Sopico est de ces artistes discrets, de cette discretion qui laisse présager le calme avant la tempête. Il est de ces artistes qui existent pleinement et sûrement, ne se précipitent pas et laissent leur musique gagner du terrain peu à peu ; d’abord les chineurs, les moins chineurs et puis les autres, petit à petit. Le rap de Sopico se laisse déguster, ses morceaux font partie de ceux dont il faut se délecter doucement, pour sentir la musique puis les mots, laisser leur sens imprégner les nôtres. Saisir l’écriture généreuse, triste et vraie, saisir l’univers, délicat et mélancolique. C’est un autre 18ème, un tendre Montmartre que Sopico nous offre et c’est depuis sa butte qu’il s’interroge sur la vérité, sur ses vérités qui deviennent les nôtres aussi à force d’écouter, avec une oreille intriguée d’abord, pleinement attentive, ensuite. Sopico, au rythme d’instrus trap, whinées ou sensiblement mélodieuses, regarde ses rêves tomber comme autant de flocons malmenés par les vents. « J’ai fait pousser la graine sans faire usage de mes larmes » ; ni le hasard ni la chance, c’est bien le talent qui verra grandir son Arbre de Vie. Et cet Arbre de Vie, l’alléchante ébauche de Yë, son album annoncé pour février 2018, ne laisse pas l’ombre d’un doute : Sopico est un « étrange enfant, pas jeune de l’année », mais bien celui de l’année prochaine.
- 2018 : 10 albums que l’on a trop peu vu dans les bilans - 9 janvier 2019
- 3 avis sur « Lithopédion », le nouvel album de Damso - 18 juin 2018
- Haroun, quelques nouvelles du front - 24 mai 2018