Déjà cinq années que nous suivons attentivement le rappeur dunkerquois. De ses premières flammes devant la caméra de Mr Ogz, à l’évocation de ses Visions, Veerus n’a cessé de nous intriguer, de nous bluffer. Porteur de réflexions personnelles, universelles et intemporelles, le rappeur nous a conté, le temps d’une journée dans la trilogie Nouvelle Aube / Apex / Minuit, sa peur du temps qui passe. Dans un univers sombre et vide d’espoir, Veerus se projetait alors en permanence dans le futur, exploitant par brides la thématique du destin, que ce soit à l’occasion d’égotrip ou de morceaux plus introspectifs. En 2015, avec Visions, le rappeur nous évoquait sa solitude et ses murmures intérieurs, ses réflexions, ses rêves et ses objectifs. Ecrire sa propre histoire, affronter les doutes et « Faire du biff honnêtement […] Faire ce truc sans trafic et que les chiffres montent comme l’aiguille d’une montre ».
Ce futur tant esquissé, Veerus s’est donné les moyens de le toucher. Progression et discrétion ont été maîtres mots ces deux dernières années, et si la rareté crée l’envie, Veerus semble l’avoir compris. Rester « à l’abri, undercover », ne croiser le fer qu’avec ses frères, Deen Burbigo, Caballero ou Perso. « Les pieds sur terre mais le crâne élevé », Veerus cultive sa singularité et son refus de se mélanger. Pour ce nouveau projet, c’est encore « en famille », que le dunkerquois à souhaité travailler. Intégralement produit, réalisé, mixé, par Ikaz, à qui Veerus doit déjà quelques fulgurances, Mercure est un projet dense de seulement quatre titres. 18 minutes de maîtrise et de style durant lesquelles le rappeur crache le feu, porté par un Ikaz en apesanteur. Toujours à mi-chemin entre le classique et l’actuel, Veerus « Inverse le temps, comme anachronisme, et laisse concurrence à l’agonie ».
Nouvellement signé chez Maison Noire, Mercure semble être, comme son nom l’indique, un EP de transition. Dernière étape, peut être, avant un album attendu. Mettant en pratique ses Visions, continuant sa route, en constante évolution, Veerus nous offre de nouveau un EP technique et terriblement efficace. Avec une écriture riche et instinctive, et une musicalité accrue, magnifié par Ikaz Boi, le MC continue de dépeindre ses rêves de gloire avec finesse et nostalgie. Plus que jamais dans la course, avec Mercure, Veerus n’a jamais été aussi près du soleil.
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