Date de sortie : avril 2016
Label : Cuttlefish Music Empire
Production : n†is & type beats
Ecouter « Mixtape (Deluxe Edition) »
Comment présenter l’homme que l’on appelle Sauveur ? Et surtout, par où commencer ? C’est l’histoire d’une âme torturée. Par la vie, par le quotidien, par les sentiments et surtout par sa fibre artistique, résonnante à des kilomètres à la ronde. Un homme qui à lui seul a su fonder une sainte et solide trinité, composée de ses alter ego Bob Snob le beatmaker et Isaiah Ory, la plume acerbe. Quand je l’ai rencontré, le jeune rappeur traînait ses guêtres dans d’obscurs et prolifiques milieux littéraires phoenixiens, n’ayant de cesse de mourir pour mieux ressusciter chaque jour. Les faits d’armes de Sauveur pourraient être explorés par tous les bouts pendant de longs paragraphes, mais c’est aujourd’hui sur sa Mixtape rééditée et remixée il y a deux mois de ça, que nous centrerons la présentation.
Écrite et produite par la jeune famille Cuttlefish Music Empire (collectif international fraîchement fondé par Sauveur et ses comparses, dont nous reparlerons très bientôt), il n’existerait pas de meilleure manière de présenter son univers, comme un CV fignolé au poil de fion, avec supplément lettre de motivation, et doctorat ès rap musique. Entrer dans la Mixtape, de Sauveur, c’est pénétrer dans ses cerveaux par une opération chirurgicale très indélicate. La dentelle d’un masque aspergée de morceaux de chair et de gouttelettes de sang. L’alliance cosmique de rappeurs venus d’un tas d’horizons macabres, tenant la ligne directrice d’une déchéance humaine maîtrisée et voulue.
Thèmes aériens d’une jeunesse ayant renoncé à l’espoir, mais pas à la vie, subie contre vents et marécages. C’est gras, suintant, parfois gluant et malodorant, mais on en redemande. Trifouillant des type beats atmosphériques, l’ambiance musicale reste un mystère. Dansant la valse avec la trap et la musique électronique, il est écrit qu’en entrant, l’auditeur abandonnera tout espoir quant à un rap plat, lisse et tout en légèreté. Deux morceaux seront composés par le mystérieux n†is, sur lequel rien de plus ne sera dévoilé ici. Chaque chose en son temps… Les différents niveaux de lecture et d’écoute intellectuelles, permettront sans doute pour les plus aguerris de saisir une partie de l’univers que nous contemplerons ici. Une manière tragique de rire d’un désespoir ancré jusque sous une peau griffée de cicatrices encore saignantes. Le cynisme comme arme face à une désolation miséreuse.
S’il est question ici d’un artiste rap original sortant des sentiers battus, c’est que la suite se prépare en sous marin. Sauveur est l’homme que l’on n’attend jamais, mais qui débarque toujours comme une grande tarte dans la mouille. Une poignée d’entre vous a déjà pu voir un aperçu de son travail sur des remix, montages et autres visuels pour Rochdi. C’est ainsi que d’ici quelques jours, un recueil de nouvelles intitulé Âmes Scarifiées, écrites par ce bon vieux Isaiah Ory, sera distribué sur les internets. Egalement mis en musique par Dj Monark de chez Rap and Revenge, label de ce bon vieux VII.
En effet, ce touche à tout non moins dénué de talents variablement variés, manie sa plume de manière assassine aussi bien sur papier que sur des prods. Quelques textes diffusés ça et là ; les connaisseurs gourmets de fines plumes pourront retrouver la nouvelle Calvaire d’une Merde, diffusée par SKI – Contenu Explicit. Faisant tout aussi bien danser les images que les mots, Isaiah livrera également un film expérimental sous le doux nom de Nacro Saint. Prouvant au monde que sa peau est sur la table, et que comme le nouveau né, il se présente nu face à nous, face au monde et face à son créateur. En bref, le juif magnifique n’a pas fini de frapper.
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