddie va amorcer un tournant dans le rap français, et marquer les esprits. Il a fait un travail de production hallucinant, il a recherché une musicalité de fou, il s’est affranchi de beaucoup de barrières, et je ne pense pas que beaucoup de rappeurs français travaillent avec la même minutie qu’Eddie lorsqu’il construit un solo.
Puisque l’on parle de nouvelle sonorités dans le rap français, accordons nous une petite parenthèse sur PNL. Sur leur musicalité bien sûr, et sur la création de leur image médiatique également.
Nadir : « La création de leur image médiatique » ? Ouh, toi t’es dans le complot, t’es dans l’éminence grise. (ndlr : désigne un conseiller influent tirant les ficelles, prenant les décisions, mais restant dans l’ombre d’une personnalité.) Ouais, je me suis demandé aussi. Ce n’est même pas le son qui me fait pencher pour la théorie d’une éminence grise, c’est l’imagerie qu’il y a derrière, tout l’écrin qu’il y a autour. Parce que franchement, c’est parfait ce qu’ils ont fait. Entre une release party au Palais de Tokyo, leur pochette de hipster mega-cheap, limite t’as l’impression que les mecs ils vont être distribué en exclusivité chez Colette. Alors qu’ils te font un son de gangz’ écouté par des mecs du 7ème arrondissement de Paris.
Jimbo : Ouais mais aussi par les rats, et c’est ça qui est ouf. T’inquiète que les petits de quartier se butent avec PNL. Et c’est pour ça que les petits bobos écoutent. Parce ce qu’ils ont un coté super brut et authentique, mélangé à un écrin fabuleux et une stratégie de communication irréprochable. Ce délire de #QLF, de miser sur la rareté, ne donner aucune interview, peut être que dans le rap c’était un peu inédit, et c’est sans doute ce qui a plu.
Nadir : De toute façon, leur blase est bien trouvé. Ils font de la PNL, (ndrl : programmation neuro-linguistique) ils envoient les signaux parfaits avec la bonne manière de les faire intégrer. Une steadycam pour donner du flottement, un urbanisme ultra présent, tantôt anxiogène, tantôt mythique et lumineux comme pour Gomorra. Une pochette de hipster, une release de bobo…
Mais nous, l’explosion de PNL, on la voit comme quelque chose de bénéfique, c’est très bien fait et c’est très bien produit. Ce qui veut dire qu’aujourd’hui, le mec qui va vouloir venir prendre sa part du gâteau, il va falloir qu’il débarque avec des bonnes prods, un univers visuels, des clips, et des bonnes idées. Nous, on a la prétention d’arriver avec de la musique et un univers déjà bien affirmé. Je pense, j’espère, que le délire PNL va nous profiter, que ça va permettre aux auditeurs de s’habituer à écouter de bonnes prods, des sonorités nouvelles, des lignes de chant, des effets de voix, et de mieux les assimiler.
Sachant ça, c’est quoi le futur de Bavoog Avers du coup ?
Nadir : Le présent est déjà bien rempli. Il y a l’EP d’Eddie qui arrive, accompagné de pas mal de clips. Quant au futur, on se laisse libre de saisir toutes les opportunités. On va continuer de partager la scène avec Odezenne pour encore quelques dates, on va bosser le live.
Jimbo : Et puis, on a quand même déjà pas mal de sons qui sont presque prêts à être envoyés, déjà finalisés. Il ne nous reste plus qu’à décider quand et comment on souhaite le faire.
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