Date de sortie : 24 février 2017
Label : Mello Music Group
Featurings : Toine, Olivier St Louis
Télécharger « The Iceberg »
2016 a été une année des plus productive pour le MC de Washington DC. Avec Alwasta, un projet voulu comme la promulgation de lien social entre les gens, le rappeur ajoutait une cartouche de plus à un répertoire bien chargé, déjà composé à l’époque de 7 albums et 11 mixtapes de qualité. Puis dans l’album The Odd Tape, véritable lettre d’amour adressé à la musique d’Howard Becker mélangé à celle d’Aretha Franklin, le musicien mettait en avant ses talents de producteur à travers 12 titres aux atmosphères planantes entremêlées de nappes synthétiques.
De retour en ce début d’année, Oddisee ne semble pas vouloir ralentir le rythme, et nous livre The Iceberg, son 8ème album studio. Un projet annoncé dès le mois de décembre via le single « Things », un titre puissant et prometteur semblant amener pour le rappeur des sonorités nouvelles et flirtant de façon plus que convaincante avec la dance et le up-tempo. Un mélange des genres annoncé que l’on retrouve disséminé avec habileté dans une bonne partie de ce nouveau projet.
Un album, un mot et un concept. L’Iceberg. Véritable point de départ de cette nouvelle réalisation, Oddisee déclarait récemment à NPR avoir nommé l’album ainsi car tout comme l’iceberg, la majeure partie de ses secrets se trouvait cachée sous la surface. Sous le vernis ? On trouve des aléas de vie, l’incompréhension du monde qui l’entoure ou l’amour des siens. Les rencontres, les réflexions et les prises de conscience, c’est de ça dont Oddisee souhaitait parler. Car si l’ère Trump est propice à la revendication musicale, le MC de DC n’a pas attendu sa prise de pouvoir pour aiguiser ses réflexions. Comme à son habitude, Amir Mohamed n’oublie donc pas d’interroger l’auditeur sur le concept de race, de politique, de religion, et d’amour.
Comme dans « You grow Up », où le MC, sous couvert d’un texte hommage à son meilleur ami d’enfance, s’interroge sur ses premiers contacts avec la culture blanche américaine. A travers ses souvenirs de môme, né d’une mère afro-américaine et d’un père soudanais, le MC évoque les difficultés et l’incompréhension qu’il a parfois pu rencontrer. « I was trying to keep my Nikes clean / He was trying to scuff his Chucks up. » (« J’essayais de garder mon Nikes propre / Il essayait de rayer ses Chucks. »). Ou encore lorsque, marqué par le sort réservé par l’Europe aux migrants, il évoque l’histoire vraie d’un jeune anglais né de parents soudanais, qui n’ayant pourtant manqué de rien, sous la pression, se radicalise jusqu’à devenir bourreau d’ISIS. « You ever have a friend that became a fanatic? » . Cherchant à savoir comment une telle histoire devient possible, dans « Waiting Outside », il s’interroge cette fois sur le tabou de la maladie mentale chez les afro-américains et l’immense solitude des jeunes de cette communauté, qui pour certains, harcelés à l’école dans la rue, au travail, ne trouvent d’aide et d’oreilles attentives que dans les gangs, les milices, ou les cellules terroristes.
Parfaitement réalisé, Oddisee nous livre avec The Iceberg un album de toute beauté. Peut être son meilleur à ce jour. Varié, musical mais toujours engagé, sombre et rayonnant à la fois, The Iceberg à tout d’un album growner, s’appréciant un peu plus à chaque écoute. Nul doute que le projet nous révélera tous ses secrets au fil des prochains mois. Lorsque l’écoute sera devenue routinière, que le vernis sera suffisamment émaillé, lorsque nous aurons vu la part immergée.
Quant à Trump et sa promesse de jour sombre pour les communautés noires et musulmanes américaines, Oddisee ironise : « What is there to fear? / I’m from Black America, this is just another year. » ( « Qu’y a t-il à craindre? / Je suis de l’Amérique noire, c’est juste une autre année. »)
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