Zuukou Mayzie (667) – Disneyland
Disneyland, c’est un nouveau tour du manège 667, avec la musique pimpée de Zuukou Mayzie. Troubadour dans son Pussy Wagon, il s’éloigne du tout-codéiné pour aller voir du coté du dancehall ou de l’électro-pop, en étant toujours cohérent avec ce qui fait la spécificité du crew. Un peu nostalgique, un peu perché, gentiment séducteur et salement inspiré, le projet est original et réussi. Disneyland joue avec les figures de l’enfance, et Zuukou Mayzie avec l’ironie ; « le rap français c’est tinder, (il est) l’jouet dans ton kinder ».

BIFFTY – La réincarnation du Turn-Up 2
Le rappeur le plus punk du game envoie une nouvelle dose, 3 titres balancés en guise d’étrennes depuis le stud’ de Dj Weedim. Et puisqu’avec le Patapouf Gang, la souyerie n’est jamais finie, les 3 morceaux sont clippés, avec Julius en architecte de ce monde que Biffty construit, sur les cadavres de bières ou de ripalleurs de l’extrême. Et avec « Toxicomane », le souyon de Neuilly Plaza s’essaye même à un rap différent, en berne et sans balivernes. De quoi entretenir la Chrysler jusqu’à la prochaine mixtape. Turn up.

ESCOBAR MACSON – #MrPunchline
Plus de trois ans après Red Business, Escobar Macson fait son grand retour avec Mr. Punchline. Le rappeur le plus grinçant de l’hexagone nous envoie une mixtape solide, avec un style sonore qui s’actualise encore un peu plus, sans jamais sombrer dans le racolage, et tout en conservant son art de la tournure de phrase et ses intonations glaçantes. Diablement efficace.

RUN THE JEWELS – III
Les sorties RTJ ont tout d’un running gag, on a beau connaitre la chute, on ne peut réprimer à chaque fois quelques éclats de rire. Pourtant, derrière la bonhommie du duo, c’est toujours un rap de résistants qui nous est distillé. Beats punchy et verve insoumise, RTJ3 ne réussit pas à surpasser son prédécesseur mais fait tout ce qu’on lui demande, relier les troupes, occuper le terrain et maintenir la pression.

MIGOS – Culture
Ca y est ! Il est là ! Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’aura des Migos semble vivre une deuxième jeunesse en ce début 2017. Détaché de Zaytoven, leur producteur fétiche et attitré, le trio s’ouvre à d’autres sonorités, d’autres façons de travailler. Porté par les singles « Bad and Boujee« , « T-shirt » et « Call Casting«, Culture se révèle être dans son intégralité construit comme une usine à hits.

JEFE (SHY GLIZZY)  – The World Is Yours
Shy Glizzy aspire la lumière d’une manière assez étrange. Son nom circule de projets en projets, une bonne partie des auditeurs est capable de reconnaître son grain de voix, mais il reste pourtant dans l’ombre, faute d’un projet marquant à grande échelle peut être. The world is yours, son premier EP officiel, pourrait peut être le propulser un peu plus loin, tant il incarne le meilleur de ce que le jeune rappeur de Washington peut faire. 2017 peut être l’année de son éclosion aux yeux du grand public.

CHIEF KEEF – Two Zero One Seven
Après avoir tout défoncé au niveau national, Chief Keef est retombé à un niveau de notoriété inférieur. Ce qui ne l’empêche pas de produire de nombreuses mixtapes sans jamais se brider dans sa liberté artistique. Le 1er janvier 2017, il revenait avec un énième projet sur lequel il partageait la production avec une autre ex-vedette express, Lex Luger. En résulte un disque assez barré, parfois difficile d’accès de part ses penchants bruitistes, mais bourré de micro-idées assez passionnantes. De quoi rappeler au bon souvenir d’un film laboratoire tel que L’année dernière à Marienbad, qui aura inspiré bon nombre de pairs via ses effets, et ce malgré sa difficulté d’appréhension.

TAKE A MIC  – Bipolaire
Sweat jaune, bouc sombre et cheveux bleus, en ce début d’année, Take a Mic nous offre un nouvel EP remarqué. Après avoir accumulé les projets en un peu plus de 6 ans, le jeune Orlysien passe un premier palier en proposant le premier EP payant de sa jeune carrière. Le verbe calme et le flow rigoureux, le rappeur nous entraine dans son univers Bipolaire entre rap ténébreux et rythme follement dansant. Take a Mic continue d’évoluer mais son style est désormais façonné. La maturité.

VENOMOUS 2000 & TRILIAN – Sound of the Great One
Si votre fantasme musical se résumait à un album commun entre Preemo et Rakim, Sound Of The Great Ones est un palliatif qui comblera votre frustration quelque temps (ou peut-être vous ramenez à la raison). Basique mais efficace, cet album commun donne envie d’aller brûler de la cagette de bois sur un terrain vague façon 90’s avec son coupe vent Helly Hansen et son baggy Karl Kani. Sans être une masterpiece, ce Sound Of The Great Ones ravira sans problème les addicts de boom-bap, pour les autres, c’est compliqué…

JUNE MEGA & ROLL BLUNT  – The Landshark Invasion EP
C’est en indépendant et sous forme d’un EP de 7 titres que l’on retrouve June Megalodon, reconnaissable à son style de slow flow mélangeant respiration d’asthmatique et timbre de voix attaqué aux blunts et à la junk food. Avec The Landshark Invasion, le MC transpose le plus grand prédateur des océans aux rues de Détroit dans des attaques lyricales digne du classic Les Dents de la Mer. Baignant dans une ambiance musicale musclée et efficace produite entièrement par Roll Blunt, le carnage est constant et s’amplifie quand d’autres requins sanguinaires viennent l’épauler (Salute Da Kidd, Bronze Nazareth, Illah Dayz). Là où on aurait pu atteindre le degré zéro digne d’un Peur Bleue, The Landshark Invasion a toutes les qualités pour teindre votre océan musical de rouge sang.

LES CLIPS DU MOIS