Date de sortie : 27 mai 2016
Label : Capitol Music / AZ / Streetlourd
Production : Therapy
Télécharger « Or Game »
Vendredi 27 mai, 1h. Dans la nuit sombre et humide, les carreaux suintent. A l’intérieur de l’appartement, la lueur faiblarde d’un écran d’ordinateur, fenêtre ouverte sur le Facebook de Niro. Une toile de pâte noire épaisse grossièrement étalée rappelant l’univers du vaisseau perdu dans le meilleur film de Ridley Scott ou bien une sorte de goudron bien gras reflétant une lumière blanche, et deux mots inscrits en lettres dorées : Or Game. #AvousDeJouer… Laissant ainsi la diffusion du projet aux soins de ceux qui penseraient qu’il en vaille le coup. Grand bien lui en fit, car l’album existant seulement en digital, se retrouve propulsé en seconde place du top album général iTunes.
A peine huit mois après Si je me souviens, album qui avait fait l’unanimité pour son public (moins depuis la sortie de ce nouveau projet…), Niro revient avec l’indéfini Or Game. C’est avec la nonchalance qu’on lui connait qu’il annonce par un tweet : « Appelez ça comme vous voulez jmen bas les couilles ». Le ton était donné et la promo ne sera pas. En effet, pour certains, l’album est annoncé comme une surprise. Fait à demi contestable, car si Niro boude allègrement les médias depuis toujours, suivre son actu suffisait à comprendre que quelque chose de conséquent se tramait.
Or Game s’ouvre sur une piqûre de rappel. Niro introduit son personnage sur une intro efficace, n’ayant de cesse de rappeler qui il est, d’où il vient et les objectifs fixés. Comme une leçon d’histoire pour auditeur non averti. Les autres retrouveront le barbu où ils l’avaient laissé à la fin de Si je me souviens. L’autotune sera laissée sur le banc de touche pour ce nouvel opus, ce qui fera taire les baveurs et leurs langues gluantes. C’est sur des productions toujours aussi travaillées que la barque est menée, de la trap bien grasse, agressive et percutante.
Si Niro parle beaucoup de lui, il n’oublie pas représenter, son quartier, ses gars et même sa génération, comme sur l’excellent « 87 ». L’univers est parfaitement construit et ça n’en sort à aucun moment. C’est certainement pour ça qu’une certaine authenticité transpire de son rap, ça ne s’étale pas, rien de dépasse. C’est toujours mené comme un noble combat, inspiré par un malaise social évident. L’ennemi n’étant pas défini clairement permettra une identification assez large à l’auditeur, ce qui expliquera que Niro s’exporte au delà des frontières des quartiers qu’il représente et pour toucher tout un chacun s’intéressant un tant soit peu à ses morceaux. Ça rappe pour de vrai, pour de bon. Et ça ne cherche pas à s’intégrer, restant au dessus du lot avec une sacrée longueur d’avance. Le mec est trop chaud, il va loin, incite au voyage, à la débrouille et à bouger la tête.
J’avais clos l’article sur son dernier skeud par « L’album d’un artiste qui tient ses promesses, la tête haute et les couilles en place. » j’y ajouterais aujourd’hui qu’une cohérence de taille est présente dans la continuité des albums qui marchent tous sur la même corde raide. Et là ou certains auraient chu depuis longtemps, s’étant laisser aller à des digressions trop graves pour que l’on continue à capter leurs ganaches aux rayons « RAP », Niro sait se renouveler en restant fidèle à ses principes, ses thèmes et son talent.
Il se chuchote dans les milieux autorisés (surtout sur Snapchat en fait) que le prochain projet est déjà prêt. L’équipe commencera sûrement à teaser sur les réseaux lorsque Niro aura réussi à mettre la main sur ce putain de chat…
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