Savage Mode, petites comptines pour ultra-violents

Savage Mode reste l’un des projets les plus audacieux de l’été. On connaissait déjà quelque peu 21 Savage via ses mixtapes, et notamment par le biais de Slaughter King sur laquelle il commençait doucement à imposer un style, sans toutefois affirmer pleinement son identité.

Savage Mode, c’est finalement le projet qui devrait marquer un tournant dans sa carrière, celui sur lequel il finit par pleinement affirmer son identité. Une identité qui passe par un minimalisme total : flow déconstruit, marmonnements, bruits de gorge et voix qui se brise à chaque instant. Un style vocal qui vient renforcer des lyrics ultra-violents, leur donnant une dimension encore plus poisseuse ; surtout quand il vient se coopter aux productions hautement mélodiques, faussement mélancoliques de Metro Boomin, qui cachent en leur for intérieur quelque chose de profondément inquiétant. D’apparence, Savage Mode a par instant un aspect enfantin où l’on se rapproche de la comptine, mais ces petites mélodies, ces ébauches de delivery ultra découpées, renferment en réalité un disque très rude.

21 Savage commence peu à peu à creuser son trou ; il n’a pas encore l’aspect d’une vedette, et il ne l’aura probablement jamais, mais nul doute qu’il devrait être capable de satisfaire un public de niche amateur d’expérimentations et de brutalités. Un état de fait que le français Brodinski a bien compris en connectant avec lui sur No Target, une collaboration qui ne devrait pas être la dernière.