Discret depuis le mois de mai et son clip « Fable« , Django a sorti la nuit dernière, sans aucun effet d’annonce, son premier projet. Après une série de freestyles qui a fait sa renommée, l’heure est donc pour le parisien aux contraintes du format et au difficile exercice de l’EP.
Souhaité comme la plus sombre nuance de gris, ce premier EP se veut dark et torturé. Un univers noir que Django s’acharne à nous imposer aussi bien dans le visuel que dans la tracklist et jusqu’au titre du projet : Anthracite. Exclusivement disponible sur les plateformes de streaming habituelles, le projet se compose de cinq morceaux pour onze petites minutes seulement, sans aucun featuring. Pas vraiment de quoi convaincre sur le possible potentiel du parisien. Pourtant, le rappeur réussit à y affirmer toute sa polyvalence musicale. S’amusant à disséminer références cinématographiques et culture manga, Django s’y veut introspectif, évoquant à plusieurs reprises son alcoolisme et sa schizophrénie.
Malgré la qualité indéniable, difficile à travers ces cinq titres de ne pas sentir à chaque instant sur les épaules de Django, le poids de ses aînés. Comme Davodka avec Hugo, on a longtemps prêté à Django le rôle de sous-Nekfeu. Même voix, même style, mêmes références et souvent même technique, rendant parfois complexe la distinction « à l’aveugle ». Si sur Anthracite, ce n’est pas totalement vrai, à travers les flows, les sonorités et les images utilisées, Django conserve sa casquette de fanboy et ne parvient pas à se définir une identité propre. Nekfeu et Booba comme références évidemment, mais aussi Veerus, Di-Meh, Triplego, et même ce bon vieux Jason Voriz (!!!), tous semblent être entrés dans le casque de Django pour en ressortir, par petites touches, subtilement, durant son processus créatif.
Le talent de Django est indéniable, et les bons sentiments et la passion qui l’animent ne sauraient être remis en cause. Cependant, entre le kiffeur de rap et l’artiste médiatique, toutes les étapes chez Django n’ont pas été franchies. Et comme l’évoquait très justement Deen Burbigo dans #LaSauce, ses influences, aussi bonnes soient-elles, n’ont pas encore été totalement digérées. Django est un passionné projeté sur le devant de la scène sans avoir eu le temps de construire son identité propre. A vouloir ressembler à tout le monde, Django ne parvient pas à être marquant malgré un projet cohérent, et il ne se dégage d’Anthracite que quelques lignes faussement originales et la désagréable sensation de déjà-vu, d’un mal-être trop entendu.
Un premier essai qui devrait être suivit d’un album d’ici la fin de l’année.
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