Plus rien à foutre de Grems

Le néo-bruxellois n’aura jamais été aussi prolifique que depuis qu’il a « arrêté le rap » en 2013, à la sortie de Vampire. Une retraite symbolique qui tient plus en réalité d’une prise de distance avec le rap et son inertie. Un recul aussi sur la machine médiatique et les contraintes de l’industrie du disque. Le but ? Ne plus sortir d’albums, ou très peu, ne plus jouer le jeu de l’image à outrance, mais proposer des projets comme Hustla ou des EP’s concept, sans calcul, sans médias, sans prévenir. Voilà comment Miki Grems envisage sa musique en 2016.

Une sérénité retrouvée – à en croire ce post Facebook – des plus bénéfiques puisque seulement quelques mois après son double EP Green/Freen Pisse, le kickeur nous dévoile sans promo véritable un EP 6 titre magnifiquement décalé intitulé P.R.A.F. Six titres rappés sur des production de Robin « The Imposture », qu’il qualifie lui même de Gogol Trapzik. Déjanté et gentiment moqueur, P.R.A.F est une crotte de nez lancée au rap de gwer, son public et ses réseaux médiatiques. Impressionnant de maîtrise une fois de plus, le rappeur se fait une joie d’y taquiner la nouvelle scène sur son propre terrain. Ça kicke, « c’est musical, c’est de la trap house ».

Confirmant son gout pour les formats courts, Grems nous délivre avec P.R.A.F un projet instinctif et singulier. Aéré, exercice de style oblige, le flow de Grems se fait plus confortable tout en conservant une énergie et une écriture efficace. Rejet de l’image, de l’illusion médiatique et de la mode, Grems continue sa musique en pirate solitaire. Le MC réussit même avec « La Gwerre » a nous offrir les 1 minutes 24 les plus conscientes de 2016. L’anagramme, quant à lui, ne trouvera solution qu’au dernier titre. On s’en doutait. « Qu’est ce que tu veux prouver à Bibi ? »